Pourquoi n’a-t-il rien dit, rien fait ? Pourquoi le Père Preynat est resté en poste aussi longtemps, malgré plusieurs témoignages accablants ?
C’est à ces questions que le procès du cardinal Barbarin, débuté ce lundi 7 janvier 2019, devrait répondre.
Le cardinal Barbarin face à la justice
Ils sont six sur le bancs des prévenus, et le cardinal Barbarin, également archevêque de Lyon, est l’un d’entre eux.
Il était le supérieur hiérarchique de Bernard Preynat, ce prêtre accusé d’avoir agressé sexuellement 70 jeunes scouts, entre 1986 et 1991.
Philippe Barbarin comparaît pour non-dénonciation d’agressions sexuelles sur mineurs, car il avait été alerté par des victimes de Preynat, devenues adultes.
Selon une journaliste, c’est dès 2002 que l’archevêque de Lyon avait été contacté et informé des très fortes suspicions qui pesaient sur le prêtre, accusé de pédophilie par plusieurs anciens scouts.
Plusieurs alertes sont données, pendant plusieurs années, et le cardinal Barbarin ne réagit pas.
Le Père Preynat reste en place, il est même promu en 2013, peut-on lire dans cette enquête de France Info.
La non-dénonciation d’agressions sexuelles sur mineurs
Aujourd’hui, le cardinal Barbarin fait face à la justice, pour son silence
, son inaction face aux alertes lancées par d’anciens scouts.
Comment est-il possible qu’un prêtre faisant l’objet d’accusations aussi graves et aussi nombreuses ait pu rester si longtemps en poste, sans être inquiété ?
Le procès de Bernard Preynat devant la justice des hommes n’a pas encore commencé, et celui devant la justice de l’Église est en attente : en effet, son procès canonique est suspendu.
Pourtant, « tout le monde savait », des mots d’une ancienne scout, contemporaine des faits…
Aujourd’hui, cette dernière, Isabelle de Gaulmyn est membre de la rédaction en chef de La Croix. Elle a livré son témoignage dans un livre consacré à cette affaire.
« La majorité des faits, grâce à Dieu, sont prescrits »
Un début d’explication à cet insupportable état de fait se trouve peut-être dans les mots du cardinal Barbarin, rapportés par France Info, dans cette longue enquête-portrait qui lui est consacrée :
« Quand j’entendais parler de ces trucs-là, il y a 15- 20 ans, je me disais c’est affreux, c’est indigne, c’est une trahison de ces prêtres d’avoir fait une chose comme ça. Je ne pensais pas directement aux gamins.
Maintenant, non, je les écoute. (…) Je me suis aperçu que c’est une destruction profonde de ces personnes… »
Sans doute s’est-il « aperçu » un peu trop tard, effectivement, que ces enfants étaient des personnes, profondément meurtries par les agressions qu’ils ont subies.
En mars 2016, lors d’une conférence de presse, il prononce cette phrase :
« La majorité des faits, grâce à Dieu, sont prescrits. »
Grâce à Dieu. Mais quel Dieu gracie l’agression sexuelle d’enfants ?
Grâce à Dieu, c’est le titre qu’a choisi François Ozon pour son dernier film, qui porte précisément sur toute cette histoire.
Sa sortie au cinéma est prévue pour le 20 février 2019 : entre le procès de Barbarin et celui de Preynat, et ce timing n’est sans doute pas un hasard.
En attendant, ce lundi 7 janvier, le cardinal Barbarin est sur le banc des prévenus.
Et grâce aux Hommes, justice sera rendue.
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