Georges Duroy est dans la force de l’âge, il est beau, fort et fringant mais sans le sou. Et sans argent, à Paris, au crépuscule du XIXè siècle, on ne fait rien. Par hasard, il rencontre un soir l’un de ses camarades de bataillon, avec qui il a servi dans l’armée coloniale en Algérie. Ce dernier, après lui avoir exposé sa situation – il est journaliste à La Vie Française, un papier très influent en matière politique – l’invite à dîner. À la suite de cette rencontre, ébloui par le jeu de pouvoir dont il a été témoin, Duroy décide de devenir journaliste. Pour l’argent et la gloire, pourrait-on dire, sans talent particulier, ni d’enquête, ni d’analyse, ni d’écriture. À défaut de cela, il s’applique à faire tout ce qu’il sait faire : éblouir, flatter, séduire. Les compliments, les regards, les attentions ne s’adressent pas aux puissants mais à leurs femmes, les influentes de l’ombre ; tant qu’elles le tiennent en haute estime, Bel-Ami, ainsi qu’elles le surnomment, est sûr d’être incontournable en société et donc dans tous les cercles de pouvoir.
Bel-Ami, c’est l’histoire d’une ascension sociale fulgurante, résultat d’une ambition dévorante et d’un charme vénéneux. C’est l’exposé d’un jeu pervers à l’équilibre instable et aux règles incertaines. C’est le récit d’un beau-parleur qui séduit les femmes pour plaire à leurs hommes. C’est le reflet d’une société où tous les milieux sont mêlés, où tous les puissants sont liés, où les pactes se font et se défont.
Et où l’on cause dans les salons de ce que devra être l’opinion. Les amitiés y sont éphémères, mondaines et peu sincères. Du moins, tel est le Bel-Ami de Maupassant. Fort et faible, sadique et séducteur. Tout en nuances et subtilités.
L’inverse du personnage grossièrement interprété par Robert Pattinson et ses cheveux gras dans l’adaptation de Declan Donnellan et Nick Ormerod. Il multiplie les moues pincées et s’il réussit tant bien que mal à montrer l’ambition insatiable de Georges Duroy, il est très loin d’incarner l’habile savoir-faire de Bel-Ami en matière de charme cajoleur. Il n’est pas aidé par une réalisation hachée, parfois difficile à suivre, et une B.O. – plaisante au demeurant – qui stagne, échouant à suivre l’évolution du personnage, pourtant au centre du récit. Le film est construit sur l’opposition entre Duroy et Bel-Ami, opposition qui n’a pas lieu d’être puisque les deux facettes de l’homme se côtoient constamment : elles ne se confrontent pas mais se complètent.
Cette adaptation a le mérite de bien dessiner le contexte de ce début de IIIème République avec l’absence de barrière entre le journalisme et le politique et l’instabilité gouvernementale. Cependant, en parallèle, les rouages de l’influence de salon sont privés de leurs actrices principales : les femmes. Leurs personnages sont caricaturaux, sans substance et l’on voit mal les interactions mondaines dont elles sont à la source et qui sont à l’origine de la montée flamboyante de Bel-Ami. Uma Thurman, Christina Ricci et Kristin Scott Thomas ont beau faire de leur mieux, leurs personnages ont été rendus fades et lisses par un scénario qui n’a pas su rendre compte de la nature de l’œuvre originale.
Au final, une seule scène, la dernière, est réussie. Le cadrage, la musique, la lumière, les expressions donnent une fin correcte à un travail décevant.
Vous aimez nos articles ? Vous adorerez nos newsletters ! Abonnez-vous gratuitement sur cette page.
Les Commentaires
Mais. La déception. La vraie. Ce film est sans intérêt. Résumons : Euh. Pattinson n'est pas du tout sexy, a les cheveux gras et se tapent des femmes plus vieilles. Point.
L'ascension sociale de Duroy apparaît vite fait tac tac en toile de fond, et encore si on a pas lu le livre on est pas bien sûr de tout, car apparaissent de temps en temps des flashbacks mal placés.
Les scènes de séduction font plus peur que fantasmer. Les scènes de sexes sont inconstantes (je pense à l'une très bien filmée, avec Mme de Marelle, et à celle atroce avec Mme ex-Forestier ) comme si d'une scène à l'autre on avait filé la caméra à un stagiaire. Pareil pour le scénario, mou et inconstant, les dialogues sont des perles de nullité.
Mauvaise adaptation, anachronismes vestimentaires, bons acteurs rendus nuls dans un film sans rythme. Je me suis très vite ennuyée, et je regardais ma montre au bout de 50 minutes.
Puis des acteurs à l'accent tantôt très américain, tantôt très british dans un Paris 1800 en carton, moi j'ai pas réussi à y croire. Pour voir du Maupassant, autant regarder les productions France2...
Bref, ne perdez pas votre temps avec ce film. Allez plutôt voir Moonrise Kingdom ou la Part des anges.
Et j'ai même un dernier argument béton pour vous convaincre : j'étais dans une salle entourée de groupies de Pattinson de 14 ans qui n'ont fait que glousser et commenter chacune de ses apparitions. Ca calme hein ?