« 5 fruits et légumes par jour » : l’adage est connu, mais la mise en pratique n’est pas toujours évidente. Chaque année, Familles Rurales se rend dans divers magasins (hypermarchés, supermarchés, boutiques bios…) et y compose un panier mensuel type, avec des produits sains et variés respectant les recommandations gouvernementales du PNNS (Programme National Nutrition Santé). Au menu : plusieurs fruits et légumes de saison, donc, mais aussi des fruits à coque sans sel ajouté, des légumineuses ou légumes secs, des produits céréaliers complets, des produits laitiers, des poissons gras, de la viande, de l’eau…
L’année 2022 a mis à l’épreuve des millions de familles contraintes de faire face à des dépenses essentielles qui ont explosé avec des revenus qui ont rarement progressé dans les mêmes proportions. Le budget pour se nourrir a parfois constitué la variable d’ajustement pour boucler des fins de mois difficiles, trop souvent au détriment d’une alimentation saine, pourtant recommandée pour des questions de santé publique
Rapport de l’Observatoire des prix de grande consommation, 22 février 2023
Un panier inabordable pour 9 millions de personnes
Le rapport de l’association est catégorique : « Le prix moyen mensuel de notre panier « varié » pour une famille de 4 personnes s’élève à 734€ pour les premiers prix, 814€ pour les marques nationales et 1179€ pour le bio. Cette note tombe à 477€ quand on varie moins les produits tout en respectant le PNNS et le cycle des saisons ».
Pourtant, comme le rappellent nos confrères de Reporterre, si l’on regarde les dernières données de l’Insee (2017), aujourd’hui, ce sont 9 millions de personnes qui vivent au niveau et sous le seuil de pauvreté. Ils consacrent en moyenne 413 euros de leur budget mensuel à l’alimentation : « 65€, ce qu’il « suffirait » d’ajouter au budget mensuel des familles vivant au niveau du seuil de pauvreté pour respecter le PNNS soit 7,2 milliards chaque année à mettre en regard des 20 milliards dépensés à soigner des pathologies, induites par une mauvaise alimentation, que l’on pourrait éviter » précise le rapport de Familles Rurales.
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Consacrer une allocation de 65€ mensuels pour les ménages modestes ?
Le 17 février, l’association a adressé une lettre ouverte au ministre de la Santé et de la Prévention sur l’urgence de déployer un plan « manger mieux, manger sain ». Elle somme les pouvoirs publics de mettre en place une allocation mensuelle de 65 € pour venir en aide aux ménages les plus modestes. Dans les colonnes de Reporterre, Nadia Ziane, directrice du département consommation pour Familles rurales, explique cette préconisation :
Il s’agirait plus d’un investissement que d’une charge. Chaque année, notre assurance maladie dépense — juste pour l’obésité et le surpoids — plus de 20 milliards d’euros en soignant des pathologies qu’on aurait pu éviter, en s’alimentant plus sainement. »
Reporterre, 23 février 2023
L’association suggère par ailleurs d’impliquer davantage les professionnels de santé pour accompagner les parents dans l’éducation et la diversification gustative de leurs enfants, d’interdire les publicités pour enfants vantant des produits trop gras, trop sucrés, trop salés, d’ouvrir les financements européens pour promouvoir les produits équilibrés et d’investir dans la prévention tout en engageant une transition alimentaire à tous les niveaux :
Celle des distributeurs et industriels qui nous doivent une transparence sur la
Observatoire des prix de grande consommation 2022
constitution des prix et auxquels il appartient de réduire les emballages délétères pour l’environnement et inutilement coûteux pour les consommateurs, celle des consommateurs qu’il convient de mieux accompagner afin de les voir adopter les bons réflexes tant pour leur santé que dans l’intérêt des générations futures.
Une inflation moins marquée sur les produits sains
Si l’INSEE chiffre l’inflation des produits alimentaires en 2022 à + 12%, l’étude de Famille Rurale révèle que cette dernière est plus contenue pour les produits sains. En effet, ces derniers enregistrent une hausse des prix de 8,3 %. Le rapport de l’association insiste donc sur le fait que le choix des produits est déterminant lorsque l’on fait des ajustements budgétaires : « les légumes secs n’ont augmenté « que » de 3,8%. Ils coûtent moins chers que la viande (+6,5%) tout en garantissant un bon apport en protéines ». Les modes de cuisson aussi peuvent influer sur le coût dépensé chaque mois : cuire à la vapeur permet de se passer de matière grasses (beurre ou huile), dont les prix ont augmenté de 12,9 %.
En conclusion, ce sont les produits les plus sains, car les moins transformés, qui sont les moins chers. Mais, force est de constater que ces produits restent encore trop coûteux, voire inabordables, pour les personnes en grande précarité.
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