Qu’est-ce qui fait qu’on peut devenir ou non une icône queer, c’est-à-dire une personnalité adorée par une grande partie de la population LGBTI+, alors même qu’elle peut être cisgenre et hétérosexuelle par exemple ? C’est une épineuse question à laquelle à tenter de répondre notamment le podcast Camille. En tout cas, parmi elles, compte Christina Aguilera qui ne manque jamais une occasion de rappeler son soutien à la communauté LGBTI+.
Ce samedi 11 juin 2022, la chanteuse de Dirrty et Beautiful a été invitée à performer sur scène lors du festival Pride In The Park à Los Angeles. Pour interpréter ses plus grands tubes dans le cadre des célébrations du mois des fiertés LGBTI+, Christina Aguilera a donc enchaîné 8 tenues (le nombre de couleurs dans l’arc-en-ciel, symbole de la communauté fraîchement enrichi d’une rayure marron et d’une autre noire) aptes à captiver son audience ! Mais une a particulièrement retenu l’attention du public et des médias.
Le torse musclé et le gode-ceinture de Christina Aguilera à la Pride de LA
Elle se composait d’un haut avec une musculature masculine moulée sur le torse, pectoraux et abdos saillants. Cela peut rappeler les fameux bustes en cuivre doré de l’artiste sculptrice Claude Lalanne pour Yves Saint Laurent automne-hiver 1969-1970 (qui connaissent actuellement un regain d’intérêt puisqu’on a pu les voir réinterpréter ces dernières années par Tom Ford, Jonathan Anderson chez Loewe, ou encore Schiparelli par Daniel Roseberry).
Mais ce corps armure vert était surtout complété d’un gode-ceinture à cristaux, monté sur un jockstrap en cuir, ainsi que de collants résille et de cuissardes en vinyle. Soit une tenue pleine de codes fétichistes, tant questionnés lors des marches des fiertés.
Questionner les genres et ce qu’on perçoit comme monstrueux
Volontiers grotesque et loufoque, ce costume de scène a le don de subvertir les questions de genre par le biais de l’humour camp. Comme un corps augmenté pour se conformer à ce que l’on souhaite exprimer de soi, mais aussi rappeler combien les corps des personnes LGBTI+ peuvent être marginalisés par la société qui les perçoit comme monstrueux. On pourrait alors supposer que Christina Aguilera opère à travers ces tenues une forme de retournement du stigmate (expression que l’on doit au sociologue français Louis Gruel, inspiré de Pierre Bourdieu et Erving Goffman) : transformer l’objet d’une stigmatisation en force, source de puissance.
Parmi les autres tenues monochromes de l’artiste, trônaient aussi des seins coniques, pouvant évoquer un guidon de moto (le bikercore étant une tendance forte de ces derniers mois) et/ou des cornes animales. Là encore, cela peut apparaître comme une réflexion sous la forme de l’humour sur la monstruosité, la place des seins dans nos sociétés qui les hypersexualisent, et dont on peut vouloir se servir comme d’un outil, d’une arme, ou non.
Mais sans trop chercher à intellectualiser ces tenues, on peut surtout saluer combien Christina Aguilera a l’air de s’amuser avec ses vêtements de scène, et combien elle se montre fière de soutenir son public LGBTI+. Car, (à lire avec une voix intérieure niaise) :
‘Cause we are beautiful no matter what they say
Yes, words won’t bring us down, no, no
We are beautiful in every single way
Yes, words can’t bring us down, oh, no
So don’t you bring me down today
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Crédit photo de Une : capture d’écran Instagram de @chrishoran20, l’un des stylistes de Christina Aguilera pour cet événement.
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
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