La musique, c’est magique. Il suffit de mettre la bonne chanson au bon moment pour changer radicalement d’état d’esprit, faire remonter un vieux souvenir à la surface ou être transporté dans une dimension parallèle, loin de toute réalité. Au fil du temps, on apprend à forcer le destin en créant des playlists pour chaque moment de notre vie, histoire de ne jamais être pris-e au dépourvu et d’avoir toujours le tympan choyé et l’imagination titillée par les bons accords.
Voici donc 5 des petites aventures que la musique m’aide à vivre au quotidien.
La musique classique qui te change en psychopathe ultra sophistiqué façon Hannibal Lecter
Alors c’est peut-être parce que j’ai été biberonnée aux films d’horreur et que du coup j’trouve ça marrant – mais dès que j’écoute de la musique classique, j’ai l’impression d’être une super-psychopathe cachée dans son repaire. Et attention, pas un repaire tout moisi avec des coupures de journaux et des photos de femmes avec les yeux découpés aux murs et un crâne en guise de bol pour mes Chocapic hein. Nan, un vrai repaire bien classe avec des livres partout, des meubles anciens, des gros tapis persans et un éclairage tamisé, tant qu’à faire.
Ça fonctionne particulièrement bien quand j’ai besoin d’inspiration – une bonne partie de mes articles ont été écrits sous l’influence de Bach, alors que je me prenais pour Hannibal, ce qui explique sûrement deux ou trois trucs. Parfois, le meilleur remède contre le manque d’inspiration, c’est de se mettre dans la peau de quelqu’un d’autre (pas littéralement hein, j’ai dit Hannibal, pas Buffalo Bill). Prendre de la distance avec ma propre personnalité et mon cerveau plein de trucs chiants qui bouffent un peu trop d’espace, ça me permet de rebooster ma créativité et de me concentrer sur ce qui compte vraiment. Le fait que j’ai fait 12 ans de théâtre et que je sois une comédienne ratée doit sûrement peser dans la balance – mais l’important c’est que ça fonctionne.
La musique épique quand tu marches dans la rue/le métro qui te donne l’impression d’être un-e super-héro-ïne-s en route pour sauver le monde et se mettre sur la gueule avec des méchants détracteurs
Celles qui vivent dans des grandes villes approuveront sûrement : parfois, sortir de chez soi, c’est comme aller en guerre. Il faut slalomer partout pour éviter les gens qui ne savent pas marcher droit, qui marchent en regardant leur portable, qui prennent tout le trottoir ou qui s’arrêtent en plein milieu pour regarder un truc ou faire la bise à quelqu’un. Il faut jouer des coudes dans le métro, rentrer le ventre pour gagner de la place, retenir sa respiration, parcourir les 50 cm qui nous séparent de la porte du wagon en moins de 10 secondes pour avoir le temps de sortir sans se manger le flot de passagers qui montent dans l’autre sens. Il faut également, quand on est une femme, supporter tous les petits désagréments qui vont avec – regards affamés, sourires, ordres, insultes, commentaires salaces, petites blagues de merde, tentatives de drague foireuses, mains au cul, dans les cheveux, sur la joue et j’en passe.
En bref, sortir c’est relou. Du coup on a tou-te-s plus ou moins recours à la même technique : les écouteurs ou le casque vissé(s) sur les oreilles avec la musique à fond pour tenter de réduire l’impact de ces nuisances d’au moins 50%. Et quand j’ai vraiment pas envie de passer une journée pourrie, je dégaine ma playlist spéciale « musiques épiques » principalement composée de musiques de films et d’hymnes guerriers en tout genre et je marche telle Terminator, la tête haute et pleine de scénarios de batailles et de petites bagarres reposantes. Du coup, je me défoule mentalement et je ne fais de mal à personne dans la vraie vie – tout le monde y gagne et tout le monde garde ses dents.
La musique pour s’entraîner à pleurer
Y a des jours où tout pue du fion et où rien ne va, même si on a pas de réelle raison de pleurer. C’est juste des jours pourris pendant lesquels on se mange des portes (enfin, plus que les jours normaux dans mon cas), on se renverse du café brûlant sur les cuisses, on sort pile quand il se met à pleuvoir et on doit aller à la Poste, ou un truc dans le genre. Une journée de merde dans une vie plutôt cool qui n’a aucune valeur au bureau des plaintes puisqu’on nous répond toujours « Ouais mais bon, à part ça, ça va plutôt bien, nan ? ». Ouais, ça va, super, merci, mais là j’ai une chaussette mouillée et une boucle rebelle, alors merci de pas trop faire le malin.
La meilleure solution ? S’isoler dix minutes pour chialer un coup. Mais parfois ça vient pas alors on est obligé-e-s de demander un peu d’aide aux chansons chialantes par excellence. Il suffit ensuite de pousser un peu, de penser à un truc triste (je peux pleurer sur commande en pensant au final de Six Feet Under ou à la mort de Leonardo DiCaprio dans Titanic
) et c’est parti pour le déluge. Le petit plus c’est de faire une sieste juste derrière parce qu’on dort toujours mieux quand on vient de chialer.
Et pour pousser encore plus, vous pouvez faire appel à la comédienne ratée qui sommeille peut-être en vous en vous imaginant dans une situation qui nécessite que vous lâchiez quelques larmes : remise d’Oscar, mort d’un proche, mort de Leonardo DiCaprio dans vos bras, engueulade avec un être aimé fictif, tournage de la scène poignante qui vous a valu l’Oscar que vous venez de recevoir – la liste de situations potentiellement chialantes est infinie.
La musique pour parler aux fantômes du passé
Un vice que nous avons tous plus ou moins en commun, c’est celui de nous remémorer tous les moments les plus pourris et/ou humiliants de notre vie sans aucune raison. Souvent pile avant de dormir, d’ailleurs, histoire de se mettre dans une super ambiance de sommeil et de faire des rêves vachement agréables.
Il y a beaucoup d’instants de notre passé qu’on aimerait revivre pour pouvoir les modifier, réagir autrement, et tenter de changer le cours des choses – sauf que c’est pas possible, on le sait très bien, mais on essaye quand même. On se dit qu’en y pensant très fort, on finira par agir sur ces choses qui nous dépassent (spoiler : ça marche pas très bien). Et là encore, la bonne musique peut nous aider à passer quelques instants dans une dimension parallèle où tout se passerait exactement comme on l’avait prévu.
Il existe des chansons qui nous frappent en plein coeur, qui nous empoignent les tripes pour ne les lâcher qu’à la dernière note (et encore) et qui posent des mots sur une situation qui nous paraît bien familière. Des chansons qui paraissent avoir été écrites pour nous – mais qui ne font, en réalité, que nous rappeler que nous ne sommes pas uniques et que nous sommes des milliards à vivre la même chose tous les jours, youpi. Mais oublions ce dernier détail : ces chansons peuvent également nous aider à faire le deuil de ces situations pourries. Il suffit de se les approprier et de s’imaginer les envoyer en plein dans la gueule de ceux qui sont à l’origine de nos troubles. Et comme on peut difficilement se permettre de traquer ses ennemis pour leur envoyer le lien de la chanson accompagné du message « PRENDS-EN DE LA GRAINE, BÂTARD », on se contente de faire appel à notre imagination.
On chante à tue-tête, on écoute la même chanson en boucle dans le noir en fixant un point imaginaire sur le plafond, on se lance dans un playback déchaîné en s’imaginant face à son adversaire – des trucs qui, en réalité, relèvent plutôt de l’ordre du pathétique, mais c’est pas grave parce que personne n’est là pour nous juger.
La musique pour refaire des scènes de rom-com/série girly où tu fais rien de ouf dans ta chambre mais que si t’étais filmée t’aurais l’air trop naturellement coolos
Je regarde beaucoup trop de séries et de teen movies – résultat, quand je regarde ma vie et que je la compare à celle des personnages que j’aime, je la trouve bien moisie. Elle ne manque pas de glamour ni de rebondissements, mais c’est toujours moins cool qu’à la télé, forcément. Du coup j’en appelle une fois de plus à la musique pour me donner l’impression de vivre dans un monde un peu différent du mien.
En général, ça fonctionne mieux le dimanche soir, quand je prends un moment pour remplir tous mes carnets/journaux intimes, préparer ma semaine de boulot et me faire un ravalement de façade complet. Il suffit de mettre une playlist composée de toutes les B.O. des films et séries qui sont responsables de mon trouble et c’est parti, je me dandine, je prends des moues inspirées quand j’écris « Acheter du PQ et des tampons » dans mon petit carnet fleuri, je range en dansant, je fais des grimaces avec mon masque vert-alien, je me passe de la crème pendant six heures et je surjoue ma féminité pour aucune raison. Je deviens Carrie Bradshaw, Cher Horowitz, Samantha Baker, Veronica Mars, Hannah Horvath ou Josie Geller. Tout ce que j’entreprends prend de l’importance – le moindre mot couché sur le papier pourrait me rapporter mon premier Pulitzer (ne retenez pas votre souffle, c’est pas près d’arriver).
Si je colle une petite gommette sur une page, c’est de l’art. Si je plaque un post-it sur mon mur, j’ai complètement refait la déco. Tout devient plus beau, plus lisse, plus glamour, et plus agréable, du coup. C’est un remède très efficace contre le blues du dimanche soir.
Et vous, quel genre d’aventures musicales vivez-vous au quotidien ?
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