Récemment, je me suis rendue à un bal folk handi-valides organisé par l’association lilloise Danse qui Veut. Dès mon arrivée, j’ai été admirative et surprise devant toutes ces personnes handicapées mais souriantes, dansant dans une ambiance solidaire où on ne faisait pas de différence entre valides et non valides. J’y ai fait la connaissance de Cathy, la présidente de l’association, un petit bout de femme en chaise roulante, attachante et passionnée par la danse. Avec Gamal, son compagnon et vice-président, elle apporte avec entrain une pierre à l’édifice d’un monde un peu plus tolérant. Ces soirées sont des occasions de mettre en avant ce que les personnes handicapées ont à nous transmettre, et c’est un travail de longue haleine. En effet, la danse n’est qu’un moyen, parmi d’autres, d’éveiller chez les non-valides la motivation nécessaire pour surmonter les difficultés, avancer, retrouver goût à la vie. Les nouveaux arrivants sont souvent bourrés de complexes, très tristes, et apprennent peu à peu à se mouvoir avec grâce, à s’accepter. « Chaque cours, pour eux, est un pas en avant », m’expliquait Cathy.
Autour de moi, danseurs et danseuses étaient presque tous en fauteuil roulant. Certains l’utilisaient comme accessoire, tel Fred Astaire et son porte-manteau ! Me retrouver au centre d’un moment plein de joie m’a rendue heureuse, et m’a fait comprendre que l’association atteignait son but : montrer à ceux qui n’osent pas, qui ont peur, qu’il est possible de vivre avec sa passion, de vivre son handicap autrement. Dans la tête des gens, la danse, ça se fait forcément debout… mais en fait, ce n’est pas le cas ! Ce soir-là, on m’a dit « Sur scène, je ne me sens pas handicapée. J’oublie le fauteuil, et les autres danseurs aussi. C’est une belle victoire. Le handicap est quasiment invisible quand on danse. »
La réaction du public fut d’ailleurs excellente : plus qu’un spectacle de divertissement, cet évènement montre la nécessité de relativiser au quotidien. Les apparences sont parfois trompeuses, et un corps en apparence brisé, ou simplement différent, peut être aussi performant et créatif qu’un autre. Le handicap n’enlève rien à l’humanité des gens, et les émotions passent toujours. La plupart du temps, on sait que les handicapé-e-s sont laissé-e-s pour compte, mais on n’y pense pas. On ne s’imagine même pas qu’ils peuvent danser un folk, un rock ou une salsa
. Ce soir-là, j’ai approché pour la première fois le monde du handicap, physique et mental, et je suis restée émerveillée devant tant de prouesses. J’ai reçu une bonne claque positive car, comme beaucoup, j’étais pleine de préjugés concernant l’infirmité.
Ce bal m’a montré que la notion de handicap existe principalement en opposition à la norme qui régit nos systèmes sociaux. En rejoignant les danseurs sur la piste, j’ai pris part à une formidable aventure humaine, et je me suis rendue compte que la misère n’est pas là où on l’attend. À mes yeux, le pire des handicaps est un coeur de pierre, c’est d’être intolérant, égoïste, cruel, ou de manquer d’amour. C’est une façon, pour Cathy et Gamal, de prouver que le handicap n’est pas une entrave à l’expression esthétique. L’association Danse qui Veut montre que chacun peut et doit être reconnu pour ce qu’il est, et je les félicite pour leur action.
Alors n’hésitez pas à participer à des évènements similaires et à faire passer le mot ! Avoir un handicap ne veut pas dire qu’on est « uniquement » un-e handicapé-e. Le but est de se faire plaisir et d’aider les gens à reprendre goût à la vie. Une action qui mérite d’être connue !
Pour aller plus loin :
- Le site de l’association Danse qui Veut, pour obtenir des informations sur les cours et les bals – si vous connaissez des asso similaires dans d’autres villes, faites tourner dans les commentaires !
- L’incroyable histoire d’Emeline, qui parcourt le monde avec son compagnon malgré sa myopathie et son fauteuil roulant !
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