Ma vie est tout à fait fantastique et l’autre jour, à une soirée où j’étais avec une partie de l’équipe de madmoiZelle, j’ai croisé Pef (ou Pierre-François Martin-Laval, comme tu préfères). Pef, j’aime ce qu’il fait depuis que j’ai dix ans et que je regardais des sketchs des Robins des bois sur Comédie !, ma chaîne préférée à l’époque.
J’ai croisé Pef et j’ai pas osé aller lui dire toute l’admiration que j’avais pour lui, jusqu’à ce que Fab me pousse un peu… et que, mon équilibre précaire aidant, je manque de peu la chute sur ses chaussures. J’ai alors bafouillé un petit « ouiii alors je voulais vous dire merci, parce que je vous suis depuis que je suis petite et si j’ai de l’humour c’est aussi un peu grâce à vous » en tirant sur les manches de ma veste, les joues écarlates comme des fesses rougies par une culotte trop serrée.
Bon, je sais pas si c’est vraiment valorisant de s’entendre dire « j’aimais déjà ce que vous faisiez quand j’étais petite », parce que ça rappelle son propre âge et tout, mais j’étais contente de l’avoir dit. Mais surtout, ce qui m’a un peu claqué dans la tête après coup, c’est ce que j’ai dit après : « bon, en même temps, je sais pas si avoir de l’humour c’est un bénéfice, socialement parlant ».
Dès que l’émotion est un peu retombée dans mon petit coeur palpitant beaucoup trop pour continuer à fonctionner (il pompait tellement qu’on a envisagé de m’amputer quelques membres avant que je redevienne calme), j’ai réfléchi à ce que je venais de dire : bien sûr que si, avoir de l’humour comporte son lot de bénéfices. Ça ne comporte même QUE ça.
Je dis pas non plus que c’est indispensable pour être heureux, attention, je dis juste qu’en avoir n’est en rien un problème.
Ce qui est bien, c’est que ça n’a que des bénéfices même pour quelqu’un qui, comme moi, ne pratique pas un humour fin mais se contente de faire des jeux de mots nuls et d’être bon public. C’est le privilège le plus universel de la Terre. Voici mon top 3 des meilleures raisons de faire des bisous à son sens du lol.
Les gens chiants deviennent rigolos
Les gens chiants se répartissent en multiples catégories, que je ne pourrais pas toutes énumérer pour d’évidentes raisons de manque de temps. On est tous le chiant d’autres personnes, pour différentes raisons. Concentrons-nous, du coup, sur une seule catégorie : ceux qui n’ont pas les mêmes opinions que toi et tiennent à te le faire savoir.
Ils sont nombreux et ont réussi à devenir beaucoup trop visibles grâce aux réseaux sociaux. Je veux dire, avant, les gens qui ne votaient pas pour toi, tu pouvais vaguement entendre leurs discussions dans la queue chez Carrefour mais tu n’avais qu’à changer de caisse ou mettre tes écouteurs et ton calvaire était fini.
Maintenant, les choses ont changé : non seulement ces gens peuvent faire part de leur opinion sur Twitter de manière publique, mais ils sont également nombreux à venir TE répondre ou répondre aux gens que tu suis en étalant leur rage.
Qu’on soit bien d’accord : débattre politique avec quelqu’un qui n’a pas les mêmes opinions que toi, ça va. S’entendre répondre des conneries à base de « Vous les femmes, vous visez trop haut
», c’est moins cool. Ces trolls du quotidien seraient capable de pourrir nos journées… et ils le font, bien souvent, d’une certaine manière, quand on n’est pas d’humeur à rire.
Tu peux bien sûr choisir de leur répondre en les trollant en retour, mais tu peux aussi faire semblant de n’avoir rien vu, et les imaginer en train de brasser du vent frénétiquement, leurs bras déployés comme des ailes d’oiseau dans un mouvement aussi gracieux que je m’appelle Jean-Pierre. Ils en deviennent grotesques et leurs propos semblent avoir été prononcés avec la voix d’une marionnette. Tout passe mieux. L’humour, c’est le lubrifiant du lourd.
Quand je suis d’humeur à imaginer les relous patauger dans leurs étrons, je les visualise avec la tête d’Eureka dans La Petite Sirène :
Et ça va vachement mieux.
L’humour valorise les autres
Je sais : on doit avant tout faire les choses pour soi. Mais si on les fait pour soi et qu’en parallèle, on peut rendre quelqu’un content, c’est le pompon sur la cerise du gâteau du bonheur.
Avoir de l’humour, c’est pas seulement réussir à faire rire les gens, c’est aussi savoir rire aux blagues des autres. L’avantage d’être bon public, c’est qu’on se fait vite des copains : les gens font une blague nulle et personne ne rit. Personne, sauf toi. Par compassion, peut-être, mais peut-être aussi avec sincérité — surtout si tu es comme moi partisane du « plus une vanne est nulle plus je la trouve attachante et drôle ».
Avant, pour me faire des amis, j’offrais des Smarties. Maintenant, je ris à leurs blagues. Ça me revient moins cher.
L’humour ou le sauvetage d’une journée en trois secondes et demie
On a probablement toutes connues des journées particulièrement merdiques.
Des journées qui commencent par un petit doigt de pied qui rencontre le coin d’une table, un café brûlant qu’on renverse sur la couette, la serviette qui tombe dans le bain, réaliser que toutes les chaussettes qu’on essaie ont au moins un trou, après on manque se faire renverser par un bus et puis les gens klaxonnent partout et un couillon nous met la main au boule et le métro est bloqué entre deux stations après quoi tu marches dans une flaque d’urine et tes nouvelles pompes sentent la miction en plus de faire chpouikchpouik quand tu marches, t’arrives au travail y a pas Internet et puis tu réalises que t’as oublié ton repas chez toi alors que t’as PLUS UNE THUNE après quoi ta moitié t’appelle et vous vous engueulez au téléphone et tu rentres chez toi et tu comprends que t’as laissé tes clés sur ton bur…
Une bonne journée de merde, quoi.
Et la clé, c’est quoi ? Bah la clé c’est de se dire, à un moment, alors qu’on a des larmes plein la gorge, une boule dans chaque oeil, et un nuage noir dans le coeur, que…
« Eh ! Mais ça fera un super tweet, ça ! »
Et en s’efforçant de rendre drôle ce qui ne l’est pas, on se sauve carrément la journée. Dédramatisation, tu seras toujours dans mon coeur.
Pour ces quelques raisons, et tellement plus encore, j’ai envie d’appeler mon papa pour le remercier de m’avoir fait découvrir ses moments d’humour préférées et m’avoir appris à rire. Pourtant, je sais bien que je ne suis en rien privilégiée : à notre façon, on a tou-te-s de l’humour et c’est ça aussi qui est vachement cool, parce que tout le monde mérite son petit havre de pet d’aisselles dans une existence faite de joie et de reloutise.
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Les Commentaires
Je suis la reine pour une chose: en général une blague archi-nulle me vient à l'esprit (le truc vraiment super pourri), donc j'éclate de rire (discrètement cela va de soi et les tympans des amis ne me remercient pas en général) et pendant que tout le monde me demande ce qui me fait rire... Plus j'essaie de répondre plus je me marre... Une fois calmée, ce qui peut être long, je sors ma blague et je reçois des regards sidérés : Quoi c'était que ça ???
Même si c'est nul, ça a l'avantage d'être contagieux parce que les gens se marre de me voir complétement violette suite au manque d'oxygène accompagné de quintes de toux... E3t donc rigolent et pour ceux qui me connaissent bien rient parce qu'ils attendent le jeu de mot pourri...
Vu que je suis mon public, mon homme a trouvé la parade infaillible pour me sortir de mes humeurs boudeuses ou moroses : il me fait rire et ça marche.
Donc oui, il faut rire quelque soit son sens de l'humour ça fait toujours du bien (aux abdos et au moral)