Ye, celui que l’on connaissait jusqu’encore récemment sous le nom de Kanye West, entame-t-il sa dernière chute libre ? C’est la question que l’on peut se poser vu son passif. Hier, il déployait un comportement de harcèlement sexiste à l’égard de ses anciennes compagnes comme Amber Rose ou Kim Kardashian, estimait que « l’esclavage était un choix » entre autres propos fleurant bon le racisme intériorisé, et soutenait publiquement Donald Trump. Voilà que ses nouvelles saillies antisémites changent enfin la donne.
Kanye West alias Ye a multiplié les propos haineux depuis septembre 2022
Le 15 septembre 2022, Ye, fka (formely known as : autrefois connu comme) Kanye West, s’est publiquement réjoui de suspendre son contrat (au bout de 2 ans, au lieu des 10 ans prévus) avec Gap de son propre chef : « Tout le monde sait que je suis le leader, je suis le roi. Un roi ne peut pas vivre dans le château de quelqu’un d’autre. Un roi doit construire son propre château », a-t-il expliqué dans une interview vidéo pour la chaîne CNBC.
Le 3 octobre 2022, Ye faisait défiler pour sa marque YZY (fka Yeezy) son t-shirt « White Lives Matter » reprenant un slogan du groupe terroriste suprémaciste blanc qu’est le Ku Klux Klan. Face à l’esclandre provoqué, il a choisi dès le lendemain d’attaquer personnellement Gabriella Karefa-Johnson, rare rédactrice noire du Vogue États-Unis.
Interviewé par la chaîne d’extrême-droite Fox News le 6 octobre, Ye s’est dit convaincu que les personnes juives contrôleraient le système monétaire mondial, entre autres inepties, avant de tenir d’autres propos antisémites sur Instagram et Twitter. Ces plateformes l’ont donc temporairement suspendu, respectivement le 7 octobre (pour une durée de 24h) et le 9 octobre.
Balenciaga, Vogue, puis adidas ont coupé les ponts avec Ye, fka Kanye West
Le 21 octobre 2022, Balenciaga puis Vogue ont publiquement annoncé cesser toutes collaborations avec Ye. Le 25 octobre, adidas (qui investit à hauteur de 10 % dans la marque de Ye, YZY, autrefois appelée Yeezy) a, à son tour, coupé les ponts avec l’artiste : « adidas ne tolère pas l’antisémitisme ni tout autre type de discours de haine. » D’après Forbes, la perte de ce contrat fait chuter la fortune de Ye, qui n’est depuis plus milliardaire : il a d’ores et déjà perdu au moins 400 millions de dollars.
Cela fait notamment suite à la diffusion massive d’un extrait vidéo du podcast « Drink Champs » daté du 16 octobre, où Ye affirme fièrement : « Je peux dire des choses anti-sémites, et adidas ne peut pas me lâcher. » Des manifestants néo-nazis s’étaient même photographiés le 23 octobre en train de suspendre au-dessus d’un pont d’autoroute de Los Angeles une banderole stipulant : « Kanye West a raison sur les juifs. »
Pas de la cancel culture mais du business de l’image dans la mode
À noter que la société financière JP Morgan, ainsi que celle de gestion de talents CAA ont également suspendu leurs contrats avec l’artiste. Ses streams sur les plateformes musicales seraient en baisse (même s’il est trop tôt pour le mesurer avec pertinence et l’affirmer), tandis qu’un documentaire sur lui, qui devait sortir prochainement, serait suspendu.
À la fois, on peut se sentir soulagé qu’autant d’entreprises cessent de financer cet artiste si propice à tenir des discours de haine et adopter un comportement dangereux pour lui et les autres. À la fois, on peut regretter qu’elles aient attendu d’en arriver jusque-là. Mais n’y voyons pas une preuve de l’existence d’une soi-disant « cancel culture » venu d’Internet, au contraire, cela illustre simplement que Ye est tenu responsable de ses actes. Car, comme pour tout le monde, ceux-ci ont des conséquences concrètes, notamment en matière de business. Et dans le cas de la mode, les entreprises tiennent particulièrement à leur image et à leur réputation, d’où la vitesse à laquelle elles ont (enfin) décidé de se désolidariser de lui.
Hélas, on n’a juste pas l’habitude de voir des personnes aussi riches être tenues pour responsables de leurs actions. Et pour l’heure, aucune action en justice contre Ye concernant ses propos haineux n’a été rendue publique. Sans doute car la notion de liberté d’expression aux États-Unis diffère de celle de la France. Outre-Atlantique, elle est protégée par le premier amendement de la Constitution qui ne stipule pas de régulation spécifique sur d’éventuels discours haineux. De facto, Ye ne risque pas grand-chose à cet égard, pour le moment…
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Crédit photo de Une : Capture d’écran Instagram.
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