C’est grâce à une pétition lancée par une professeure de lettres du Val-de-Marne, Françoise Cahen, qui a recueilli près de 20 000 signatures, que nous avons cette bonne nouvelle à vous communiquer : une auteure intègre pour la première fois le programme de français du baccalauréat littéraire.
La pétition en question était parvenue à attirer l’attention de la ministre Najat Vallaud-Belkacem, qui avait dès lors promis dans sa réponse en mai 2016 de rajouter comme critère de sélection des œuvres au programme un soin particulier porté sur la présence d’ouvrages écrits par des femmes.
Madame de Lafayette fait donc son entrée au programme avec son roman La Princesse de Montpensier. Yay !
Une femme au programme du bac L : un succès en demi-teinte
Vous aussi, vous grincez des dents ?
C’est une bonne nouvelle, nous en conviendrons toutes et tous, et il est évident qu’il faut s’en réjouir.
Mais je vous avouerai volontiers être complètement tombée des nues en découvrant que jamais une seule femme n’avait été mise au programme du baccalauréat jusqu’à ce jour.
Difficile, du coup, de se réjouir pleinement de la résolution d’une injustice que l’on n’imaginait pas une seconde.
Avec le recul, la consternation n’est que plus forte : ayant été élève de première et terminale littéraire, puis de prépa
et de licence de lettres modernes, j’ai du mal à dénicher dans ma mémoire une œuvre étudiée au cours de ma scolarité qui soit signée par une auteure.
Pourtant, les noms ne manquent pas à travers l’Histoire littéraire : George Sand, Simone de Beauvoir, Madame de Staël, Colette, Marguerite Duras, Madame de Sévigné, Marguerite Yourcenar, Nathalie Sarraute, Olympe de Gouges, Françoise Sagan, la Comtesse de Ségur…
Ce sont autant de noms qui ont posé une pierre importante dans l’édifice de notre patrimoine culturel. Sans compter toutes les femmes de l’ombre aux textes peut-être plus confidentiels qui gagneraient à être connus.
Le monde de la littérature semble bien complexe : entre le sexisme évident, le snobisme de genre littéraire ou d’époque, il semblerait que l’on ait du mal, en France, à laisser une place à la diversité.
À lire aussi : Le snobisme littéraire, une plaie qu’il est possible d’éviter
Comment se fait-il qu’en 2017 nous soyons encore confronté•es à ces problèmes d’une autre époque, sans forcément s’en rendre compte ?
Est-ce symptomatique d’une simple inconscience ? Je n’avais jamais percuté que j’étudiais peu voire pas d’auteures, peut-être par conditionnement scolaire ou simple absence de réflexion de ce type.
Un enjeu émerge de cette situation : les futur•es professeur•es, et surtout celles et ceux d’aujourd’hui, doivent être sensibilisé•es à la question pour que l’on puisse espérer voir bouger les choses et que l’étude des œuvres de femmes devienne une évidence — sans qu’elle soit une spécialité ou une originalité.
Une femme au programme du bac L : George le deuxième texte, une piste de solution
Vouloir une justice paritaire dans l’étude de textes littéraires, c’est bien. Mettre en place des outils pour le faire, c’est mieux !
C’est le cas de la plateforme George le deuxième texte, conçue lors d’un hackathon autour de l’égalité hommes-femmes.
Le site met à disposition des professeurs une base de textes écrits aussi bien par des femmes que des hommes dans une volonté exhaustive paritaire.
Il est ainsi possible de faire des recherches autour des sujets abordés par le programme scolaire et d’enrichir son corpus autour d’un thème, d’une époque, d’un style, avec des œuvres de femmes.
L’outil permet non seulement d’enrichir son étude avec encore plus de sources autour d’une même thématique, mais aussi de montrer, au passage, que des femmes ont écrit à ce sujet.
La littérature peut avoir un poids important dans la construction identitaire d’un individu (n’avez-vous pas déjà entendu quelqu’un parler d’un « livre qui change une vie » ?) alors c’est une exemplarité précieuse pour les jeunes filles en pleine construction personnelle qui peuvent trouver des modèles d’identification.
Et peut-être qu’ainsi, dans quelques années, les futures auteures auront la reconnaissance qui leur est due.
À lire aussi : Que faire après une terminale littéraire ?
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Les Commentaires
Je jetterai peut-être un coup d'oeil à Jean Sénac alors ! Je pense que ça peut apporter pas mal de matière à la réflexion, merci
Je présenterai Violette Leduc avec joie, c'est une auteur complexe mais qui, je pense, mériterait d'être un peu plus connue. Je passe de ce pas sur ton topic