C’était un premier conseil des ministres particulièrement scruté qui s’est tenu ce matin, le premier du gouvernement Borne. Et pour cause : au lendemain de l’annonce des nominations, une enquête de Marine Turchi pour Mediapart a révélé que deux femmes accusent Damien Abad, le nouveau ministre des Solidarités, de viols, des faits proches dans le temps, qui remontraient à 2010 et 2011.
Deux témoignages glaçants
L’une d’elles avait témoigné auprès de l’Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique, voyant que le député Les Républicains était pressenti pour rejoindre le gouvernement. Son témoignage a par la suite été transmis à LR et à La République en marche.
Cette femme affirme avoir bu un verre dans un bar parisien avec Damien Abad à l’automne 2010, et avoir vécu un « black-out » : « Ça ne m’était jamais arrivé, surtout pas après un seul verre ». Elle raconte s’être réveillée dans une chambre d’hôtel avec lui. « Je me sentais cotonneuse, mon corps était groggy, courbaturé et douloureux, je savais qu’il s’était passé quelque chose de pas normal ». Damien Abad nie avoir « drogué qui que ce soit » et affirme que son handicap ne lui permet pas d’être déplacé ni de déshabiller une personne.
La deuxième femme qui témoigne aujourd’hui s’appelle Margaux. Cette ancienne militante centriste a porté plainte contre Damien Abad en février 2017 pour viol. « Si j’ai réussi à le faire six ans plus tard, c’est parce que Damien Abad était omniprésent dans les médias et que je ne pouvais plus supporter de le voir, d’en souffrir et que lui ne soit inquiété en rien ». Elle a raconté à France Info la différence de traitement entre elle et l’homme qu’elle accuse de viol :
« Il y a des manquements. Moi, j’ai certains de mes proches qui ont été auditionnés. Et lui, non. J’ai eu un examen médico-légal et lui qui affirme ne pas pouvoir, à cause de son handicap, faire ce qu’il a fait, n’a pas eu d’examen. »
Damien Abad parle de son côté d’une relation « consentie » et continue d’affirmer ne pas être en mesure de faire preuve de gestes violents ou d’imposer un acte sexuel. La plainte a finalement été classée.
Qui était au courant des accusations conte Damien Abad ?
Chez LREM comme chez LR, on affirme soit n’avoir rien reçu ou bien ne pas avoir relevé sa boîte mail à temps. Auprès de Mediapart, le secrétaire général de LR Aurélien Pradié a toutefois précisé qu’il avait par le passé « confronté Damien Abad » concernant des « comportements inappropriés qu’il aurait eus avec des collaboratrices. ».
L’enquête de Mediapart souligne en outre que l’équipe du candidat à la présidentielle François Fillon avait été informée de l’existence de la plainte de Margaux en 2017, alors Damien Abad en était le porte-parole.
L’information avait d’ailleurs été sortie par le site people Closer, sans toutefois révéler le nom de Damien Abad, mais pointant « une nouvelle affaire qui pourrait embarrasser le clan Fillon », après les soupçons d’emploi fictif pesant sur son épouse Pénélope Fillon révélés deux mois plus tôt.
Auprès de Libération, un cadre des Républicains raille carrément l’ignorance de LREM : « Des journalistes qui ne sont pas de Mediapart m’avaient appelé il y a déjà un mois sur le sujet. Donc ne me dites pas que LREM n’avait pas accès à une info que la moitié des journalistes avaient. Ils savaient comme nous. »
Un gouvernement qui s’en fiche ?
Alors que l’affaire ne peut plus être ignorée du côté du nouveau gouvernement, le premier conseil des ministres a eu lieu ce matin, à l’issue duquel la nouvelle porte-parole du gouvernement Olivia Grégoire a sans trop de surprise du répondre aux questions des journalistes sur cet épineux dossier. Elle a affirmé que « le gouvernement est aux côtés de celles qui, suite à une agression ou à du harcèlement, ont l’immense courage de parler » et que « la justice est la seule à devoir ou à pouvoir trancher ».
« Encourager la libération de la parole des femmes »… tout en se gardant bien d’écouter celles qui dénoncent des faits de viols qui seraient commis par des membres du gouvernement et d’appliquer un principe de précaution en écartant un homme accusé de violences d’un poste de ministre, c’est donc le choix d’Élisabeth Borne.
Pour Mathilde Viot, membre de l’Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique, il est évident que le gouvernement était au courant… mais « s’en fiche » a-t-elle expliqué au micro de RMC :
« On en arrive encore à une fausse grande cause du quinquennat, c’est-à-dire que les violences sexistes et sexuelles en politique n’intéressent pas le gouvernement, on le savait déjà avec le maintien de Darmanin en tant que ministre »
Séquence lunaire s’il en est, que cette question posée à Gérald Darmanin et à Eric Dupond-Moretti, tous deux maintenus à ce nouveau gouvernement et en déplacement à Bordeaux ce dimanche 22 mai, sur les accusations qui pèsent sur Damien Abad et sa nomination au gouvernement :
Un rassemblement est prévu ce mardi 24 mai place Saint Augustin à Paris pour dénoncer cette nomination mais surtout la sourde oreille de ce gouvernement, qui n’en est pas à son coup d’essai, quand il s’agit de nommer un ministre accusé de viols…
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Crédit photo : Jean-Luc Hauser, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons
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Les Commentaires
Mais mec a quel moment tu veux avoir une relation avec une élève de 15 ans de.moins ? C'était fou.