Aux États-Unis, les réseaux sociaux sont envahis par le hashtag #OneInFour, ce qui veut dire #UneSurQuatre dans sa version traduite.
Cette statistique est issue d’un rapport du Guttmacher Institute datant de 2017 :
« Près d’une femme sur quatre (23,7%) aux États-Unis aura recours à un avortement d’ici à ses 45 ans ».
Parler de son IVG et se soutenir mutuellement
Sur #OneInFour, aussi bien sur Twitter que sur Instagram, on trouve donc quantité de témoignages de femmes proclamant être « l’une sur quatre ».
Elles racontent leur histoire, se réjouissent d’avoir eu accès, à l’époque, à une décision que beaucoup d’entre elles n’ont jamais regretté.
Celles qui n’ont pas expérimenté personnellement une IVG donnent de la voix également, en se rangeant à leurs côtés et en assurant vouloir avoir le choix si un jour elles sont confrontées à une grossesse non planifiée.
Paola Mendoza raconte par exemple l’histoire de sa mère, seule avec deux très jeunes enfants, confrontée à une 3ème grossesse alors qu’elle n’arrivait déjà pas à joindre les deux bouts :
« Je suis éternellement reconnaissante que ma mère ait eu la possibilité de choisir d’avorter dans la période la plus difficile de sa vie. Sans son droit de choisir, je ne suis pas sûre de ce que je serais devenue. »
Pourquoi le droit à l’IVG est menacé aux États-Unis ?
D’autres messages, comme celui d’Amy Schummer, portent des mentions un peu plus spéciales qui expliquent la soudaine émergence de ce hashtag :
« #UneSurQuatre aura un avortement. Je les soutiens.
Sénateurs, vous devez voter NON face à la nomination de n’importe quel juge qui ne protègera pas #RoevWade, et pourrait criminaliser l’avortement et punir celles qui cherchent à y avoir accès. »
Ce tweet, qui peut vous sembler cryptique, reflète l’une des premières inquiétudes que j’ai eues lors de l’élection de Donald Trump : la préservation du droit à l’avortement sur le territoire américain.
Et cette inquiétude est de plus en plus fondée.
Le droit à l’avortement aux États-Unis
Dans un précédent
« État des lieux du droit à l’avortement sous Trump », je vous expliquais que c’est la Cour Suprême américaine qui était la gardienne du droit à l’IVG.
En effet, l’arrêt « Roe. v. Wade » rendu en 1973 sous-tend que l’interdiction de l’avortement va à l’encontre du respect de la vie privée des femmes, garanti par la Constitution.
Un second arrêt datant de 1992, « Planned parenthood v. Casey », autorise les États à apporter des restrictions à partir du moment où le foetus peut être considéré viable hors de l’utérus.
Globalement, ces décisions restent relativement floues, ce qui permet à chaque État de réguler l’avortement comme bon lui semble.
La Cour Suprême, institution cruciale pour garantir le droit à l’IVG aux États-Unis
Et là, vous vous dites peut-être « d’accord, mais si c’est la Cour Suprême qui décide, quel rapport avec l’élection de Donald Trump ? ».
Alors voilà : la Cour Suprême dispose de neufs sièges, dont les occupants sont nommés à vie (ou jusqu’à ce qu’ils décident de prendre leur retraite). Si un siège est vacant suite à un décès ou un départ, un remplaçant est proposé par le Président des États-Unis puis approuvé par le Sénat.
C’est déjà ce qui s’est passé suite au décès du juge Antonin Scalia : Donald Trump a nommé Neil Gorsuch, réputé très conservateur et notoirement anti-choix.
Et c’est ce qui va a priori se reproduire suite à la démission du juge Anthony Kennedy. Donald Trump a d’ores et déjà fait une proposition : Brett Kavanaugh, qui partage également ce genre de convictions anti-choix.
Si ce juge est nommé, la Cour penchera définitivement du côté conservateur et il est possible que l’arrêt Roe VS Wade soit renversé.
Défendre le droit à l’avortement aux États-Unis
Plusieurs organisations pro-choix se sont donc réunies pour lancer cette campagne afin de visibiliser le recours à l’avortement et de montrer le nombre de vies sur lesquelles cela pourrait potentiellement avoir un impact.
Le Planning familial encourage par exemple chacun·e a écrire à son sénateur ou sa sénatrice pour lui demander de s’opposer à cette nomination.
« Le Juge Brett Kavanaugh n’est pas apte à siéger à la Cour Suprême. Son passé d’extrémiste anti-santé reproductive menace sérieusement notre droit constitutionnel à l’avortement, et nous ne resterons pas passives face à cette menace.
Envoyez un message à vos sénateurs et sénatrices et demandez-leur de rejeter la nomination de Kavanaugh et n’importe quel nominé qui met en danger notre accès à la santé reproductive. »
La date du vote du Sénat pour confirmer ou non la nomination de Brett Kavanaugh n’est pas encore connue. Selon le New York Times, il pourrait falloir des semaines pour évaluer sa candidature.
Ajoutez Madmoizelle à vos favoris sur Google News pour ne rater aucun de nos articles !
Les Commentaires