Ironique (comme souvent) et graphique (comme à son habitude) : la Une de Libération hier ironisait sur le recul du candidat centriste dans les sondages. Le trick visuel ? La phrase « Bayrou perdu au milieu » flottait au milieu d’un gros aplat orange.
En choisissant une telle Une, le quotidien anciennement positionné à l’extrême gauche (et aujourd’hui libéral-libertaire) joue t-il le jeu du bipartisme ambiant ? Car si le recul de Bayrou dans les sondages est une information en soi, décider d’une telle Une n’est pas anodin. Selon le MoDem, le choix éditorial de Libé
ne fait qu’amadouer une scène politique déjà clivée. Celle-là même qui démange le citoyen, prompt au vote utile, là où ça le gratte déjà : ici en France, on voterait à droite ou à gauche, mais le centre, lui, serait un choix vain. C’est en tout cas ce que dénonce François Bayrou.
Hier, l’équipe de communication du candidat centriste a choisi de rendre la monnaie de sa pièce à Libé par le même procédé. Sur la page d’accueil du site de Bayrou :
L’image est accompagnée d’un commentaire :
« Les derniers mois ont été multiplication de sujets de diversion pour le pays, pour éviter de regarder en face les vrais problèmes […] Des changements qu’il nous faut apporter pour rendre la confiance, pas un mot. Et des grands déchirements de la société, pas un mot. Je le dis aux journalistes et à tous les responsables politiques, le ton et le fond de la campagne électorale doivent changer ! »
Ainsi, si le montage répond principalement aux journalistes, le texte explicatif, lui, demande à tous les faiseurs d’opinion (journalistes ET responsables politiques) de revoir le paradigme hégémonique (comprendre, le bipartisme) présent dans notre pays.
Quand on sait que la course à la présidentielle n’est que successions de tacles et que le MoDem fait du refrain « il n’y a pas de solutions de droite ou de gauche » son nerf de guerre, cette réponse était finalement très attendue.
Ce matin sur RTL, Bayrou a dénoncé « une entente clandestine entre François Hollande et Nicolas Sarkozy » pour éviter un débat télévisé. Spectre du bipartisme qui essaye de se garder le pouvoir du vote utile entre les mains, encore ?
En attendant, vu l’ascension de Mélenchon dans le grand coeur de l’opinion publique, on ne pourra pas continuer longtemps à dire que les faiblesses rencontrées par le centre ne s’expliquent que par la toute-puissance de l’UMP et du PS.
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Les Commentaires
J'ai vraiment l'impression que ce sont les médias qui nous incitent à aller voter telle ou telle personne. François Bayrou n'est pas du tout mit en avant. Mélenchon, si.
Et pourquoi ? Parce que Mélenchon raconte ce que les gens ont envie d'entendre. Il fait des promesses irréalisables et il se sait bon orateur et il en profite.
Je ne dis pas que Bayrou est parfait sur tous les points, mais au risque d'être moins populaire, il ne raconte pas n'importe quoi pour gagner le plus de votes possibles. Il sait être honnête et tenir des promesses qui peuvent être réalisables.
Après ce n'est que mon avis.