Aujourd’hui, et depuis 15 ans, j’ai un bec-de-lièvre. Pour celles qui ne connaîtraient cette malformation génétique, elle se manifeste par l’absence de peau entre la lèvre supérieure et le nez à la naissance.
Ainsi, jusqu’à mes deux mois, on pouvait admirer ma gencive sans que j’ouvre la bouche. Puis j’ai été opérée, ce qui fait que j’ai maintenant une mince cicatrice rouge et que ma lèvre supérieure a tendance à remonter un peu, laissant ma bouche légèrement entrouverte.
« Bouche-cassée » et autres gentillesses
En soi, ce n’est vraiment pas handicapant. Moi-même j’oublie sa présence régulièrement. Quand les autres ne viennent pas gentiment me le rappeler. Cela m’a d’ailleurs valu le doux surnom de « Bouche-cassée ». Je passe les très gentils « regarde-la, elle a un problème à la lèvre, à force de trop sucer ». Les gens sont mignons, n’est-il pas ?
Dans un monde gouverné par l’apparence, la moindre caractéristique qui vous sépare des autres est un sujet de moqueri
e. Même les adultes s’y mettent parfois. Je tiens notamment à remercier mes deux chères institutrices de CM1 et CM2 qui m’ont bien fait comprendre qu’elles ne m’aimaient pas parce que j’étais « différente », alors que j’étais une très bonne élève. Aussi, j’ai récemment lu dans un magazine féminin quelconque une fille qui disait : « je suis petite mais je relativise, j’aurais pu avoir un bec-de-lièvre ».
C’est un bec-de-lièvre, pas un accident !
Néanmoins quand on a accepté cette cicatrice et les complications orthodontiques que ça amène (j’ai à mon actif plus de 5 ans d’appareil et une opération reconstructive très lourde, ce qui fait que j’ai maintenant des plaques de métal dans le bas du visage), on ne se considère pas comme un rebut de la nature.
On intrigue les gens d’une manière assez spectaculaire : combien de fois ai-je dû répondre à la question « Euh… C’est un accident ta lèvre ? Il s’est passé quoi ? » ! Ça peut aussi donner des scènes plutôt marrantes, par exemple, quand j’avais dû expliquer ma situation à une Allemande sans aucun vocabulaire !
Je suis plus qu’une cicatrice
N’empêche, j’aurai toujours un avantage sur les autres : ça m’a appris à connaître ma droite de ma gauche (la cicatrice est toujours à gauche pour les filles et à droite pour les garçons) ! Mais ces moqueries incessantes me blessent toujours, même si elles m’ont appris à m’endurcir.
Une chose est sûre, c’est clairement une des raisons pour lesquels je trouve que les gens qui jugent sur le physique sont absolument ignobles.
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