Qui s’habille au rayon femme adulte a sûrement déjà remarqué la difficulté à trouver des vêtements pratiques, a fortiori avec des poches fonctionnelles et spacieuses. Seulement 10% d’entre elles pourraient accueillir une main adulte. C’est même déjà le cas au rayon enfant, comme l’avait soulignée il y a quelque temps la lettre devenue virale d’une petite fille à une marque, lui réclamant des poches.
Au rayon fille, un haut sur deux est rose
Une nouvelle étude va plus loin en comparant la longueur et l’ajustement des shorts pour enfants. Publiée sous la forme d’un fil Twitter le 22 août 2022 par la chercheuse spécialiste des données Marie-Louise Timcke, elle se base sur la comparaison de 20 000 hauts et bas du rayon junior de marques populaires comme H&M ou Zalando.
Parmi les résultats, on apprend qu’un haut sur deux serait rose côté fille, alors que les garçons ont davantage de choix même si le bleu prédomine. Quant au champ lexical qui s’affiche sur les hauts, ceux des garçons invitent à l’évasion par le sport, tandis que ceux des filles parlent de rêve et d’amour.
Les shorts des filles, 6 cm plus courts que ceux des garçons
Mais le plus frappant reste la comparaison des longueurs et de l’ajustement des shorts. En moyenne, ceux des filles sont plus courts de 6 cm par rapport à ceux des garçons. Pourtant, là cet âge-là (moins de dix ans), leur courbe de croissance s’avère similaire. C’est ce qui amène la chercheuse Marie-Louise Timcke à conclure :
« Le fait que les shorts des filles soient plus ajustés et plus courts que ceux des garçons est simplement le résultat de la mode et de la socialisation.
Dans la logique de ces marchés, les filles sont avant tout des petites femmes ; pour elles, le vêtement est fait pour plaire. Et les garçons sont censés être tout sauf des »filles ».
Cette séparation conduit au fait que certains produits n’existent tout simplement pas sur le marché : comme des chemises de nuit avec des dinosaures, des jupes avec des ballons de football ou des shorts cargo avec des licornes.
»Il ne s’agit pas que de couleurs et de coupes. Il s’agit de mondes entiers qui sont refusés à certains et imposés à d’autres », explique Almut Schnerring, autrice de The Pink-Light Blue Trap.
Selon Almut Schnerring, l’industrie investit dans la ségrégation sexuelle depuis des décennies. Il n’est pas juste de rejeter la responsabilité sur la personne qui en est influencée. »
En d’autres termes, le sexisme s’achète dès le rayon enfant.
À lire aussi : Depuis quand habille-t-on les filles en rose et les garçons en bleu ?
Crédit photo de Une : dana279 de la part de pixabay via Canva
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Les Commentaires
En tant que parent et féministe je râle là-dessus à chaque fois que je fais du shopping pour ma fille (que ce soit en boutique ou sur internet). Et effectivement la solution c'est d'aller acheter dans les 2 rayons mais ça prends plus de temps !
Par contre je ne trouve pas que les vêtements dans les rayons étiquetés garçons soient systématiquement plus pratiques. Ce dépend beaucoup des vêtements et surtout des saisons. Par exemple pour les grosses chaleurs je trouve que les rayons "pour filles" sont plus adaptés et proposent plus de choix avec les robes, jupes, petits débardeurs, leggins courts et shorts certes plus courts mais aussi plus légers alors que au rayon garçons il y a des t-shirts et shorts plus longs et dans des tissus souvent bien plus épais ! Donc faut vraiment faire le tour de la boutique à chaque fois... Je rêve d'une loi qui interdise les distinctions de sexe/genre dans les boutiques pour les jeunes enfants...