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Avril

Avril, sorti en 2006, est le premier long-métrage de Gérald Hustache-Mathieu, jeune réalisateur français. Malgré quelques acteurs célèbres (Miou-Miou, Nicolas Duvauchelle, Clément Sibony), le film est passé inaperçu à sa sortie.

L’histoire, pourtant, est plutôt originale et dans l’idée assez intrigante. Elle tourne autour d’une jeune fille, Avril, élevée dans un couvent et sur le point de prononcer ses vœux. Sous l’autorité de sa mère supérieure, elle semble décidée. Mais c’est sans compter sur sœur Bernadette qui regarde d’un mauvais œil l’engagement prochain de la novice et lui avoue ses propres regrets. Lorsque la jeune fille se retire dans une grange pour deux semaines de jeun et de silence, sœur Bernadette lui chuchote un secret à la porte : lorsqu’elle a été recueillie par les sœurs, elle venait d’être trouvée abandonnée… en compagnie d’un autre nouveau-né. Le petit garçon, lui, a été confié à l’orphelinat du coin. La sœur conseille à Avril de profiter de ses deux semaines de liberté pour partir à la recherche de son frère. Elle promet de dissimuler son départ.

LA GRANDE EVASION

A partir de cette fiction originale, Avril développe de belles idées. La base est simple : faire découvrir le monde à une jeune fille qui, ayant grandi dans un couvent, entourée de religieuses et dans l’austérité que cela suppose, n’en connaît rien. C’est une jolie idée. La fiction développée par le film est donc excitante dans le sens où elle n’est d’abord qu’un moyen de créer cette situation d’ignorance totale du monde, et par là sa découverte.

C’est en ce sens qu’Avril donne lieu à quelque chose de beau. D’abord parce que le monde que découvre Avril à sa sortie est un monde épuré de toutes ses scories négatives. Très peu d’acteurs dans le film, des lieux quasi-désertiques où se retrouvent les personnages… Le monde que découvre la jeune fille est un monde isolé, reculé, un monde hors de la société. Elle rencontre un jeune homme sur le bord de la route, retrouve au bord de la mer son frère et son amant… rien d’autre. Ce petit monde va fonctionner en vase-clos. Mais c’est ici un vase-clos positif, délicieux même. On pourrait croire qu’il y a de la part du réalisateur et scénariste une certaine hypocrisie dans le fait de prétendre que ce monde à part que découvre la jeune fille, ce monde si doux est le nôtre. C’est en fait parce que la fiction de cette évasion n’est qu’un prétexte : prétexte pour montrer un peu de douceur, nettement grandie par l’idée qu’elle est découverte par la jeune fille pour la première fois.

Il n’y a pas grand-chose dans Avril : un monde simple seulement. Un bord de mer, une maison presque abandonnée, une cabane. Le strict nécessaire, l’essentiel. Un vieux mange-disque, quelques chansons de Christophe, un vieux maillot de bain, une vieille robe. La mer, un bon repas, une danse. Le monde dans lequel plonge Avril est épuré, simple. Dans la fiction ainsi développée, il n’y a qu’à investir le monde et chaque situation dans sa simplicité la plus douce de notre propre connaissance de la vie, de notre propre expérience. L’idée d’y plonger une fille qui ne connaît rien du monde est là pour ça : pour plonger à corps perdu dans sa douceur, pour faire quelque chose de beau, de poétique et de sensuel, à cent lieues sans doute de ce qu’est le monde dans lequel elle se serait retrouvée en réalité.

C’est pour cette raison que quelques incohérences du scénario… disons plutôt quelques coups de force un peu trop lourds, trop patauds, passent dans Avril avec une facilité et un naturel presque déconcertant. Nous sommes avec Avril dans un autre monde : un monde plus doux, un monde à part, un monde hors du monde qui tourne, de façon positive, autour de lui-même et de sa propre sensualité.


© Haut et Court

LE GOUT DES COULEURS

Autre prétexte dans la fiction : faire d’Avril une peintre, folle de peintures et de couleurs, et le premier homme qu’elle rencontre en sortant du couvent un employé du magasin de couleurs de la région. Il se balade avec des pots dans sa camionnette… c’est par la couleur que se concrétise l’amour et la douceur de la vie, leur sensualité. Ce sont les moments où Avril peint, où Avril et Pierre préparent les couleurs, où ils peignent avec des enfants, qui sont les points culminants de la sensualité d’Avril, de sa douceur et de sa tendresse. Contre la morosité du couvent se déploient la beauté des corps et de la Camargue, la poésie d’un corps nu plongé pour la première fois dans la mer ou recouvert, coup de pinceau après coup de pinceau, de peinture rose ou bleue.

La principale originalité d’Avril est dans cette palette de couleurs, chacune projetant dans notre esprit un océan de sensations : douces, sensuelles ou agréables comme austères (la boue de l’enfance d’Avril), cruelles ou symboliques. Le monde fictif d’Avril tourne autour de ce goût des couleurs, de la douceur et surtout de la sensualité qu’il suppose. C’est plutôt le monde d’un conte ou d’une fable : délicieux, avec la chanson finale, « Luna de Abril », comme un souffle de vie.


Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.

Les Commentaires

2
Avatar de constanceg
11 novembre 2008 à 00h11
constanceg
est-ce que qqn a une idée d'un site ou je pourrais me procurer ce film??
pour le moment a part des dvds sur avril lavigne.. rien -_-"
0
Voir les 2 commentaires

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