Aujourd’hui on fait un petit détour par la bande dessinée jeunesse, avec deux héroïnes bien badass dans leur genre. D’un côté il y a Astrid Bromure dans Comment dézinguer la Petite Souris de Fabrice Parme, et de l’autre Aliénor Mandragore dans Merlin est mort, vive Merlin ! de Séverine Gauthier et Thomas Labourot — le tout aux éditions Rue de Sèvres.
Astrid Bromure et la mystérieuse Petite Souris
Les parents d’Astrid Bromure sont en déplacement pour trois semaines, la laissant aux bons soins du majordome, Benchley, et de la gouvernante, Dottie. Ne vous fiez pas à son apparence de petite fille modèle tirée à quatre épingles : Astrid est une vraie terreur et met la patience de ses bienfaiteurs à rude épreuve lorsqu’elle les harcèle pour déjouer son ennui ! Puis l’événement du jour intervient enfin : une de ses dents de lait tombe.
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Persuadée que la légendaire Petite Souris n’existe pas, malgré les dires du majordome et de la gouvernante, Astrid va construire un piège pour l’anéantir, à base de machine à coudre bien lourde au-dessus d’un bout de parmesan. Quelle n’est pas sa surprise lorsqu’elle découvre qu’à la place du bout de fromage se trouve un tube de dentifrice goût vanille-chocolat, et qu’il y a bien une souris, une vraie, une qui parle, en train de terrifier Dottie dans la cuisine…
Une enquête jubilatoire
Devant Astrid Bromure, on se croirait dans un dessin animé de Cartoon Network, tant par la personnalité impertinente et complètement délurée de la petite fille que par le graphisme. Véritable tornade, elle emporte l’histoire à un rythme effréné avec sa vivacité d’esprit, son sens de la répartie cinglante, et ses mille idées farfelues qui fusent en tout sens. Mais l’histoire est avant tout une enquête, celle qui vise à découvrir si oui ou non la Petite Souris est bien celle que l’on croit, et elle réserve pas mal de surprises, rebondissements, et situations folles.
Une grande et luxueuse maison située sur le toit d’un gratte-ciel, un chat snob et un chien un peu neuneu, un trio adultes-enfants qui n’est pas celui de parents-enfants et laisse place à l’effronterie… Tant d’éléments qui, assemblés, ne peuvent que donner une bande dessinée jeunesse efficace et surtout jubilatoire ! Du point de vue de la composition, c’est tout aussi étonnant et délirant que les inventions d’Astrid, avec des grandes cases, des petites, des rondes, des détourées, avec ou sans arrière-plan. Cela insuffle un rythme véritablement énergique à la lecture, qui se lit comme on regarde un cartoon à la télévision : avec enthousiasme !
Aliénor Mandragore, la légende arthurienne dépoussiérée
Aliénor est la fille de Merlin, le célèbre druide. Au cours d’une leçon sur les champignons dans la forêt de Brocéliande, la jeune fille trouve une mandragore, une plante très rare et très prisée pour ses vertus. Son père, dans un excès de confiance, lui somme de la déterrer. Mais le cri de la mandragore tue instantanément le premier individu qui l’entend, et si Aliénor survit, Merlin, lui, succombe, à sa grande surprise.
Néanmoins, le druide n’est pas bien loin, vu que son fantôme est toujours là, refusant mordicus de se faire embarquer par l’Ankou (la Mort, concrètement). Aliénor doit alors trouver le moyen de le ressusciter, et se tourne vers Morgane la fée, rivale de Merlin depuis toujours, et étrangement émue par sa perte.
Aliénor Mandragore dépoussière avec beaucoup d’humour la légende arthurienne, reprenant certaines de ses figures incontournables, en forçant quelque peu le trait, pour un résultat détonnant. Au programme, un savoureux mélange de magie, d’aventures et de situations cocasses, d’humour décalé et parfois un peu noir sur les bords, bref, une histoire au cours de laquelle on ne s’ennuie pas et qui apporte son lot de révélations tout au long du scénario !
Une histoire drôle et prenante
Aliénor, malicieuse, intrépide et débrouillarde, ne manque pas de sensibilité, ce qui fait d’elle un personnage attachant dont on ferait bien sa meilleure amie, histoire de se promener tranquillement avec elle dans la forêt féérique de Brocéliande. Le dessin de Thomas Labourot est précis, et multiplie les petites astuces fort malignes dans les cases. Le rythme est varié, étalant une action sur petites trois cases ou en faisant une seule grande et belle case très contemplative, changeant de points de vue avec des plans très larges ou au contraire très serrés.
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En gros, c’est recherché, prenant et très dynamique. Et puis c’est drôle aussi, tant qu’à faire, avec plein de petits détails rigolos à observer ici et là (mention spéciale au chapeau-poisson de Viviane). Histoire d’enfoncer le clou de la drôlerie, une parodie de journal, L’écho de Brocéliande, viendra prolonger le plaisir à la toute fin de la bande dessinée, et permettra de ne pas quitter trop vite tous ces personnages extravagants.
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Les Commentaires
Ce smiley me semble beaucoup plus adapté Aucune honte à avoir, bien au contraire !