Esther est partie recueillir les témoignages des jeunes femmes de plusieurs pays, à travers le monde, avec une attention particulière portée aux droits sexuels et reproductifs : liberté sexuelle, contraception, avortement.
Elle a déjà rendu compte de ses rencontres avec des Sénégalaises, puis avec des libanaises, et sa troisième étape l’a menée en Irlande du Nord (Royaume Uni) et en Irlande ! Elle y réalise interviews, portraits, reportages, publiés sur madmoiZelle au fur et à mesure : voici le premier.
Tu peux aussi suivre au jour le jour ses pérégrinations sur les comptes Instagram @madmoizelledotcom et @meunieresther, avant de les retrouver ici bientôt !
C’est aujourd’hui que les irlandais et irlandaises sont appelés à voter, pour assouplir la législation liée à l’avortement dans leur pays.
Ce 25 mai 2018, un référendum se tiendra en Irlande pour abroger le 8ème amendement de la Constitution.
En effet, celui-ci consacre « le droit à la vie des enfants à naître », considéré égal à celui de la mère. Dans les faits, ça veut dire que l’avortement ne peut être légal que s’il y a un « risque sérieux et réel » pour la vie de la mère.
Voter pour le « oui » viserait à remplacer cette disposition par la suivante :
« La loi peut prévoir les conditions de régulation des interruptions de grossesses. »
En VO dans le texte : « Provision may be made by law for the regulation of termination of pregnancy. »
Cela permettrait de faire évoluer la loi concernant l’avortement en Irlande, sans définir immédiatement en quels termes. L’enjeu de ce référendum est donc d’obtenir la possibilité de légiférer différemment sur la question de l’avortement, ce qui n’est pas permis aujourd’hui par la Constitution.
Si tu veux en savoir plus sur la journée d’aujourd’hui et l’ambiance à l’heure du vote, Esther était en direct sur Radio Canada ce 25 mai dans la matinée et son interview est disponible ici.
Le fait est que comme partout dans le monde, une loi anti-choix n’empêche pas les femmes qui en ont désespérément besoin d’avoir accès l’avortement, en tous cas pour la majorité d’entre elles.
Beaucoup de personnes ont fait le voyage jusqu’au Royaume-Uni le plus souvent, mais éventuellement dans d’autres pays, pour pouvoir avorter.
J’ai rencontré et échangé avec trois d’entre elles. Trois femmes, de différentes nationalités, qui ont dû prendre un avion pour recevoir les soins dont elles avaient besoin.
Avorter en Irlande en 1986, le secret et la honte
Il faut savoir que le 8ème amendement, qui pourrait être abrogé par le référendum d’aujourd’hui, date de 1983. Et c’est à travers un référendum qu’il avait été introduit, comme le racontait déjà une militante rencontrée lors des premiers jours sur place.
Aine*, 39 ans, 15 ans à l’époque, se souvient.
« C’était un lavage de cerveau terrible, à travers tout le pays. L’Église était tellement puissante, c’était impressionnant.
Être ado en ces temps, et voir les femmes montrées du doigt comme ça, c’est un traumatisme qu’on n’oublie pas. »
D’autant moins que seulement quelques années après ce référendum, Aine a un jour réalisé qu’elle avait du retard dans ses règles.
« Je venais juste d’avoir 18 ans. J’avais un copain à l’époque, et mis à part lui, qui était d’un soutien énorme, je ne pouvais en parler à personne.
Il y avait eu une telle campagne contre l’avortement juste trois ans auparavant, c’était impossible d’en parler, je ne pouvais certainement pas en dire ne serait-ce qu’un mot à ma mère qui était très religieuse. »
Pour en avoir le cœur net, elle a pris rendez-vous chez un gynéco.
« Je suis allée au rendez-vous. Il m’a examinée, il m’a touchée la vulve. Et il m’a dit que j’étais enceinte mais qu’il ne pouvait rien faire pour moi.
En fait, je n’en étais pas consciente mais ce qu’il venait de faire, cet examen n’était absolument pas nécessaire, ça relevait des attouchements. Mais son verdict était sans appel, je me suis effondrée. »
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Un avortement « fantôme » et des attouchements en prime
À ce moment-là, en Irlande, le simple fait de parler d’avortement, d’en faire la publicité était interdit.
« Même dans les magazines féminins qui venaient du Royaume-Uni, les publicités pour des cliniques destinées aux femmes étaient remplacées par un blanc. J’avais entendu que dans les toilettes des pubs, les femmes s’échangeaient un numéro clandestin.
Alors j’ai cherché, et au dos d’une porte, j’ai trouvé. J’ai appelé. C’était une femme irlandaise, qui m’a donné un autre numéro. Celui d’une organisation complètement clandestine à l’époque mais qui aidait les femmes à avorter. »
Avec l’aide du Centre, Aine organise son avortement en prenant rendez-vous dans une association Marie Stopes International en Angleterre.
« C’était vraiment très cher, entre le voyage et la procédure. Ça a pris du temps qu’on réunisse l’argent. Mon copain y a mis tout ce qu’il avait économisé de son petit boulot.
Sa sœur vivait à Londres et heureusement elle a pu nous héberger. »
Aine se rend donc à la clinique de Marie Stopes après un long voyage. Et il s’y passe quelque chose d’incompréhensible.
« J’aurais dû être à 12 semaines selon mes calculs. Mais le gynéco m’a regardé, et il m’a dit que je n’étais pas enceinte. Que je ne l’avais jamais été. Donc en réalité, le gynéco que j’avais vu en Irlande et qui m’avait déjà agressée sexuellement m’avait en prime raconté n’importe quoi.
Mais j’étais tellement stressée, je les ai supplié de faire la procédure quand même, bien que techniquement il n’y avait rien à faire puisque je n’étais pas enceinte. »
La compassion des infirmières anglaises
Quelques années plus tard, Aine tombe bel et bien enceinte cette fois-ci. Elle a 24 ans.
« C’était à l’époque du scandale du X case, une jeune fille avait été violée, ses parents avaient essayé de la faire sortir du pays pour avorter mais un procureur général l’en a empêchée.
J’avais manifesté avec d’autres personnes pour protester contre ça. Le contexte restait extrêmement tendu. Et moi, je me suis retrouvée enceinte à 24 ans alors que je n’étais absolument pas prête à être mère.
J’étais dans une relation abusive que j’essayais de fuir et si j’avais cet enfant, je savais que je pourrais plus me défaire de lui. Donc il fallait absolument que j’avorte. En plus, c’était en quelques sortes à cause de lui que j’étais enceinte, car il avait promis qu’il se retirerait, et il ne l’a pas fait. »
Ce sont quelques ami·es très proches qui l’ont aidée à réunir les fonds pour entreprendre, une fois encore, le voyage en Angleterre.
« C’était un trajet largement teinté de honte que j’ai fait en secret.
À la clinique, à Londres, il y avait au moins 9 autres femmes irlandaises comme moi ce jour-là.
Encore une fois c’était tard, j’étais à 13 semaines, parce que j’avais mis du temps à réunir l’argent nécessaire.
Mais les infirmières étaient adorables. Je me souviens que l’une m’a dit qu’elle était désolée qu’on ait à faire tout ça pour pouvoir avorter. »
Aine avait réservé un Bed & Breakfast où elle était toute seule, perdant du sang. Et elle a continué de perdre du sang sur le trajet du retour.
« C’était horrible, de ne rien pouvoir dire à personne parce que c’était considéré comme un crime. »
Le tabou de l’avortement, encore extrêmement pesant dans l’Irlande de 2018
Aine est aujourd’hui journaliste, elle a deux enfants. Son histoire se passe dans les années 80 et 90. Mais aujourd’hui encore de nombreuses femmes doivent voyager hors d’Irlande pour avoir accès l’avortement.
Étonnement, trouver une femme irlandaise prête à témoigner s’est révélé extrêmement complexe. Je crois comprendre, d’après les discussions et les recherches que j’ai faites, que c’est lié à ce long historique de honte, de secret, de tabou entourant l’avortement en Irlande.
Malgré le fait qu’elles répondent chaque fois qu’elles avaient des proches concernées, elles se fermaient sitôt que je voulais aller plus loin dans la discussion.
Lorsqu’on ne peut avorter ni là où l’on vit, ni là d’où l’on vient
Il a été plus facile d’aborder le sujet avec des étrangères vivant en Irlande. Betty*, écossaise, a accepté de me raconter son histoire.
« J’avais 27 ans, c’était en 2013. Sans ma mère, je ne sais pas ce que j’aurais fait.
Honnêtement, je n’avais pas plus de raisons de ne pas le garder que simplement « je ne veux pas d’enfants maintenant ».
C’est pour ça que ça a été si dur d’en parler aussi car certaines personnes peuvent estimer que j’aurais dû le garder. »
Betty prenait la pilule, mais elle lui a fait défaut.
« J’avais une semaine de retard, alors j’ai acheté un test. Un pas cher. Et il était positif. Alors j’en ai acheté d’autres, des plus chers, des mieux. J’ai fait les deux.
Positifs aussi.
Là je me suis dit « arf, super, et dire que ma mère m’avait toujours dit qu’il ne fallait pas que ça arrive en Irlande à cause de la loi ».
J’ai appelé mon copain, et je pense que j’ai été un peu égoïste. J’ai dit tout de suite que j’allais avorter, alors que lui, à ce moment-là, avec l’environnement dans lequel il avait grandi, il n’était pas pour ce genre de choses. »
Betty tente d’aller chez un médecin, espérant avoir des conseils. La seule réponse qu’elle obtient est « je sais ce que vous voulez, mais je ne peux rien vous conseiller à ce sujet-là, si c’est ce que vous voulez il va falloir repartir chez vous ».
« J’ai cru que je pourrais juste aller en Écosse, d’où je viens, mais selon eux, ça faisait trop longtemps que je ne vivais plus là-bas. Ça m’a rendue tellement triste parce qu’en Écosse, c’est juste normal d’avoir accès à l’avortement.
Mais dans mon cas, et alors même que j’avais vu des femmes étrangères, polonaises par exemple, y accéder gratuitement là-bas, ce n’était pas possible. »
Il a donc fallu qu’elle se rende en Angleterre après avoir obtenu une lettre « de la part d’une sorte de psychologue rencontrée dans une clinique qu’on m’avait conseillée ».
La solitude des femmes qui font face à une grossesse non désirée en Irlande
Pour le reste, c’est la mère de Betty qui a tout organisé car elle ne parvenait pas à le faire.
« Par mail, elles m’ont proposé deux dates, mais avec tellement d’écart ! En mars, ou en juin.
Et celle de mars, c’était notre anniversaire avec mon copain, nos 3 ans. Mais j’ai décidé que je ne pouvais pas attendre juin, qu’il y avait des priorités.
Le seul problème, c’est qu’il fallait que je sois au moins enceinte de 6 semaines pour faire la procédure, et je n’étais pas sûre car je n’avais pas fait d’échographie de datation. J’ai quand même pris le rendez-vous en disant que si c’était trop tôt, je trouverais une autre solution. »
On avait conseillé à Betty de ne pas y aller seule mais sa mère ne pouvait pas l’accompagner, sa sœur non plus.
« J’ai fini par le dire à ma meilleure amie du moment, allemande, et elle a été parfaite. Alors qu’elle était si jeune, beaucoup plus jeune que moi elle devait avoir 21 ans. C’est elle qui répondait aux gens dans l’avion qui demandaient si on allait en week-end que oui, on était parties faire du shopping.
C’était frustrant car en Écosse, je peux penser à au moins 5 amies qui ont avorté aussi mais ici, je ne savais vraiment pas à qui d’autre je pouvais en parler.
Je savais juste qu’il fallait que je mette fin à cette grossesse.
Je ne regrette rien et d’ailleurs, parfois je me demande si c’est normal, de ne pas se sentir mal. »
Lorsqu’elle me raconte le trajet de l’aéroport à la clinique, Betty fond en larmes.
« C’était comme marqué sur notre front, ce qu’on était venues faire. Le chauffeur de taxi n’avait pas besoin de lire l’adresse, il savait. Il n’a pas été méchant, mais c’était juste tellement horrible. »
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Devoir penser à son avion du retour alors qu’on se réveille à peine de l’anesthésie
Betty n’avait pas proposé à son copain de venir et elle a été soulagée qu’il ne le suggère pas.
« Je ne voulais surtout pas qu’il montre une quelconque négativité une fois là-bas, de peur qu’on me refuse la procédure.
J’ai dû signer tous les documents par moi-même car mon amie ne pouvait pas m’accompagner, c’est le seul moment où l’une des infirmière a été un peu abrupte car je découvrais certains des effets secondaires possibles, je posais des questions et elle répondait « tu ne sais pas ça ? Tu aurais dû te renseigner avant ». »
Betty enfile finalement une blouse médicale, patiente dans un box, seule, avant de rentrer dans la salle d’opération. De nouveau, sa voix se brise lorsqu’elle raconte :
« J’avais si peur, je pensais « mais qu’est-ce qui va se passer si je ne me réveille pas ? ».
Mon amie avec ma mère et mon copain étaient les seuls à savoir où j’étais et c’était horrible de l’imaginer dire à ses parents qui sont définitivement contre l’avortement ce qui s’était produit.
Mais finalement je me suis réveillée, et les infirmières et infirmiers ont été tellement parfaits. »
Dans la salle où elle se remettait, il y avait aussi une jeune fille d’une quinzaine d’année qui était dans le même avion qu’elle avec son copain, une femme de 40 ans avec un accent irlandais également et trois jeunes filles visiblement anglaises.
« C’était un tel décalage, d’entendre ces trois-là parler comme si de rien n’était de ce qu’elles allaient manger le soir et de la série qu’elles regardaient, alors que moi je pensais déjà au fait de me dépêcher pour mon avion et que je voyais les deux autres irlandaises si tristes et abattues. »
« J’ai cru que j’allais mourir »
Mais alors qu’elle veut se lever pour repartir, Betty est prise d’une douleur insoutenable.
« Je sais que ça semble exagéré, mais j’ai vraiment cru que j’allais mourir », dit-elle des larmes dans la voix.
« Il s’est avéré qu’ils avaient « oublié » de me faire une injection que j’aurais dû recevoir pendant l’anesthésie et que je n’avais pas eu, et c’est pour ça que j’étais dans un tel état. »
Pendant tout ce temps, elle est terrifiée à l’idée de louper son avion du retour et de devoir expliquer à ses proches, à ses collègues, où elle est.
Quand elle peut finalement rejoindre son amie, c’est en pleurs qu’elle la retrouve.
« Les infirmières ne pouvait pas lui donner d’informations comme elle n’était pas de la famille, et elle avait vu pendant 7h des gens rentrer après moi et ressortir avant. C’était horrible pour elle. »
Au total, la procédure et les billets lui avaient coûté près de 1 000 euros.
En rentrant chez elle, Betty a retrouvé son copain irlandais.
« Mon amie m’a proposé de dormir chez elle mais j’ai préféré rentrer pour voir mon copain. C’était pas génial comme décision en fait. Il a été négligent, il n’a même pas demandé comment j’allais.
C’était compliqué parce qu’on était chez ses parents, il avait pris sa journée car c’était difficile pour lui aussi. Il a dit « j’ai parlé avec mes amis et ça va mieux », ça m’a rendu folle car moi-même je n’en avais parlé à personne ! Et ses amis étaient contre aussi ! »
Aujourd’hui, Betty lui a cependant demandé d’être sa voix dans le référendum.
« Il a accepté de voter oui pour moi. Je pense que son point de vue sur la question a un peu évolué, j’ai du mal à le blâmer car c’est aussi dû à la culture dans laquelle il a grandi. »
Un déni de grossesse en Irlande
À l’inverse de Betty ou d’Aine lors de son second avortement, Céline*, une jeune française rencontrée à Cork me raconte que son partenaire a été d’un soutien infaillible lorsqu’elle aussi a dû faire face à une grossesse non planifiée en Irlande.
« J’ai avorté au tout début du mois de février 2018. J’ai fait un déni de grossesse de trois mois, je m’en suis rendu compte à la fin du mois de janvier en fait.
Quand je suis tombée enceinte, ça faisait déjà deux mois que je n’avais plus mes règles. Comme ça m’arrivait souvent, je ne m’en étais pas rendu compte.
J’avais arrêté ma contraception en décembre justement pour essayer de remettre mon corps dans un rythme « normal », mais en réalité le gynécologue m’a expliqué il était tellement déréglé que j’étais déjà enceinte à ce moment-là, que ma contraception n’avait simplement pas fonctionné. »
Ce sont des symptômes « étranges » qui lui ont mis la puce à l’oreille :
« J’ai repris du poids beaucoup plus vite qu’habituellement, je transpirais des aines, j’avais la nausée…
J’ai fini par acheter un test à la fin du mois, alors que mon partenaire était en France en vacances. C’est quand j’ai vu que c’était positif que j’ai fait des recherches et compris que c’était illégal d’avorter ici.
J’ai appelé immédiatement mon partenaire, je savais qu’il voulait un enfant, il est plus vieux que moi, il a 35 ans, mais moi je suis au début de ma vingtaine, je ne me sens pas du tout de devenir mère.
Je lui ai dit, et il a eu une très bonne réaction. Il m’a dit on l’a fait tous les deux mais c’est ton corps, si tu veux le garder, on le garde, sinon on s’organise.
J’ai dis je n’en veux pas et il a tout géré : il m’a dit « tu fais ta valise, tu prends le premier avion et je me charge du reste. » »
Retour en France pour avorter
Céline est honnête : elle prévient ses employeurs de la situation même si elle ne sait pas quel est leur avis sur la question.
« J’ai été contente de me dire que je suis française, que je pouvais rentrer chez moi pour avorter et qu’ils ne pouvaient pas m’en empêcher. Ouf.
J’ai eu de la chance car à 2 semaines près, il aurait fallu que j’aille même ailleurs qu’en France.
J’étais à 12 semaines d’aménorrhée et en France, la limite est fixée à 14 semaines. Ça a pris une semaine de tout organiser donc j’ai avorté à 13 semaines, par aspiration et finalement, heureusement.
Je pense que tu dois avoir tellement mal par médicament. Les comprimés avant l’aspiration sont les mêmes que pour l’IVG médicamenteuse, ça sert à ouvrir le col et détacher le tout. On m’en avait donné un jour avant et le matin de l’intervention.
ils m’ont dit t’en prends 2. Trois quarts d’heures après, j’étais pliée en deux, je ne pouvais plus marcher.
J’ai eu de la chance, c’était une très bonne clinique, avec une aile séparée entre la maternité et la partie dédiée à l’avortement.
J’avais peur d’être jugée, mais en réalité ça n’a pas été le cas, et mon mec a été très présent aussi. »
Céline a repris l’avion dès le lendemain.
« Je ne voulais pas rentrer toute seule, j’adore sa famille qui nous a hébergés, mais je ne voulais pas non plus prendre mon avion seule. »
Au total, l’ensemble des frais engagés notamment à cause des billets d’avion atteint 700 ou 800 euros selon elle.
« Et encore, on a été hébergés par sa famille en France, je n’ose pas imaginer sinon. À la fin du mois on bouffait des pâtes et des œufs, on n’en pouvait plus. Mais au moins, les procédures médicales n’ont rien coûté, sauf l’avance pour les prises de sang. »
Une expérience à vous donner envie de rentrer
Son avortement a provoqué de grosses remises en question pour Céline.
« Le déni, c’est aussi que je m’ignorais, il y avait des signes avant coureurs auxquels je n’ai pas fait attention du tout.
J’ai passé trois semaines en arrêt à écrire tout ce qui me passait par la tête, ça m’a décidée à rentrer en France.»
D’ici quelques mois, le temps de terminer son contrat de travail, elle fera son bagage et rentrera dans le sud.
« Ça me met hors de moi : le mariage gay est autorisé mais une meuf qui veut se faire avorter elle n’a pas le droit, même si c’est à cause d’un viol? C’est tellement paradoxal, ce sont des droits importants !
Je n’ai pas envie de vivre dans un pays comme ça, de payer mes taxes et mes impôts ici, de dépendre du système de santé ici.
J’arrive pas encore à poser les mots dessus en fait… »
Vite, que le calvaire des femmes souhaitant avorter en Irlande se termine
Toutes ont hâte que Dublin soit débarrassé de ses affiches de campagnes, comme en témoigne Betty.
« Ces dernières semaines, ça a été dur parce que les affiches, le stigma, les images, sont partout. Et les gens ne comprennent pas que c’est agressif pour celles qui ont avorté. »
Au moins un calvaire qui devrait se terminer sous peu, quel que soit le résultat du vote d’aujourd’hui.
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