Comme beaucoup d’entre vous, je suis une grande amie des bêtes. Alors quand j’ai entendu parler de l’exposition Beauté Animale, je m’y suis précipitée. Et j’ai bien fait.
Diversité animale et diversité artistique
En me rendant au Grand Palais, j’avoue que j’avais quand même un peu peur de trouver l’exposition ennuyeuse. Je me disais qu’avec un sujet aussi restreint (il n’y a aucun humain représenté), on tournerait vite en rond…
J’ai rapidement constaté que c’était exactement le contraire : en traitant de la représentation animale, l’exposition permet d’aller à la rencontre de perceptions différentes de la nôtre, servies par des artistes appartenant à des mouvements très variés. Elle propose un délicieux voyage à travers le temps et le règne animal, comme l’explique cette vidéo de présentation :
Si on croise des figures attendues comme Audubon et sa passion pour les oiseaux, il est aussi très intéressant de retrouver des artistes emblématiques de leur époques, dont on ne connaît pas ou peu les œuvres « animalières ». Qui a déjà vu le crapaud de Picasso, la chauve-souris de Van Gogh ou la truite de Courbet ? Qui aurait soupçonné que Henri Moore, le sculpteur abstrait, aimait à dessiner des moutons pour sa fille ? Et dans cette exposition qui nous emmène de surprise en surprise, les « stars » de la peinture côtoient de talentueux artistes relativement inconnus… Dans des styles très différents, j’ai par exemple découvert les sculpteurs Bugatti, Dantan dit le Jeune, ou encore Pompon, dont voici une oeuvre :
L’art, miroir de la condition animale
Malgré l’incroyable diversité des œuvres proposées, le corpus reste cohérent et aborde différents aspects de notre rapport avec l’animal. En voici quelques-uns.
Tout d’abord source de fascination, l’animal apparaît étudié et analysé dans un souci de représentation puis de compréhension.
Face à la découverte des autres continents et à la profusion de leur faune, l’Homme cherche à le cataloguer, à le classer, à en saisir les caractéristiques essentielles.
Pourtant la zoologie se mâtine parfois d’une volonté de domination, illustrée par la zootechnie. Cette science de la sélection génétique dans un but esthétique ou pratique, même si elle est traitée avec humour grâce au caniche de Koons par exemple, n’en est pas moins dérangeante et source de questionnements.
Pire, l’exposition nous met face à nos préjugés sur les animaux, en montrant l’évolution de la représentation du chat. En témoigne cette description de Buffon, le fameux naturaliste du XVIIIème siècle : « Une malice innée, un caractère faux, un naturel pervers que l’âge augmente encore et que l’éducation ne fait que masquer ». On en a fait du chemin avant d’en arriver aux lolcats ! Et pourtant, nous relayons encore des idées fausses sur beaucoup d’espèces…
Mais l’art s’est aussi fait le reflet des théories de l’évolution, comme en témoigne l’orang-outan de Dantan. Représenté en buste, il est sur le même pied d’égalité que l’Homme… Dépassant les questionnements sur l’existence de l’âme animale, cette prise de conscience a fait naître une véritable empathie, et débouché sur la création d’associations de protection animale.
L’exposition se clôt sur l’aspect « écologique » de notre relation à l’animal, symbolisée par l’ours blanc. Si les bêtes créent en nous fascination et curiosité, nous nous révélons malgré nous pervers en les privant de leur liberté ou en détruisant leur habitat naturel.
Les +
- Une sélection d’œuvres superbes qui laisse apparaître en creux la personnalité et le caractère des animaux tout en soutenant un discours intelligent sur leur condition.
- Une scénographie agréable, lumineuse, de grands espaces pour déambuler sans se bousculer.
- Une exposition pour petits et grands ! Vraiment accessible à tous.
- Une importante programmation de films visible à la fin.
- Un espace appelé Galerie Tactile pour toucher des reproductions de sculptures ! Prévu pour les malvoyants à la base, il est cependant ouvert à tous.
- Possibilité de prendre un billet couplé avec l’expo Helmut Newton qui est juste à côté dans la Galerie Sud-Est.
Infos pratiques
Du 21 mars au 16 juillet 2012 Galeries Nationales du Grand Palais Place Clemenceau 75008 Paris Métro : lignes 1, 9 et 13 Champs-Elysées Clemenceau ou Franklin-Roosevelt Ouvert tous les jours de 10 à 20h, nocturne le mercredi jusqu’à 22h, fermé le mardi
Tarif réduit 8 euros / Plein tarif : 11 euros / Gratuit pour les moins de 13 ans
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Les Commentaires
Nan, plus sérieusement, j'aurais bien aimé aller voir... Je suis très facilement fascinée par tout ce qui est animalier, et c'est vrai que j'ai rarement croisé ce sujet dans mon tout petit cursus artistique. Là rien que sur l'article j'ai bloqué pendant un moment sur la sculpture de la tête de primate (orang-outan ?). En plus la problématique de l'animal me touche aussi. Rha. Frustration.