Si pour certain·es le meilleur moyen de tester son couple consiste à participer à l’Île de la Tentation, je pense que le fait d’élever un enfant reste le crash test par excellence pour mesurer la solidité du lien que l’on noue avec son cher et tendre. Voici mon témoignage sur cette épreuve que nous sommes en train d’expérimenter.
Prendre ensemble la décision de faire un enfant
Après 8 ans de vie commune avec mon chéri, nos situations professionnelles étant plutôt en place et notre couple solide, j’ai ressenti le besoin d’évoluer dans notre relation et la décision de faire un enfant est apparue assez naturellement.
Si Monsieur a montré quelques réticences au départ (« Est-ce que c’est vraiment le bon moment ? Est-ce que je serai un bon père ? »), nous avons finalement sauté le pas et je suis tombée enceinte le mois suivant l’arrêt de ma pilule.
Passé le choc de la surprise (oui parce que bon c’est quand-même allé un peu vite, hein…), il a fallu encaisser un nouveau choc, celui d’une fausse couche. Ce n’était pas ma première, mais celle-ci a eu un goût particulièrement amer car on n’avait pas anticipé le fait que ça pouvait arriver. On était partis pour donner la vie et finalement on a dû faire face à son opposé.
En vaillants petits soldats, on a digéré le truc tant bien que mal en se disant que ce n’était que partie remise, qu’il fallait prendre cette affaire de fausse couche comme un entraînement de préparation à la future grossesse et que Mère Nature déciderait du bon moment pour engager tout ça.
Nous n’avons pas eu à attendre longtemps puisque deux mois plus tard, j’apprenais que j’étais encore à nouveau enceinte. Re-choc (déjà ??!) mêlé d’appréhension, car « chat échaudé craint l’eau froide ». Mais très rapidement, on a eu le sentiment que cette fois-ci, ce serait la bonne.
Une phase de crise existensielle
Mon bien-aimé a alors traversé une phase de « crise existentielle » durant laquelle il a subitement remis en question cette grossesse, notre couple, sa propre vie, et il a été très difficile pour moi de faire face à ce gros down. Mais on s’aime, on se respecte, on se parle, alors tout a fini par rentrer dans l’ordre et il a été un super partenaire de grossesse durant les deux derniers trimestres.
Nous avons même pu passer le congé maternité ensemble puisqu’il avait quitté son entreprise peu avant, ce qui était un véritable luxe. On se réveillait ensemble, on se douchait ensemble, on mangeait ensemble, on partageait chacune de nos activités du quotidien et on adorait ça. On ne faisait plus crac-crac, hélas, car mon corps de future maman lui coupait la chique (enfin, la kékette quoi), mais ça ne nous empêchait pas de partager beaucoup d’amour et de tendresse.
Et puis, enfin, après 9 loooooongs mois d’attente, notre fille est arrivée. Quatorze heures de travail, douleurs, stress, fatigue, césarienne et hop, notre bébé est né. Il a bien crié en sortant de mon ventre, sauf qu’ensuite il ne s’est pas arrêté. Mon mec a vomi ses tripes juste après l’accouchement, il a chialé un bon coup et a fait une belle petite montée de fièvre, puis il est allé se reposer quelques heures chez nous pour reprendre ses esprits. Ça y est, nous étions parents, félicitations.
Hurlements et manque de sommeil
On peut dire que notre découverte de la parentalité tenait en deux termes : « hurlements » et « manque de sommeil ». Nous avions l’impression d’être les cobayes d’une expérience de torture. Empêchez quelqu’un de dormir, sous-alimentez-le et exposez-le quotidiennement à des cris plusieurs heures par jour, et vous percevrez très vite la folie dans son regard. On était clairement en souffrance, mais on était deux. On se comprenait, on se soutenait.
Et puis, petit à petit, chacun a pris ses marques dans son rôle de parent. Doucement mais sûrement, on a commencé à rencontrer des désaccords dans la manière d’élever notre fille. Je ne le trouvais pas assez précautionneux, pas assez patient, pas assez réactif et de son côté il me trouvait trop anxieuse, trop exigeante, trop « mère-poule ». On se chamaillait un peu mais rien de vraiment alarmant, et de toutes façons le temps ne nous permettait pas de nous attarder là-dessus.
Et puis il a repris le travail dans une nouvelle entreprise, ce qui a forcément engendré une certaine dose de stress pour lui, et un pénible sentiment de solitude pour moi qui allais rester à la maison. Nous vivions comme des siamois depuis cinq mois et il fallait à présent se séparer, donc passer moins de temps ensemble, et ainsi moins communiquer… C’est là que ça a pété.
J’étais déçue de le voir distant avec sa fille
Je m’affairais toute la journée, jonglant entre les biberons, les couches, les lessives, les courses, la préparation du repas, pour qu’il puisse rentrer le soir et ne rien avoir à faire si ce n’est de passer du temps avec sa fille. Or cette dernière n’a pas eu l’air d’apprécier cette reprise du travail puisqu’elle a commencé à pleurer à chaque fois qu’il rentrait, ce qui peinait mon copain et lui coupait peu à peu l’envie de s’occuper d’elle.
De mon côté, j’étais déçue de le voir distant avec sa fille, d’autant plus que je m’étais beaucoup occupé d’elle durant la journée et que j’attendais le même investissement de la part de son père.
Le fait de ne pas travailler me donnait l’impression que je devais en faire trois fois plus à la maison puisque qu’après tout, je n’avais pas d’excuse pour ne pas m’occuper des tâches ménagères, administratives, des entretiens avec les assistantes maternelles, etc.
J’entrais alors dans un cercle vicieux car j’étais à la fois poussée par l’envie de tout gérer, couplée au besoin de rompre l’ennui (parce que oui, faire mes courses chez Monoprix était devenu THE sortie de la semaine). Et en même temps, j’étais fatiguée de ces tâches contraignantes et des monologues avec mon bébé. Parce que le fait de n’avoir comme compagnie qu’un nourrisson, à la longue, c’est très pesant.
L’impression d’être une DÉ-charge mentale
Le soir, on parlait un peu du boulot de mon copain, qui ne se sentait pas à l’aise dans cette nouvelle vie professionnelle. Je l’écoutais d’une oreille tout en pensant aux assistantes maternelles à rappeler, au rendez-vous chez le médecin à prévoir, à ma propre recherche d’emploi. On parle de charge mentale, et bien moi j’avais l’impression d’être une DÉ-charge dans laquelle on balançait tous les trucs pourris à faire, et mon cerveau commençait vraiment à moisir.
Je devenais agressive avec mon mec, il me rendait la pareille car lui aussi était fatigué de ce nouveau quotidien, et chaque jour on se prenait la tête, puis on se réconciliait entre deux biberons mais de façon superficielle, puisque ça repartait de plus belle le lendemain. Chacun en voulait à l’autre de ne pas comprendre son ressenti, ses difficultés, et on avait l’impression de jouer aux enchères de « Qui souffre le plus ? ».
Je dois aussi souligner que notre vie sexuelle n’avait toujours pas repris puisque je n’avais pas pu reprendre la pilule en raison d’un souci de santé, on vivait donc au mieux comme des amis, et dans les mauvais jours comme des colocs qui ne se supportent pas.
Je vivais très mal cette situation. Chaque soir, je me couchais avec la boule au ventre. J’éprouvais beaucoup de rancoeur à son égard et en même temps, il me manquait énormément.
Faire preuve d’empathie l’un envers l’autre
Un soir où l’on s’était disputé de façon particulièrement vénère, je me suis soudain rendue compte que pour une fois, en neuf ans de relation de couple, je ne pourrai pas compter sur lui. Pas cette fois. Je devais faire sans son soutien, sans ses mots réconfortants, il ne mettrait pas les mains dans la m***de avec moi. Et lorsque que j’ai réalisé ça, qu’est-ce que ça m’a soulagée ! Mon mec était effectivement dans l’incapacité de m’épauler, il me laissait me débrouiller avec mes soucis, mais pas parce qu’il ne voulait pas m’aider… mais parce qu’il ne POUVAIT pas !
Je n’étais pas la seule à avoir atteint mes limites, à être épuisée et dépassée. Lui aussi était à bout. On en a parlé, et on s’est rendu compte que depuis le début on était en mode « Hé moi j’ai la peste, je morfle ! », « Ouais ben moi j’ai le choléra, ça craint ! ». Et le fait de sortir de son petit prisme en comprenant que l’autre a aussi une grosse charge de stress, certes différente de celle qu’on éprouve soi-même mais pas moins importante pour autant, ça nous a permis d’entrer en empathie l’un avec l’autre et de nous ressouder.
Désormais, on se montre plus vigilant face à ce que l’autre peut ressentir, et si on ne peut pas forcément le comprendre, on essaye au moins d’imaginer ce qu’il vit sans chercher à comparer avec ses propres difficultés.
Bref, ce crash test nous a montré qu’on pouvait rester amoureux et solidaires sur « l’Île du biberon » ! À présent, cap sur la prochaine étape… reprise du crac-crac ! »
Et toi, quel impact l’arrivée d’un enfant a-t-elle eu sur ton couple ? Viens partager ton expérience dans les commentaires !
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