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Banalisation de la prostitution, féminisme et domination du mâle

Devant la montée de la banalisation de différentes formes de prostitution, mettant toujours en scène le même schéma (des hommes qui « s’achètent » des femmes), nous sommes en droit de nous poser des questions sur l’évolution des rapports homme-femme dans notre société.

La prostitution est en train de devenir banale, très accessible, ludique, fun, et féministe. Avec des sites tels que SugarSugar ou encore What’s Your Price

, on assiste à une montée en flèche de différents services de prostitution (qui ne se décrivent absolument pas comme tels, le terme étant bien trop lourd et connoté pour eux), tandis que les médias, eux, observent tout ça avec une étonnante complaisance.

Il devient alors extrêmement facile de se trouver une femme à acheter/louer/dorloter pour une nuit, un weekend ou lorsqu’on a du temps et qu’on s’ennuie un peu. Les hommes riches qui n’ont pas le temps de s’investir dans une relation « traditionnelle » se trouvent de jolies jeunes filles qui ont besoin de payer leurs factures et qui en ont marre de faire des frites au McDo. Elles se font alors emmener au bout du monde, dans les plus beaux magasins et restaurants, pour faire chauffer la carte bleue de Monsieur tandis qu’il profite de la présence à leur bras d’une belle nana pour se faire un peu mousser.

Mais le principal problème que soulève cette nouvelle mode, c’est le schéma qu’elle propose : il reste inchangé. L’homme est toujours celui qui domine, il vient chercher la femme, il paye, il prend les initiatives et fait le premier pas et la femme suit.

Si depuis quelques années on observe également une montée du discours « femmes, faites l’amour comme des hommes ! » (sans sentiments, sans attaches, sans lendemain), il faudrait quand même savoir où se trouve la limite, et où le féminisme retombe dans la soumission à l’homme.

Petit à petit, ce discours a tendance à glisser vers un « je baise les hommes (sous-entendu, je les fais raquer), plutôt que de me faire baiser » qui transforme une position-intellectuelle-de-son-rapport-au-corps-et-à-sa-sexualité en… transaction commerciale. Total opposé, donc.

Le corps de la femme devient une arme, sa sexualité est un pouvoir, une force qu’elle utilise contre les hommes qui succombent et lui offrent le monde sur un plateau d’argent en échange de quelques instants de plaisir. Et ça fonctionne comme ça depuis la nuit des temps, mais aujourd’hui nous avons TOUTES la possibilité d’offrir nos charmes en échange de quelques diamants et escapades luxueuses. Il suffit de s’inscrire sur le bon site.

Il serait facile de porter un jugement moral, et c’est ce que nous devons nous abstenir de faire à la hâte. Il n’y a qu’à voir la polémique autour de Zahia, sur qui on crache volontiers, parce qu’après tout « ce n’est qu’une pute ». Clairement, on ne peut pas avoir de respect pour une pute. Après tout, c’est bien connu : les prostituées nous volent nos hommes, les poussent au vice et ne sont que des briseuses de ménage. Mouais.

Pourtant, l’une des batailles des féministes consiste justement à redorer un peu le blason des prostituées, certaines sont même pour le retour des maisons closes (les filles seraient plus protégées, n’auraient plus à se geler les miches sur un trottoir à la merci du premier taré qui passe et tout serait parfaitement réglementé). Les prostituées sont des femmes qui font un métier, parfois par choix, parfois par obligation, mais nous ne devrions en aucun cas les juger trop durement.

Mais alors, où se trouve la limite, et trouvez-vous que le fait de prendre l’argent (ou autre) d’un homme pour s’offrir une vie confortable, tout en couchant avec lui et en l’ayant choisi selon des critères précis, est un acte « féministe » ? Une évolution logique du rapport homme-femme ? À partir de quand passe-t-on de « femme moderne » à « prostituée » ? Que pensez-vous du fait que ces rapports aillent toujours dans le même sens, à savoir l’homme qui se paye une jolie jeune fille, et non l’inverse ?


Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.

Les Commentaires

32
Avatar de Zen-alia
19 mai 2011 à 18h05
Zen-alia
Je suis assez d'accord avec le ton de l'article, et je vais en profiter pour exprimer quelques opinions personnelles sur le sujet (la banalisation de la prostitution des femmes).
- Déjà, je suis assez choquée par cette notion de "faire l'amour comme des hommes" pour deux raisons : 1) ça met tous les hommes (et, indirectement, les femmes) dans le même panier, et 2) on nous présente ça comme l'idée révolutionnaire et féministe du siècle, alors que en gros il s'agit de copier "les hommes", ou plutôt de copier une représentation stéréotypée de ce qu'est la sexualité masculine (= les hommes ont des besoins sexuels à combler, il est donc normal qu'ils couchent à droite à gauche sans sentiments blablabla). Vachement féministe.
J'ai aussi l'impression qu'avec les sites et autres séries télévisées on essaie limite de nous glamouriser la prostitution, ce qui me semble absolument dégueulasse.
Je trouve assez sordide de chercher à nous justifier la prostitution en la présentant comme un pouvoir féminin, un avantage des femmes sur les hommes, et un concept féministe.
- J'ai assez peur de cet éventuel retour des maisons closes, qui, certes, apporte de la """sécurité""" (elles seront relativement protégées des malades, pas de la prostitution en elle-même, duh) aux prostituées, mais risque de normaliser complétement la prostitution en essayant de la rendre moralement acceptable. Genre : "elles vont pas se faire tabasser et tuer, alors c'est plus si grave de vendre leur vagin.".
Ca m'énerve aussi pour la simple raison qu'enfermer des femmes dans une maison close pour que des hommes puissent venir tirer leur coup après une dure journée de travail, c'est médiéval et indigne de tous les progrès qui ont été fait en matière de droits des femmes.
Je précise que je serais tout aussi outrée si l'on proposait d'ouvrir des maisons closes pour des clientes qui viendraient s'acheter un homme, dans tous les cas le simple principe de payer pour baiser me parait moralement inacceptable. Et je trouve scandaleux que le message transmis à la nouvelle génération de petites filles soit : "tu as le droit de te prostituer si tu veux, il n'y a rien de mal à se faire payer pour coucher, le sexe est un service comme un autre."
- Quand à l'argument de la prostituée qui fait son métier "par choix", ok, mais déjà c'est une minorité (la majorité étant quand même des jeunes filles rêvant d'une vie meilleure qui se retrouvent envoyées dans des maisons de dressage avant de finir sur le trottoir), et j'ai un peu peur que cette idée "révolutionnaire" qui consiste à nous présenter la prostitution comme une vocation finisse par nous faire oublier toutes ces filles dont la vie a été détruite au nom d'une vision stéréotypée de la sexualité masculine (sexualité qui a mon avis a plus à voir avec des siècles de culture occidentale qu'avec la nature profonde du sexe masculin).
Ceci dit, il est tout aussi préhistorique de cracher sur les prostituées.
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