Pour tout te dire, quand j’ai entendu parler de Babysitting, j’ai plus levé les yeux au ciel que crié au génie. Je suis allée le voir à reculons, avec l’espoir que les deux compères du Palmashow relèvent un peu le niveau bas de plafond de cette comédie qui s’annonçait vraiment très mal.
Déjà, le synopsis avait tout d’un Projet X avec les divagations éthyliques d’un Very Bad Trip à la française (je dis « à la française » pour dire « avec moins de budget », là). Laisse-moi te conter l’histoire de ce scénario sans croustillant ni paillettes : Marc Schaudel, riche directeur d’une maison d’édition, remplace à la dernière minute sa baby-sitter par un employé qu’il vient tout juste de rencontrer.
Manque de bol, Franck fête ses trente ans le soir même et ses potes n’ont pas franchement envie de le laisser garder le mioche devant un DVD de Wayne’s World. Ils débarquent donc chez les Schaudel pour la fête de l’année… jusqu’à ce que ces derniers reçoivent un appel de la police leur signalant que leur fils et le baby-sitter ont disparu.
Le récit se fait alors par images transposées via un caméscope retrouvé sur place : c’est le found-footage, une technique décidément très en vogue.
Ça s’annonçait très mal (pour moi en tout cas, qui suis une despote du scénario réchauffé). J’étais donc étonnée de sortir de la salle avec un sourire bright aux lèvres et cette impression de fin de soirée un peu folle. Contre toute attente, j’ai aimé passer une heure et trente minutes de ma vie devant Babysitting ! Laisse-moi t’expliquer pourquoi…
Babysitting, un vrai feel-good movie
Entre les monstres qui passent leur temps à détruire la moitié du monde et les complots entre super-puissances, la population humaine a tendance à s’en prendre plein la tronche au cinéma. Du coup, ça fait du bien, parfois, de se rappeler qu’on peut aller faire nos courses à Carrefour sans craindre que Godzilla ne nous tombe sur la gueule.
Babysitting n’est pas tout à fait là pour montrer la vraie vie des gens normaux : il extrapole avec des personnages toujours dans l’excès, aux personnalités naïves. C’est justement ce ton démesuré qui rend le tout jouissif !
Un anniversaire, pour la plupart des gens, c’est dix invité-e-s et deux ou trois bouteilles de rosé. Ici, Franck se retrouve au beau milieu d’une orgie incontrôlable. La situation lui échappe dès le début, jusqu’à atteindre la déraison totale et la quasi-destruction de la superbe villa des Schaudel.
Le film est vraiment drôle et il ne joue finalement pas dans la même cour que Very Bad Trip. Bon, certes, il y a un dromadaire, mais je l’ai vraiment vu comme un clin d’oeil assumé qui disait clairement « On t’aime bien Todd Phillips, mais on va pas faire comme toi, ok ? ».
Là où les Américains ont vu qu’ils pouvaient fusionner tout et n’importe quoi pour créer des rebondissements très drôles, car totalement WTF, Babysitting repose sur des situations exagérées mais plausibles. Cet aspect est appuyé par le traitement en caméra à l’épaule, pas innovant mais justifié, qui plonge le spectateur dans le WTF total.
Le film s’éloigne aussi de Projet X dans le sens où il ne se concentre pas tout le temps sur la soirée. Franck et sa bande de potes partent en effet à la recherche de Rémi (le gamin dont ils sont censés s’occuper), qui a préféré fuir à la fête foraine.
Cette séquence au milieu des barbes à papa et des forains fait vraiment du bien. Voir les personnages les bras en l’air dans des manèges de la mort, c’était vraiment un vent de fraîcheur sur les spectateurs
. Il faut croire que la joie de vivre est sacrément contagieuse !
Le granité goût tropical, ma madeleine de Proust.
On peut reprocher à Babysitting de tomber dans le bon sentiment un peu niaiseux. Mais je te rappelle qu’on parle d’une comédie française et que depuis Jean de la Fontaine, on ne sait pas faire sans une morale de grand sage à la fin. C’est comme ça. Et ce ne sont pas forcément ceux qui ont fait les plus grosses bêtises qui auront droit à leur sermon, car le propos est ailleurs : il faut savoir faire des concessions pour profiter des gens qu’on aime. C’est beau.
Même si le happy-end est gros comme un building il vaut mieux qu’une fin sur le ton du Dernier Samouraï. Si tu n’as pas le moral, Babysitting pourrait bien te redonner un peu d’espoir pour finir ta semaine avec une belle dose de rigolade !
Babysitting est ancré dans l’humour de 2014
Si le film est déjà un succès (avant sa sortie) c’est aussi, et surtout, grâce à son casting qui sent bon l’air du temps. Acteurs comme réalisateurs ont tous déjà mis un pied (ou les deux jambes) dans le lol.
Nicolas Benamou a réalisé les sketches du Morning Live, ainsi que la plupart des clips de Fatal Bazooka ; Philippe Lacheau a participé à l’écriture du one-man-show de Stéphane Rousseau et créé des sketch pour Le Grand Journal avec La bande à Fifi. Ils ont tous les deux réalisé le film, épaulés par Tarek Boudali qui s’est occupé du scénario et des dialogues.
On sent bien qu’avant d’être des acteurs, beaucoup de gens apparaissant à l’écran sont avant tout des blaguistes. Leur jeu est très exagéré et parodique, mais le but étant de faire rire, je pense que c’était le moment de sortir le grand jeu (dans l’autre sens du terme) !
Cette tête est ancrée en moi à jamais.
Pour être honnête, les acteurs jouent tous assez mal (sauf Alice David, très naturelle, qui s’en sort vachement bien) mais le film s’en sort quand même assez bien.
Très bonne surprise si tu es fan du Palmashow : Grégoire Ludig et David Marsais sont dans la place ! Même s’ils ne font pas partie de la quintette principale, ils font un super clin d’oeil à tous ceux qui les soutiennent et aimeraient les recouvrir de bisous.
Bref, ce qui est cool dans Babysitting c’est que l’humour y est vraiment moderne. On est très loin des gros budgets un peu plan-plan à la Dany Boon ou Gad Elmaleh. Mis à part la présence de Gérard Jugnot, parfait en papa bourge égocentrique, le film est loin d’être très grand public ! Le rire qu’il provoque, c’est le tien, celui de tes potes et de ton voisin de palier — pas forcément celui de ta mère ou de ton oncle.
Babysitting n’est pas de ces films qui nécessitent forcément un grand écran pour être apprécié (un jour, j’ai vu un mec regarder Pacific Rim sur son Iphone dans le métro, j’ai cru mourir), mais il serait dommage de le bouder sous prétexte qu’il semble fouillis et pas très novateur. Dans le milieu de la comédie française, il l’est, je te l’assure.
Fuis les spoilers qui traînent un peu partout sur le Net aujourd’hui — je pense que tu n’es pas sans savoir qu’un film drôle l’est seulement si on n’en connaît pas toutes les blagues à l’avance — et cours poser tes fesses au cinéma. Je te promets que tu sortiras de là avec l’envie d’une bonne pinte entourée de tes meilleurs potes. La vie, quoi.
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