Le 14 juillet, je publiais un billet de #62jours sur mon rapport à la peur : ma peur et moi, le fauve qui me ronge les tripes. C’était la première fois, je pense, que j’acceptais de reconnaître la présence de la peur dans ma vie.
Je me définis volontiers comme quelqu’un de courageux. D’ailleurs, on me prend souvent pour une Gryffondor (alors que pas du tout), c’est dire si je suis téméraire et entreprenante ! Et c’est vrai que je laisse assez peu la peur entraver mon quotidien.
C’est sans doute la raison pour laquelle j’ai jamais eu la sensation qu’elle était importante, dans ma vie.
J’ai peur de rien, donc j’ai pas de peurs?
J’ai pas peur des araignées qui grimpent le long des murs, j’ai pas peur des clowns et de leurs sourires malaisants, j’ai pas peur de la mort parce que ça ne m’en protégera pas, j’ai pas peur des zombies, des sorcières ni des fantômes ou encore des vampires parce que ça n’existe pas.
J’ai pas peur du noir
, parce que j’ai pas peur de ce que je ne connais pas, de ce que je ne vois pas.
J’ai pas peur des verres qui bougent tout seuls, des bougies qui s’allument et s’éteignent sans explication (c’est toujours un courant d’air, tu sais), j’ai pas peur des planchers qui grincent, des plafonds qui tremblent ni des portes qui claquent.
J’ai peur de rien, alors j’ai longtemps cru que je n’avais pas peur.
J’ai peur, souvent, tous les jours
Mais bien sûr que j’ai peur. C’est juste qu’elles sont toutes petites, ridicules, comparées aux angoisses qui paralysent. Mes peurs sont des petits cailloux dans la chaussure, qui rendent mes pas inconfortables.
J’ai peur d’être en retard, de rater mon train, d’être impolie, de ne pas pouvoir entrer. J’ai peur de perdre de l’argent, peur de ne pas en gagner assez pour voir venir en cas d’imprévu.
J’ai peur de me faire mal, et de faire mal aux autres. J’ai peur de la souffrance, oui, celle qu’on subit et celle qu’on inflige. J’ai peur de prendre des engagements que je ne saurais pas tenir, des responsabilités que je ne saurais pas assumer.
J’ai peur de faire une faute, dont les conséquences me dépasseraient. J’ai peur de me planter, et de décevoir les gens qui comptent, pour moi.
J’ai peur de ne pas être à la hauteur de mes propres attentes, et de celles des gens qui comptent pour moi.
J’ai peur d’échouer, et de perdre l’envie de recommencer.
Mes peurs me retiennent, comme les ficelles d’une marionnette
Chacune de ces peurs est comme un fil de nylon, fondu dans ma chair. Si je tire dessus, ça me fait mal. C’est juste un fil, pourtant. Si je lui donnais un coup sec, il se casserait.
Et ça me ferait mal, peut-être, mais ce serait comme retirer un sparadrap collant : une douleur éclaire, un instant de souffrance, pour gagner en échange ma libération.
En attendant, toutes ces petites ficelles me maintiennent en place, telle une marionnette. Tant que je ne cherche pas à casser les fils, je reste à cette place. Tout ce que je tente reste bien sagement circonscrit à l’amplitude de mouvement que mes ficelles permettent.
Si ça tire, c’est que la peur m’arrête.
En juillet, quand je reconnaissais et j’acceptais la présence de la peur en moi, je me faisais une promesse : celle de l’apprivoiser. Mais pourquoi faire, au fond ? À quoi me sert la peur ?
Ma peur m’a-t-elle déjà épargné quoi que ce soit ?
Quand est-ce qu’avoir peur m’a déjà prémunie de quoi que ce soit ? Est-ce qu’avoir peur de rater mon train m’a déjà aidée à être à l’heure ? C’est plutôt m’organiser sérieusement, réfléchir, anticiper, bien me préparer qui ont toujours été les clés de ma sérénité.
J’ai jamais réussi un devoir parce que j’avais peur de le planter. J’ai jamais résolu un problème parce que j’avais peur de ne pas y arriver. J’ai jamais construit une relation en ayant peur d’aborder la personne, pour commencer. J’ai jamais fait un choix satisfaisant dans ma vie en ayant peur de faire le mauvais choix. J’ai jamais été heureuse en ayant peur d’être malheureuse. J’ai jamais rien gagné, rien réussi en ayant peur de perdre.
J’ai jamais rien accompli en ayant peur de ne pas y arriver.
Ça laisse songeur, non ?
Mes peurs, je veux m’en libérer
Ce n’est pas apprivoiser ma peur, l’objectif que je dois poursuivre. Je dois plutôt la combattre.
Je dois défier les grandes peurs qui se dressent devant moi tels des obstacles, et tordre celles qui engagent un bras de fer contre mes envies.
Et je dois surtout sortir de ma tête toutes les peurs insidieuses qui s’y logent, tous les « et si » de scénarios catastrophes qui sapent ma motivation, et ma confiance en moi.
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Car en y réfléchissant, je me suis rarement dit « j’ai peur de ne pas y arriver », mais je me suis très souvent chuchoté « et si je n’y arrivais pas ? Et si j’en étais pas capable ? »
Et si, et si… Et si j’arrêtais une bonne fois pour toute de m’auto-saboter, en laissant mes peurs prendre le dessus sur mes envies, sur mes kifs ?
Et si, la prochaine fois que la ficelle se tend et tire sur ma chair, je lui donnais un coup sec, pour m’en débarrasser ? Parce que je ne serai jamais libre et épanouie, tant que j’aurai peur d’essayer.
J’ai perdu trop de temps à avoir peur dans ma vie. Et si, enfin, je m’en libérais ?
À lire aussi : « T’y arriveras jamais… Je dis ça pour toi. »
Pour plus d’inspiration positive dans ta vie, je te conseille d’enchaîner cet article avec un (re)visionnage de la VF de « Wear Sunscreen », par Marion Séclin. Ci-dessous !
Les Commentaires
Paul Morand
J'aime énormément cette citation <3
Merci beaucoup pour l'article inspirant!