N’écoutant que mon courage et mon amour de la politique, je me suis vaillamment extirpée de mes couvertures sur les 14 heures bien frappées pour m’en aller rejoindre la place de la Bastille. Emprunte d’un optimisme à déplacer des montagnes, c’est à Vélib’ que j’ai cru malin de pouvoir rallier la place. Je vous livre ici mes impressions en toute sincérité : rejoindre une manifestation de plusieurs milliers de personnes à Vélib’, c’est très con. Évidemment que toutes les stations Vélib’ à 12km à la ronde étaient BLINDAX. Après avoir tourné 20 minutes le long des boulevards attenants, j’ai fini par trouver une amarre rue de la roquette.
Les odeurs de friture, de gras et d’alcool stagnaient dans cette rue qui avait dû, tout comme moi, connaître une Saint Patrick arrosée. Déjà, j’entends le grondement de la foule sans encore apercevoir la place. Des ballons, des drapeaux, des fanions, même le ciel est occupé par les manifestants.
15h30, le cortège n’a pas encore rallié la place et pourtant, elle est déjà proche de la saturation. Je me fraye un chemin tout autour, en bonne wanna-be reporter je tente une reconnaissance du terrain alors même que mon agoraphobie latente me hurle de trouver refuge à l’étage d’un café. Comment ne pas se laisser prendre à cette ambiance de fête au village ? Stand de fête foraine, buvette (à 2€), sandwichs et snacks, musique et chants, grosse ambiance pour méga village : l’animateur annonce plus de 80 000 personnes, alors que « le gros des troupes » (non, ce n’est pas Jean-Luc Mélenchon, enfin !) n’est pas encore arrivé sur la place.
J’en profite pour arpenter le « Village militant » et m’y procurer le programme du Front de Gauche – en vente à 2€ – on voit qu’il ne s’agit pas d’un parti « institutionnel », c’est pas comme le PS qui distribue les 60 propositions de François Hollande gratos à toutes les sorties de métro !
« Casse toi pauvre con et c’est lui qui le dit ! »
(Slogan porté sur T-shirt rouge)
L’intervention de Didier Porte à la tribune colle parfaitement au caractère festif de l’événement : l’humoriste écorche tout le monde, droite et gauche confondus « je ne désespère pas de voir un jour le PS redevenir un parti de gauche ! » lâche-t-il à la foule. Les coups de griffe portés au chef de l’Etat sont ceux qui relancent le mieux les rires et les huées. Certains rient jaunes… Pour eux, la plaisanterie sarkozyste n’a que trop duré.
Du métro s’écoule un flot continu se déversant toujours plus dense dans cette marée humaine. Je tapote le jean d’un jeune homme assis en hauteur, à contempler la place. Je lui tends mon appareil photo, il se lève sur son perchoir et accepte de me servir de photographe, pour capturer la place depuis des hauteurs que je ne saurais atteindre. C’est juste pour le souvenir. En arpentant les alentours, j’ai compté de nombreux photographes amateurs et professionnels ; nul doute que les images de cette journée feront le tour du web et des médias.
Je m’en vais attendre le discours de Jean-Luc Mélenchon au chaud, au 2ème étage de ce bar qui fait l’angle et m’offre une vue imprenable sur la place qui ne désemplit pas, bien au contraire. A côté de moi, une tablée s’extasie de cette journée militante.
« Salut ! Tu viens d’où ? » Parisienne depuis moins de 2 ans, et déjà, j’ai perdu l’habitude d’être abordée gaiement et tutoyée par des inconnus. Aujourd’hui, nous sommes tous « camarades ».
Eux viennent de Lorraine, ils ont pris un des 14 bus en provenance de la région, affrétés pour l’occasion. Moi aussi je suis Lorraine. Nous parlons de Gandrange et Florange, brièvement. Ils sont là pour que ça change. Ils savent que Jean-Luc Mélenchon ne passera pas le premier tour, ils voteront Hollande au second, mais ils tiennent à ce que le Front de Gauche fasse le meilleur score possible afin de peser dans la constitution du futur gouvernement que tous espèrent “de gauche”, après les élections législatives….
“Cette place où tout commence toujours et qui est le point de départ de toutes nos révolutions”
Jean-Luc Mélenchon
“Liberté, Egalité, Solidarité”
Le 18 mars 1871, le peuple parisien se soulevait contre le gouvernement. Le 18 mars 2012, le peuple se rassemble pour le changement. C’est un peuple mosaïque, hétéroclite, mélange improbable de tous les âges et toutes les classes sociales (ou presque !) nostalgiques d’un “avant” meilleur, utopistes rêvant de “lendemains” enchanteurs, réalistes vindicatifs, idéalistes, philosophes, râleurs, “ras-le-bol”, féministes, femmes, jeunes, vieux, français, étrangers, travailleurs, employés, artistes, un patchwork d’individualités dans tout ce que la diversité a de plus beau et de plus insolite.
On n’a pas changé le monde ce dimanche, à la Bastille, et le discours – trop court – de Jean Luc Mélenchon n’a pas donné de solutions concrètes aux crises que nous traversons. Mais ce grand rassemblement populaire n’était pas une manifestation de rejet, de protestation, c’était une adhésion, un sursaut commun, un second souffle à cette campagne pour leur rappeler, à eux tous derrière les micros et les caméras – et ceux qui les tiennent – que la politique, loin de décourager ou de désintéresser, passionne toujours autant les citoyens, à en juger par l’entrain collectif qui a drainé plus de 100 000 personnes à “prendre la Bastille”, sous le ciel incertain d’un dimanche de mars….
Visionnaires ou passéistes ? Résolument tournés vers l’avenir…
Comment participer à la campagne du Front de Gauche ?
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Commencez par leur site internet : Place au Peuple !
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Si vous êtes parisien/ne/s : le collectif de campagne L’Usine est sans doute la meilleure façon d’aller à la rencontre des militants et des volontaires qui animent la campagne du Front de Gauche.
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Des Assemblées Citoyennes sont organisées un peu partout en France, l’agenda est disponible sur le site Place au Peuple.
Commencez par leur site internet : Place au Peuple !
Si vous êtes parisien/ne/s : le collectif de campagne L’Usine est sans doute la meilleure façon d’aller à la rencontre des militants et des volontaires qui animent la campagne du Front de Gauche.
Des Assemblées Citoyennes sont organisées un peu partout en France, l’agenda est disponible sur le site Place au Peuple.
Pour ne rien perdre de l’actu du Front de Gauche : @melenchon2012 sur Twitter.
Ils ont des millions. Nous sommes des millions.
Les Commentaires
C'est juste qu'au dessus de 360 000 euros par an, le front de gauche propose que ça parte en impôt.
Avec 14 tranches d'impôt au lieu de 6 pour le PS (plus équitable donc).
Cette affiche critique surtout les grands patrons qui touchent des sommes astronomiques. Certainement pas les médecins!