Au détour du festival off d’Avignon, j’ai marqué un arrêt à plusieurs reprises au Théâtre des Béliers, dont la programmation était des plus tentantes.
À l’affiche, il y avait notamment deux spectacles portés vaillamment par des jeunes femmes talentueuses promises à un avenir radieux : Si Richard Si et Je préfère être un météore.
J’espère que ces quelques mots sur ces spectacles ne vous laisseront plus l’ombre d’une hésitation avant d’aller les applaudir (ou de les accueillir dans vos programmations !).
Si Richard si, un duo étonnant, hilarant et remarquable !
Et si Richard III avait engagé deux assassins pour perpétrer des meurtres et leur confier des missions d’importance diplomatique primordiale ?
Tant qu’à faire : et si ces tueurs très spéciaux, clowns marginaux et nigauds, étaient un binôme de bras cassés ?
Vous êtes désormais en possession du pitch saugrenu et fantastique imaginé par Florence Fauquet et Chloé Lasne, à la fois auteures, comédiennes et metteuses en scène de ce spectacle à haute teneur en originalité.
Spectacle hybride qui mêle mime, clown, danse, mais aussi rap ou pédale loop, la maîtrise de ces compétences par les comédiennes est tout bonnement épatante et permet d’apporter du rythme et de l’étonnement tout au long de la pièce.
https://www.youtube.com/watch?v=bveMBYy4Z3I
Les deux comédiennes évoluent en symétrie sur scène, dans une dynamique qui permet non seulement de se rendre compte de leur performance scénique, de l’ingéniosité de leurs déplacements, mais aussi de s’amuser de situations irrésistiblement cocasses.
C’est donc surtout le corps qui s’exprime dans ce spectacle où le silence est sacré, et il témoigne aussi de la captivité absolue de l’attention des spectateurs, qui ne pipent mot sauf quand il s’agit de rire de bon cœur
!
Ce n’est pas un unique enchaînement de numéros farfelus mais bien d’une pièce, complète, avec son histoire et ses personnages qui connaissent une véritable évolution au fil de ce moment passé avec eux.
Si Richard si mêle donc histoire sacrément bien ficelée, performance impressionnante et forme originale et moderne, qui garantissent de passer un moment de grande qualité artistique et humaine !
Je préfère être un météore, une conférence atypique, caustique et touchante
À quelle sauce vais-être mangé•e ? Voilà certainement la pensée qui a traversé l’esprit de bon nombre d’entre nous parmi les spectateurs et spectatrices de Je préfère être un météore tandis que Sophie de Fürst entrait sur scène.
La comédienne nous accueille, tirée à quatre épingles, au sein de sa conférence. Celle-ci nous promet qu’à son terme, elle répondra à la grande question que tout le monde se pose.
Mais il faudra attendre la fin du séminaire pour en découvrir la nature et la réponse, bien entendu.
Si je suis venue ici, ce n’est pas pour faire une petite conférence merdique.
Moi, je vous propose une déflagration brûlante de pensée pure.
De l’humain en bloc.
Je vous balance direct dans le grand huit.
Ça va nous péter à la gueule et personne ne restera sur le carreau.
On va y aller tous ensemble.
C’est donc le développement personnel (revu et corrigé !) qui est au centre de l’heure qui suit : on nous assure de devenir des êtres meilleurs, plus à l’écoute des autres et en harmonie avec soi-même.
Pour cela, Sophie de Fürst fera appel à ses concepts, à sa propre expérience, mais aussi à l’attention et à la bonne volonté de son audience qu’elle ne va cesser de solliciter.
La comédienne campe un personnage haut en couleurs, névrosé, fantasque, au petit ton autoritaire irritant, mais surtout infiniment attachant et bien plus complexe que ce qu’il n’y paraît.
L’univers est barré et complètement absurde, et pourtant : certaines réflexions disséminées au cours du spectacle, certaines expériences menées avec audace et aplomb, laissent néanmoins leur sillage dans les esprits, comme une empreinte de vivre ensemble.
Romain Cottard et Paul Jeanson signent le texte et la mise en scène, et il semblerait qu’ils aient cherché à nous donner de quoi réfléchir sur les courants de pensée, sur les modes, mais aussi sur soi, sur les autres… et sur ses habitudes au théâtre !
Sophie de Fürst met toute son énergie et son talent d’interprète au service d’un spectacle inattendu et jubilatoire, que l’on regrette de voir prendre fin.
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