Après les enquêtes de Libération sur les abus sexuels à l’UNEF et l’hallucinante misogynie au lycée militaire Saint-Cyr, c’est à présent un autre milieu étudiant qui fait l’objet d’un focus journalistique, paru dans Le Monde cette fois-ci.
Le sexisme aux Beaux-Arts de Paris
À l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, le Collectif de lutte contre le harcèlement sexuel dans l’enseignement supérieur (Clasches) vient de faire une réunion.
C’est un premier aboutissement pour plusieurs élèves ayant voulu briser l’omerta autour du sexisme dans l’établissement
.
Ils et elles ont lancé une pétition ayant rapidement réuni plusieurs centaines de signatures.
Le Monde cite :
« Des mains sur la cuisse, des insultes sexistes, des élèves contraints d’éviter des professeurs, des humiliations, des remarques sur l’apparence, des présupposés sexistes sur la qualité du travail, etc. »
Le journal fait également intervenir Joan Ayrton, artiste britannique et directrice du département des études, qui se penche avec deux collaboratrices sur le sujet du harcèlement sexuel.
Elle explique, sans fard :
« Si j’avais été étudiante, j’aurais signé cette pétition […] Elle est emmerdante mais elle fait avancer les choses, peut-être que sans elle on aurait été moins prompt à agir. »
Pour en savoir plus, je vous renvoie vers l’article du Monde (avec abonnement ou pour 1€).
Si le sujet vous concerne et que vous voulez témoigner, vous pouvez suivre les indications ci-dessous.
Tu as été victime ou témoin de harcèlement sexiste ou sexuel dans une école d’arts et tu souhaites en parler ? Tu peux nous envoyer un mail à jaifaitca [at] madmoizelle.com avec en objet : « Harcèlement en école d’arts ».
Précise-nous si tu souhaites rester anonyme.
Les Commentaires
Le prof qui te pose la main sur ta cuisse ? Check.
Celui qui te dit que "franchement, tu pourrais prendre plus soin de toi et mettre des jupes un peu" ? Check. (ben ouais t'as raison je pateauge dans la colle, l'encre et la peinture toute la journée, la jupe ça me paraît être la tenue idéale :rolleyes
Celui qui passe dix minutes à t'insulter et à démolir ton taf sans formuler la moindre critique professionnelle/constructive ? Check.
Celui qui fait des paris sur combien d'élèves il va faire pleurer aux crédits ? Check.
Celui qui te parle d'UNE SEULE femme dans son cours pendant l'année, le fait uniquement parce qu'il veut nous parler de son mari (malgré qu'elle soit plus connue que lui à l'heure actuelle) et commence son sujet en disant : "Perso j'aime pas ce qu'elle fait, je trouve pas ça intéressant" ? Check aussi.
J'avais remarqué (après c'était mon école hein, mais des retours que j'avais eu de certains autres établissements c'était à peu près la même chose ailleurs aussi), les profs se permettaient (et on tolérait) ce genre de trucs sous couvert de proximité avec les élèves. Ils faisaient ça en mode "Je suis tellement sympa, mes élèves me tutoient, je les charrie, je peux leur balancer des trucs hyper cruels sous couvert d'humour parce que je suis un artiste et que tout le monde sait que les artistes c'est toujours un peu hors-norme lolilol", et ces mecs étaient protégés parce qu'on considérait qu'ils étaient comme ça et que ça faisait partie de leur tempérament (en plus du préjugé "C'est un artiste donc il est excentrique et c'est normal qu'il agisse de manière totalement pas professionnelle avec ses élèves" .
De plus, les élèves avaient pas vraiment de recours. Je sais pas si c'est comme ça partout (ou du moins si c'est encore le cas) mais là où j'étais on avait personne à qui on pouvait parler de ce genre de problèmes, à moins de le faire avec d'autres profs ou la direction directement (et c'est chaud quand t'es harcelé/e par un prof qui est là depuis longtemps -voir qui a jamais quitté l'école parce qu'il y était en tant qu'élève- et qui jouit d'une certaine notoriété) .
C'est génial que ça ait (enfin) été mis en lumière en tout cas.