Il y a dans l’année deux périodes propices au binge-watching de séries télé : les vacances d’été, et les vacances de Noël.
Deux périodes pendant lesquelles vous n’êtes pas forcément en vacances, d’ailleurs, rapport au fait que vous vieillissez et que l’on ne peut pas rester étudiant•e toute sa vie (désolée). Mais qui, quoi qu’il arrive, apportent dans votre quotidien une certaine langueur.
Enroulé•e dans le plaid ou étalé•e en maillot sur la terrasse, vous pouvez traîner, vous prélasser, et ne rien faire avec délectation sans que personne ne vienne vous juger. Il fait bien trop froid/trop chaud pour s’agiter.
De ce fait, c’est le moment où jamais de faire ce que vous vous promettez de faire tout le reste de l’année : rattraper votre retard légendaire sur une série télé qui fut portée aux nues par le public pendant que vous regardiez ailleurs. Ou plutôt, pendant que vous étiez très occupé•e à essayer de suivre vos séries du moment.
Non mais, comment voulez-vous tout voir ?! VOUS N’AVEZ QUE DEUX YEUX et une vie sociale.
Écoutez, ce n’est pas très grave. Découvrir une série des années après tout le monde comporte son lot d’avantages, et en voici la liste non exhaustive.
On ne décède plus de suspense en attendant l’épisode suivant
Pouvez-vous imaginer ce qu’ont vécu vos congénères en 1996 lorsque Ross et Rachel ont rompu, et que cet imbécile n’a rien trouvé de mieux que d’aller coucher avec la fille du copy center ? Ce qu’ils ont dû ressentir en réalisant qu’ils allaient devoir attendre la semaine suivante pour savoir comment allait réagir Rachel ?!
Non, vous ne pouvez pas. Pas si, vous aussi, vous avez commencé Friends dans les années 2010, alors que tous les épisodes étaient déjà sortis et re-sortis et analysés cent fois par tous les fandoms de la planète.
Tous ces épisodes qui n’attendent que votre bon-vouloir pour s’ouvrir à vous en quelques intenses séances de binge-watching…
Même quand Ross répète pour la quarante-cinquième fois que « WE WERE ON A BREAK », votre jauge de stress est considérablement moins élevée que celle des pauvres fans qui ont dû subir ça au compte-gouttes.
On peut spoiler librement sans avoir peur de se faire engueuler
Oui, donc, vraiment désolée si vous n’en étiez pas encore là des aventures sulfureuses de Ross et Rachel, mais au bout de vingt ans, j’ai le droit de dire qu’il y a prescription.
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Bon, inversement, vous, vous risquez de vous faire spoiler, mais vous avez peu de chances de comprendre qui est Mike si vous en êtes encore à la saison 3. Et puis c’est une bonne manière de détendre l’atmosphère en soirée : lancez le sujet « Qui aime bien Ross ? », et tout le monde oubliera de châtier au fouet et au bâton l’impudent qui a osé spoiler le dernier épisode de Game of Thrones, pour se plonger dans un délicieux débat aux relents d’années 1990.
Vous mériteriez un prix Nobel de la Paix.
Vous comprenez enfin ces polémiques qui ont ébranlé des communautés entières de fans
Pendant des années, vous n’avez jamais compris pourquoi des gens s’immolaient par le feu après la diffusion du dernier épisode de LOST.
Choqués, et un peu déçus
Heureusement, le détachement que vous a permis le fait de découvrir la série presque dix ans plus tard vous a fait garder la tête froide. Mais vous comprenez, maintenant. Le seul problème, c’est que personne n’a envie d’en discuter avec vous. En même temps, qui a envie de rouvrir ses vieilles blessures ?
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Ceci dit, tout n’est pas perdu : si vous accélérez un peu, vous devriez encore être dans les temps pour pleurer la fin de The Good Wife avec les autres, et avoir enfin ce sentiment si spécial d’appartenir à une communauté. (Non, vous ne pouvez pas faire semblant de savoir de quoi ils parlent. Ils savent quand vous mentez.)
On peut faire les tests d’Internet
Depuis que j’ai rattrapé un certain nombre de mes retards légendaires, je sais que :
- Je suis Gunther dans Friends (ce qui m’enchante moyen)
- Parmi les petites amies de Dexter, je suis Lila Tournay (ce qui ne m’enchante pas du tout)
- Je suis Luke Danes dans Gilmore Girls (ce qui est absurde, tout le monde sait que je suis Lorelai).
Bref, je suis une femme comblée. Avec beaucoup trop de temps libre.
On se fait des ami•es (ou en tout cas moins d’ennemi•es)
L’alcool et le soda coulent à flot, les chips se font engloutir au milieu des rires et l’on se trémousse sur du Major Lazer parce que tout le monde est déjà bourré. Bref, vous devriez être en train de passer une bonne soirée…
Mais malgré tout, vous sentez délaissé•e. Vous trouvez qu’on ne s’intéresse pas assez à votre petite personne. Que faire ?
C’est très simple : placez au détour d’une conversation quelconque que vous n’avez jamais vu Buffy ou Friends, et vous deviendrez la mascotte de la soirée en moins de temps qu’il le faut pour être choqué (mais pas déçu).
Pensez-vous ! Passés le choc et l’indignation (« Com-ment ? Mais n’as-tu donc pas eu d’adolescence ?! »), vos nouveaux auditeurs et auditrices vont êtres ravi•e•s d’apprendre que vous avez commencé la série il y a peu et où vous en êtes, et chacun va y aller de sa petite anecdote bourrée de nostalgie.
Ou, si vous hésitez encore à la regarder, redoubler d’arguments pour vous convaincre de vous jeter à l’eau.
Ah, que ne donneraient-ils pas pour, comme vous, goûter à nouveau au plaisir de découvrir leur plus vieille série préférée ! (Soupir.)
Vous ne trouvez pas ça terrible ? Écoutez, c’est plus sympa de faire rire en étant en retard, que de s’attirer les foudres du monde entier en étant en avance. On manque une fois de se faire éjecter du train parce qu’on a voulu regarder le tout dernier épisode de Breaking Bad quelques heures après sa sortie aux États-Unis, et on ne reproduit plus jamais la même erreur, croyez-moi.
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Maintenant, je glousse devant Gilmore Girls dans le train, et au pire du pire mon voisin me lance un regard perplexe.
Les Commentaires
Du coup, je suis aussi allée faire le test et : "Tu es le monsieur tout nu !". J'aurais préféré être Gunther Donc ne t'en fais pas @Sarah Bocelli, il y a toujours pire que toi
Edit Mais je m'en fiche, je suis Lorelai