« Il est temps de déclarer fermés les Jeux Olympiques du racisme en France. » Dimanche 17 mars 2024, un collectif de soixante-neuf signataires, dont les anciennes ministres déléguées à l’égalité femmes-hommes Élisabeth Moreno et Isabelle Rome, ou encore la journaliste Audrey Pulvar, ont publié une tribune en réaction au déferlement de haine raciste dont a fait l’objet la chanteuse Aya Nakamura, à l’annonce de sa prestation prochaine lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques.
Une campagne de dénigrement à son encontre
Depuis l’annonce qu’Aya Nakamura, artiste francophone la plus écoutée dans le monde, pourrait reprendre une chanson d’Édith Piaf lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris, les groupuscules d’extrême droite s’en donnent à cœur joie et mènent une large campagne de dénigrement à son encontre.
Exemple particulièrement saillant de ce « racisme nu », comme le qualifient les signataires de la tribune de soutien à l’artiste, une banderole particulièrement abjecte a été déployée sur un pont parisien la semaine dernière. On pouvait y lire « Y’a pas moyen, Aya, ici c’est Paris, pas le marché de Bamako », référence aux origines de la chanteuse, née au Mali, et aux paroles de son tube Djadja.
Un mode opératoire qui n’a rien de nouveau
Comme le rappellent les signataires, Aya Nakamura n’est malheureusement pas la première artiste noire à faire les frais de ce racisme crasse. La cantatrice Jessye Norman en 1989, les rappeurs Black M en 2000 et Youssoupha en 2021…
Tous ont été victimes de cette « partition bien connue » qui vise à discréditer ces artistes sur la base de leur couleur de peau. « Le point commun de toutes ces consternantes affaires ? Des artistes talentueux, toutes et tous à la peau noire, qui s’engagent pour la fraternité, et qui sont critiqués, voire empêchés » martèlent les signataires de la tribune. Ce qui est d’autant plus inquiétant, c’est le caractère de plus en plus décomplexé de ce racisme qui investit en toute tranquillité et sans crainte de représailles l’espace public. Et qui va à l’encontre des valeurs qu’entend prôner la France, à la veille d’une manifestation sportive au rayonnement international : ces « polémiques navrantes », rappelle la tribune, « sont à l’opposé de toutes les valeurs que notre pays aspire à porter dans le monde, et dont ces Jeux olympiques seront la vitrine ».
Quant au fait de reprendre Édith Piaf, choix qui ulcère les racistes, la tribune remet les pendules à l’heure : les deux artistes ont beaucoup en commun, à commencer par « une enfance populaire, des origines étrangères – maliennes pour Aya Nakamura, italiennes et maghrébines pour Édith Piaf -, une ascendance d’artistes, et, surtout, le fait d’être toutes les deux le visage de la chanson française dans le monde entier ».
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Ne jamais se taire, ne jamais tolérer
Dernier enseignement, soutien la tribune, il ne faut jamais laisser passer ce genre d’attaque et couplé son indignation de sanctions fortes.
« S’offusquer toujours lorsqu’une personne est attaquée simplement pour ce qu’elle est – le racisme, le sexisme, l’antisémitisme, les discriminations sur l’origine ou la religion n’ont pas droit de cité dans notre société, jamais. Mais la colère à répétition ne sert à rien si elle n’est pas suivie d’action. Lutter contre ces poisons doit être une politique publique portée au plus haut niveau de l’État, mobilisant tous les ministères, articulée à une action pénale réellement dissuasive, et dans un paysage médiatique où les entreprises de médias respectent effectivement leur cahier des charges qui prohibe – qui a toujours prohibé – la diffusion des discours de haine. ».
« La xénophobie ne sera jamais un sport olympique » (Élisabeth Moreno et 69 cosignataires). La Tribune Dimanche, 17 mars 2024
Vendredi, le parquet de Parisa a annoncé l’ouverture d’une enquête après un signalement de la Licra, dénonçant des publications à caractère raciste visant la chanteuse. Une plainte a également été déposée par l’association SOS Racisme.
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