La mode regorge toujours de drama. La dernière fashion victim, c’est Balmain. Le 17 septembre 2023 sur Instagram, le directeur artistique de la maison de luxe française, Olivier Rousteing, a raconté qu’une cinquantaine de pièces de la prochaine collection vient d’être dérobée. Or le défilé Balmain printemps-été 2024 doit avoir lieu mercredi 27 septembre prochain à 20h. À J-10 du grand show, il y a largement de quoi paniquer.
« Plus de 50 pièces volées » déplore Olivier Rousteing de Balmain, 10 jours avant le défilé
Olivier Rousteing raconte ainsi dans sa publication Instagram :
« Aujourd’hui, je suis allé au bureau à 9 heures du matin en attendant les dernières pièces de notre défilé, notre défilé Balmain de septembre. J’étais en train de créer des looks avec mon équipe quand notre chauffeur nous a appelés pour nous dire qu’il a été hijacké [vol dans un véhicule] par un groupe de personnes. Plus de 50 pièces volées. Il roulait de l’aéroport vers le quartier général de Balmain.
C’est tellement injuste. Mon équipe et moi avons travaillé si dur. Nous allons travailler davantage, jour et nuits, nos fournisseurs aussi mais c’est vraiment irrespectueux.
Je voulais vous partager cela pour vous rappeler de ne jamais rien prendre pour acquis et de faire preuve de prudence. C’est le monde dans lequel nous vivons. »
En légende, Olivier Rousteing précise que c’est tout le camion qui a été volé, laissant le chauffeur sain et sauf. Balmain œuvre désormais à reproduire ce qui a été volé pour compléter la collection (en dépit du droit du travail, manifestement…).
Pourquoi les marques s’échinent tant à respecter le calendrier intenable de la mode ?
Et si vous vous interrogez sur la nécessité de tout reproduire dans l’urgence pour présenter au créneau prévu du mercredi 27 septembre, à 20h, c’est pour de multiples raisons. D’abord, car des acheteurs internationaux seront réunis à Paris pour la Fashion Week (qui se tient dans la capitale du 25 septembre au 3 octobre) : leur travail consiste à examiner la collection afin de savoir ce qu’ils achètent ou non pour leurs points de vente, ce qui constitue une grande part du chiffre d’affaires d’une maison. Même chose pour les plus importantes clientes directes venues parfois des quatre coins du monde pour assister au défilé (d’à peine 15 minutes, généralement).
Sans compter les influenceurs et la presse, ce spectacle sert aussi à une maison de démonstration de pouvoir et d’opportunité de communication censée alimenter ses réseaux sociaux et donc l’imaginaire collectif autour de la marque durant des mois. Pour cela, une coûteuse scénographie plus ou moins impressionnante a déjà été commandée. Bref, des sommes folles sont dépensées pour un défilé de mode dont la date peut difficilement être décalée ou annulée, à moins de perdre encore plus d’argent en le faisant.
À noter que très peu de maisons aussi établies que Balmain osent défiler hors calendrier, à l’exception notoire d’Alaïa du temps du vivant de son fondateur Azzedine (1935-2017), qui ne présentait ses collections que lorsqu’il les jugeait prêtes. Mais suite à sa mort, la maison désormais dirigée artistiquement par Pieter Mulier (depuis 2021) est déjà rentrée dans les clous du calendrier. C’est dire combien il est compliqué de proposer de la mode selon son propre rythme et les aléas de la vie, dans cette industrie mondialisée, ultra-saturée et qui veut aller toujours plus vite. Show must go on.
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