Maïa l’avait calculé il y a quelques mois : ça fait cher d’être une fille. Tellement cher que parfois, ça serait pas plus mal de vivre dans un monde où le cheveux gras ne serait pas un crime, la coupe pourrie une tragédie et où la cellulite ne serait pas passible de non-flirtage ad vitam eternam. Hey mais attends, c’était pas le bon vieux temps ça ?
Il faut croire que les gens d’une autre époque avaient moins de problèmes. Je veux dire, mince quoi, qu’est ce que c’est que ces canons de beauté chelous qu’on nous a collé en 2010 ? Taille sveltesse, brushing de lionne, jambes interminables… trop de trucs à faire et de conseils complètement débiles (me dis pas que t’as jamais lu les préceptes de l’abdo fessier quand tu montes les escaliers ! c’est un peu essayer de retenir son tampon quand on monte des marches. C’est d’un chic). Laisse moi te dire que ton arrière-arrière-grand-mère, cette petite gourgandine, n’avait que faire de ces exercices périlleux et pouvait se la couler douce sans faire le moindre effort.
Oui aux bourrelets
Il y a fort longtemps, pourtant je te jure oui c’était bien en France, les femmes pouvaient avoir des bourrelets et du ventre mou et ô miracle, on les aimait bien ainsi. Aujourd’hui, si tu t’es un peu trop lâchée sur la crème dessert caramel, laisse moi te dire qu’on va pas tarder à te le faire remarquer, et que cette remarque va venir d’ailleurs d’un de tes alliés : le jean. Petit collabo du gras s’il en est, tu vas vite vouloir récupérer la fermeture du troisième bouton sous peine de sombrer dans le néant abyssal. Tes ancêtres, elles, savouraient tranquillou leur repas sans se demander ce qu’il allait advenir de leur cellulite. D’ailleurs, t’as bien dû remarquer que cette feignasse de Marie-Antoinette faisait rien d’autre que se goinfrer de macarons en écoutant du Phoenix. C’est te dire à quel point elle s’en tapait de la dernière séance de Pilates.
Non aux soins capillaires à outrance
Eh oui, la vie est injuste et te colle divers problèmes de scalp. Non seulement tu dois avoir en permanence le cheveux propre (brillant, léger, volumineux…), mais aussi bien brushé, si possible coloré quand la nature n’a pas été très généreuse, et coupé en quatre pour adopter un bon look. Y’a des filles de l’ancien temps qui savent vachement mieux se débrouiller. T’as déjà vu Sissi réclamer un point d’eau pour aller se laver la tignasse ? Non, elle auto absorbe son gras, bouge négligemment la main dans ses cheveux et hop. Ils sont sains et beaux. Tu peux y voir la magie de la campagne, l’air doux et frais du petit matin et la rosée. C’est dur de vivre dans un monde pollué, mais tu y arriveras bien un jour.
Craneuse.
Pas forcée de vivre avec l’aisselle lisse
C’est beau, la nature. Ce crépitement des feuilles lors des premières promenades automnales, les marrons chauds… Nature, pour le corps féminin, peut vouloir dire « moi aussi j’ai des bulbes pileux qui ne demandent qu’à s’exprimer librement ». Alors que depuis quelques décennies on s’efforce à devenir aseptisée du poil, l’ancêtre pouvait paisiblement profiter de sa moumoute corporelle. Eh bah oui, tu crois que le rasoir électrique existait déjà ? C’est avec plénitude et bigoudis que ces femmes entretenaient leur pelage, quitte à parfois concurrencer les hommes, comme la divine Frida Kahlo avec son mono sourcil. Tu y vois juste un Emmanuel Chain sous Forcapil ? Vois-y l’expression même de la liberté féminine ! La géométrie pileuse n’a jamais connu meilleure représentante.
De l’hégémonie du teint blanc
Je ne t’apprendrai rien en te disant que notre beau pays refuse de commercialiser les teintes de fond de teint les plus claires, sous prétexte que la française est une cagole de base qui sort toujours avec deux ou trois nuances de plus histoire d’avoir la mine tropicana au vent. Bien avant l’invention des bases de teint, les femmes blanches comme des cadavres représentaient avec raffinement la fine fleur de la société, ambiance « moi, gueux, j’ai pas besoin de sortir pour avoir quelques piecettes. Adieu les bronzés ». C’est ainsi que les Cullen ont pu s’introduire dans nos contrées en passant juste pour des petits bourges. De nos jours, l’affinité avec la team vampirique est grillée aussi rapidement qu’un yakitori, et le teint blanc inspire la méfiance : anémie, élève de prépa, gothique, les pires maux s’abattent sur toi. Un bon teint sablé de poulette sous carotène viendra enrayer les soupçons.
C’est donc une dure vie que tu dois affronter, toi l’amazone moderne. Pour te consoler, dis-toi que tes congénères d’antan n’étaient pas forcément plus braves que toi : après tout, elles ont bien décidé de brûler leur soutifs, ces petites lâches.
Les Commentaires
J'ai longtemps cherché à tout prix à "réparer" mes cheveux avec des masques, des soins, des sérums, en me demandant ce qui avait bien pu se passer entre mon enfance, où j'avais des cheveux magnifiques, et mon adolescence, où mes cheveux sont progressivement devenus très moches et très plats/gras/fades.
Ben quand j'étais gamine, je ne me lavais pas les cheveux tous les jours et je ne faisais pas de "soins".
Bref, ça va paraître absolument dégueulasse mais aujourd'hui je me lave les cheveux une fois par semaine. Et malgré le sport tous les jours, shampoing une fois par semaine. Et mes cheveux n'ont jamais été aussi beaux, personne ne m'a jamais fait de remarque négative, bref, je peux gaiement aller chanter dans la forêt en cueillant des poneys et brossant des framboises.
Parce que des cheveux, ça n'a pas besoin d'être lavés trop souvent, que la transpiration ça s'enlève au brossage quand les cheveux sont secs. Et que ça ne pue pas.
Croyez-moi, je suis loin d'être un terrifiant hippie avec un nid dans les cheveux, je suis une personne tout ce qu'il y a de plus "propre sur elle d'apparence".
Pis ça fait du bien de gagner du temps, aussi.