On retrouve en effet des influences Motown et jazz sur les dix titres de ce magistral deuxième album, influences que la miss est parvenue à intégrer à son univers musical d’une manière très personnelle.
Rehab, premier extrait et également premier titre de l’album, est un morceau soul-jazz auquel la voix profonde de la chanteuse donne une puissance impressionnante, alliée à un texte où elle fait allusion à son passé avec l’alcool sans mâcher ses mots : « They tried to make me go to rehab, I said no no no » (rehab : littéralement cure de désintox). S’ensuit l’excellent You know I’m no good, sans conteste l’un des meilleurs titres de l’album, voire le meilleur. La voix d’Amy Winehouse s’y fait plus légère, servant une mélodie accrocheuse et irrésistible, notamment sur le refrain.
Sur le titre suivant, Me & Mr Jones, la miss s’essaie à une soul mid-tempo, sonnant résolument rétro avec les chœurs. Sa voix y garde toute sa puissance, mais son chant (qui n’est pas sans rappeler une certaine Aretha Franklin) est imprégné d’une certaine négligence qui lui donne une dimension différente et rend ce (court) morceau plus personnel. Les mêmes influences soul/Motown remises au goût du jour se retrouvent sur le titre suivant, Just friends, au rythme jazzy et chaloupé qui met encore une fois bien en valeur les performances vocales de la belle.
S’ensuit le morceau qui donne son titre à l’album, à l’ambiance assez sombre, et qui se révèle incroyablement puissant. Pas d’envolées vocales dans ce titre dont la mélodie tranquille a quelque chose de déchirant. Il s’agit certainement de l’un des meilleurs morceaux de l’album ; la maturité du chant de la miss est poignante, véhiculant un vécu contrastant avec son âge (23 ans seulement). Vécu que l’on retrouve sur Love is a losing game, où la douceur nostalgique du chant sert des paroles assez désabusées (« Why do I wish I never played/Oh what a mess we made/And now the final frame/Love is a losing game »).
La demoiselle continue de dérouler son talent sur Tears dry on their own, morceau très Motown-like, au rythme entraînant qui cependant véhicule encore une fois des sentiments puissants, à l’instar du morceau suivant, Wake up alone, à la mélodie et au texte poignants, magnifiquement servis par le chant de la belle. La même émotion transparaît au travers du sublime et très soul Some unholy war. Le dernier titre de l’album, He can only hold her, très groovy, révèle un chant plus sensuel et clôt en beauté ce petit bijou qu’est Back to Black.
Amy Winehouse, si elle n’est pas encore connue en France, est déjà largement encensée par la critique en Angleterre, et ce deuxième opus, alliant influences fifties et sixties, et textes poignants et autobiographiques servis par une voix peu commune, est promis à un joli succès. Vous l’aurez compris, la demoiselle, d’une maturité impressionnante du haut de ses 23 ans, est une vraie révélation ; et Back to Black, une petite merveille à écouter de toute urgence.
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