Live now
Live now
Masquer
femme-noire-femme-blanche
Société

Et si on rendait le vocabulaire de la beauté plus inclusif ?

Un article du blog Temptalia a mis le doigt sur la question de l’inclusivité dans les mots communément utilisés en beauté.

Le 9 juin 2020

Si vous êtes un tout petit peu familière avec le milieu, vous ne devez pas être sans savoir que l’inclusivité dans le monde de la beauté, c’est pas encore tout à fait ça.

Depuis quelques années, des marques comme Fenty Beauty ont donné un bon coup de pied au cul de celles qui s’adressaient exclusivement aux personnes blanches, et nous pensons pouvoir avancer sans trop nous tromper que maquiller une peau noire aujourd’hui est bien moins difficile qu’il y a 5 ans. Heureusement !

L’inclusivité, toujours un problème dans le monde de la beauté

Néanmoins, comme pour toutes les luttes, tout n’est pas encore gagné. Un article du blog Temptalia a très justement mis le doigt sur les problèmes d’inclusivité dans le monde de la beauté.

Il s’intitule How The Language Of Beauty Needs To Change (Le langage de la beauté doit changer), et nous l’avons trouvé particulièrement pertinent au vu du contexte actuel aux États-Unis.

L’autrice y critique différents éléments de la sémantique liée à la beauté qui, même s’ils sont souvent utilisés de façon tout à fait innocente, reflètent un manque évident d’inclusivité vis-à-vis des personnes non-blanches.

Le terme « nude » souvent utilisé par abus de langage

Christine, la fondatrice de Temptalia, s’intéresse pour commencer au terme « nude » qui, bien souvent, est utilisé pour décrire une couleur beige.

Vous vous en doutez, cet abus de langage est lié au fait que le beige est effectivement une couleur « nude », c’est-à-dire proche de la carnation naturelle… mais seulement pour les personnes blanches ! Or, il est extrêmement rare que le terme « nude » désigne un vernis ou un rouge à lèvres marron, qui correspond pourtant à la couleur la plus proche de la carnation d’un grand nombre de personnes.

Un blush nude est souvent un blush clair à sous-ton beige rosé, un fard à paupière nude est pâle et beige, un rouge à lèvres nude est clair lui aussi, et souvent légèrement rosé, comme les lèvres des personnes blanches. C’est d’ailleurs pour désigner ce genre de couleurs que beaucoup de rédactrices beauté, moi y compris, utilisent ce terme, par habitude.

« Le “nude” est un concept, pas une couleur. »

Les mots de Christine sont justes et pointent du doigt un certain manque de considération pour toutes les personnes dont la carnation ne se rapproche pas de près ou de loin du beige.

D’ailleurs, le français possède lui aussi un terme générique qui s’apparente au « nude » : la couleur « chair ». Chair oui, mais chair de qui ? L’article suggère donc de toujours prendre soin de préciser la carnation quand on parle de nude :

« C’est un rouge à lèvres nude pour ma carnation pâle/foncée. »

« Il s’agit d’une teinte “mes lèvres en mieux”. »

Finalement, il suffit de s’assurer que quand on utilise le terme « nude », c’est bien pour parler du concept de teinte proche de la couleur de la peau, et non d’une couleur en particulier !

Les teintes « universelles » le sont-elles vraiment ?

L’un des autres termes critiqués par le blog Temptalia, c’est celui des teintes dites « universelles ».

Vous vous dites peut-être que peu de personnes utilisent ce mot parce que tout le monde sait que rien n’est réellement universel en terme de maquillage, mais je peux t’assurer que nombreuses sont les youtubeuses qui s’expriment régulièrement de cette façon :

« C’est un bronzer universel qui va à tout le monde ! »

Pas besoin de faire un dessin pour vous expliquer que non, ce bronzer n’est sans doute pas universel.

À lire aussi : Je veux utiliser un bronzer sur ma peau noire, que faire ?

Par ailleurs, comme Christine le note, nombreuses sont les marques qui proposent des palettes de fards à joues comportant différentes teintes, certes adaptées à différentes carnations, mais loin d’être pour autant « universelles » à proprement parler.

Et finalement, le problème vient autant du fait que les marques ne proposent pas assez de teintes adaptées aux carnations les plus foncées, que du fait qu’elles les appellent « universelles » alors qu’elles ne le sont pas.

Les cheveux crépus en marge du marché de la beauté

Afin de compléter cet article, nous ajouterons que les produits capillaires sont, eux aussi, bien souvent conçus pour un public blanc.

Il suffit d’observer la foultitude de shampoings estampillés « cheveux normaux » pour comprendre qu’un grand nombre de types de cheveux sont laissés de côtés… Par « cheveux normaux », les marques sous-entendent souvent « qui ne sont ni particulièrement gras, ni particulièrement secs ». Or, les cheveux crépus sont, par nature, secs !

Utiliser le terme « normal » pour désigner une catégorie qui ne peut pas correspondre aux cheveux crépus et bouclés revient à marginaliser ces types de cheveux, et donc à discriminer les individus concernés par ceux-ci.

Pourquoi ne pas choisir une terminologie moins subjective pour désigner un type de cheveux ?

Du progrès reste à faire en terme d’inclusivité en beauté

Si la lecture en anglais ne vous dérange pas, on vous invite fortement à lire cet article de Temptalia qui évoque d’autres aspects intéressants du manque d’inclusivité en beauté. Elle y mentionne notamment le marketing genré dont vous avez déjà entendu parler sur madmoiZelle, mais aussi les petites phrases qui sous-entendent que tel ou tel produit n’est pas portable en raison de sa teinte.

— C’est un highlighter, ça, sérieux ? Plutôt un bronzer, oui !

— C’est un produit/un look pour les événements spéciaux, par pour tous les jours !

Ces façons de s’exprimer ne sont sans doute pas prononcées dans un but discriminant, mais elles excluent malgré tout des individus qui pourraient, eux, être intéressés par des produits ou habitudes moins « classiques ».

Il est donc essentiel de faire attention au vocabulaire utilisé en beauté pour prendre garde à inclure tout le monde, de la même façon qu’on le ferait dans la vie de tous les jours.

Nous ne prétendons pas être parfaite, mais c’est en tout cas ce que nous aimerions appliquer autant que possible. Quitte à lutter contre les discriminations, autant aller au bout des choses, même quand il s’agit de sujets « futiles » comme la beauté !

À lire aussi : Tout comprendre sur le mugshot challenge, cette tendance qui fait polémique


Ajoutez Madmoizelle à vos favoris sur Google News pour ne rater aucun de nos articles !

Les Commentaires

12
Avatar de Dimi
10 juin 2020 à 18h06
Dimi
@Culloden oui bien sur, c'était juste pour souligner que si tu met "chair clair" pour du beige, je ne vois pas pourquoi tes bruns ne s’appellent pas eux aussi "chair" ! Un peu de de cohérence que diable rama:
5
Voir les 12 commentaires

Plus de contenus Société

Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-11-20T111708.991
Lifestyle

« L’alcool est une condition sociale et on peut rapidement être mis de côté si on ne la remplit plus » : Elena, 36 ans, raconte comment elle a arrêté de boire

Source : Getty Image / MARIA DUBOVA
Féminisme

Ève, 42 ans : « Quand il m’a demandé où était le nettoyant après six mois de vie commune, j’ai pleuré »

5
Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-11-15T163147.788
Livres

Samah Karaki : « C’est la culture sexiste qu’il faut questionner, pas la présence ou l’absence de l’empathie »

Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-11-13T154058.525
Santé

« Ah, on dirait que t’as le cancer » : Laure raconte comment l’alopécie affecte son quotidien

6
[Image de une] Horizontale (24)
Culture

3 raisons de découvrir Agatha, le nouveau thriller psychologique à lire de toute urgence

Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-10-30T170053.120
Santé

« On n’en parle pas assez, mais être malade prend du temps ! » : Solène raconte son quotidien avec une maladie chronique invisible

1
Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-10-30T164414.844
Société

« Je n’ai pas porté plainte parce qu’il y a des enfants en jeu » : Jade, victime d’exploitation domestique à 17 ans

1
Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-10-30T115104.723
Santé

« Le sommeil occupe une place bien plus importante dans ma journée » : Quitterie, 25 ans, raconte son quotidien avec la sclérose en plaques

Capture d’écran 2024-09-06 à 16.28.20
Bien-être

« On souffre en silence » : 3 femmes nous parlent sans tabou de leurs douleurs menstruelles

Capture d'ecran Youtube du compte Mûre et Noisettes
Argent

Je suis frugaliste : je vis en dépensant moins de 1000 euros par mois (et je vais très bien)

73

La société s'écrit au féminin