Dirigé par la dynastie des Al-Khalifa, le Royaume de Bahreïn est situé sur un archipel du Golfe Persique, au Moyen-Orient. Si sa population est à majorité chiite, le pouvoir y est sunnite.
Il y a un peu plus d’un an, en plein Printemps Arabe, le peuple de Bahreïn s’est soulevé. Pourtant, ces conflits toujours actifs sont bien moins médiatisés que les émeutes marocaines, égyptiennes ou tunisiennes. Revenons ensemble sur cette tension tenace et sur la situation dans ce tout petit pays du Moyen-Orient.
Le Bahreïn : un pays confessionnellement divisé
Si les manifestants regroupent des sunnites et des chiites, ces derniers souffrent bien davantage de la répression féroce du régime. Aujourd’hui, les sunnites représentent environ 85% des musulmans et les chiites 15%. Si certains États défendent les droits des chiites, ce n’est pas le cas au Bahreïn, où ils représentent pourtant 70% de la population.
Les causes du soulèvement de la population
Malgré leur nombre, les chiites sont discriminés lorsqu’il s’agit d’accéder aux logements, aux soins et aux emplois dans la fonction publique. Toutefois, les différences de traitement entre chiites et sunnites ne sont clairement pas les seules causes du soulèvement au Bahreïn puisque des sunnites se sont greffés à la contestation : le mouvement met également en exergue des inégalités entre les classes.
Les revendications sont principalement sociales : le chômage dans ce petit pays pétrolier toucherait (officieusement) entre 15 et 30% de la population active (il n’est estimé qu’à 3% par le régime) et ce sont les chiites et les jeunes qui en sont majoritairement victimes. Enfin, le peuple accepte difficilement que le gouvernement privilégie les ressortissants étrangers de confession sunnite dans le processus de naturalisation.
Le soulèvement en quelques dates
Le 5 février, 1300 ouvriers indiens entament une grève d’une semaine, pendant que le Printemps Arabe embrase l’Afrique du Nord. Six jours plus tard, le roi Hamad annonce la distribution de 1000 dinars bahreïniens pour toutes les familles du royaume, la création d’emplois et une baisse des intérêts concernant l’accès au logement afin d’apaiser les esprits.
Le 14 février 2011, galvanisés par la situation au Maghreb, des opposants au régime manifestent, la plupart du temps de manière pacifiste, pour revendiquer un régime plus démocratique et égalitaire. L’opposition au pouvoir, menée par des formations chiites, exige la dissolution du gouvernement avant tout dialogue avec le roi. D’autres manifestants vont plus loin en demandant la chute de la dynastie des Al-Khalifa. La répression fera une vingtaine de blessés et un mort. Le lendemain, les manifestations continuent, même si le régime tente de les faire interdire à travers une répression violente et sanglante : le 17 février, un assaut de la police anti-émeute place de la Perle fera cinq victimes.
Le 22 février
, une manifestation massive (plusieurs dizaines de milliers de personnes) se déroule sans encombres à Manama, la capitale du pays. Le lendemain, le roi accède à l’une des revendications du peuple et accorde une grâce à 23 militants chiites détenus pour terrorisme. Enfin le 25 février, le gouvernement du Bahreïn annonce vouloir organiser un dialogue national afin de comprendre les besoins de la population.
Trois semaines après le début de la révolte, le régime décide cependant de faire intervenir l’armée (avec le renfort de troupes d’Arabie Saoudite et des Émirats arabes unis) afin de réprimer l’opposition. L’état d’urgence est proclamé le 5 mars, avec interdiction des rassemblements et un couvre-feu partiel. Le monument de la Perle, situé au milieu de la place du même nom, devenu symbole de la révolution, est démonté. Les forces de l’ordre arrêtent les opposants comme le personnel médical venu soigner des militants blessés. L’état d’urgence ne sera levé que le 1er juin 2011 et des manifestants continuent de se rassembler régulièrement.
Le 2 juillet dernier, Wefaq, le principal groupe du mouvement chiite, accepte de prendre part aux discussions nationales, qui rassemblent tous les deux jours 300 participants censés représenter le peuple. Pourtant, deux semaines plus tard, il décide de s’en retirer, expliquant dans un communiqué que ce dialogue « n’aboutira pas à une solution politique radicale de la crise à Bahreïn mais qu’il compliquera au contraire cette crise politique » et ajoutant également qu’il ne souhaite pas prendre part à des discussions « dont les résultats pourraient être éloignés de la volonté populaire« .
Les élections législatives partielles
Les élections législatives partielles ont eu lieu cet automne afin de remplacer les dix-huit députés de l’opposition qui ont démissionné le 27 février 2011. Le taux de participation n’a pas été communiqué, les opposants au régime ayant appelé au boycott.
La situation aujourd’hui
Depuis quelques jours, le royaume de Bahreïn fait à nouveau l’actualité. En effet, le Grand Prix de Formule 1 de Bahreïn, qui avait été annulé l’année dernière en raison des émeutes, s’est tenu bon an mal an ce week-end malgré les manifestations (qui ont conduit à la mort d’un militant) et les banderoles qui exigeant son annulation.
Cette photo, publiée par Pierre Haski sur Rue89 (qui nous a été relayée par Shatzy Shell), montre une manifestante solitaire faire le V de la victoire avec ses doigts, agenouillée quelque part dans les rues de Manama. Il s’agit de Zainab Alkhawaja (que vous pouvez suivre sur son compte Twitter, @angryarabiya), la fille d’Abdulhadi Alkhawaja, un militant des droits de l’homme condamné en juin dernier à la prison à perpétuité. Depuis le mois de février, il suit une grève de la faim afin d’attirer l’attention sur ses conditions de détention.
En quatorze mois, les manifestations n’ont jamais véritablement cessé. Entre dialogues peu concluants et répression plus ou moins féroce, la situation au Bahreïn semble inextricable. Affaire à suivre.
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
Il n'existe pas de Shiriellevivi (y'a un i en trop par rapport à mon pseudo là), donc je suppose que c'était avec le mien que le pseudo à été confondu. Mais j'ai jamais eu cet avatar ni rien, donc... Étrange !
Sinon merci pour l'article. J'étais vaguement au courant mais je ne comprenais pas grand chose, je me coucherais moins con ce soir.