Poupée mannequin de 29 cm commercialisée depuis 1959, Barbie serait moins reconnaissable sans ses atours rose bonbon, dont la popularité doit beaucoup à une créatrice de mode, Elsa Schiaparelli. En 1937, la grande couturière lance son parfum Shocking avec un flacon et packaging dessinés par l’artiste d’origine argentine Leonor Fini, à la couleur inoubliable.
Elsa Schiparelli s’inspire de bégonias et d’art sud-américain pour créer son rose shocking
Comme le raconte à France Culture la docteure en histoire Élisabeth de Feydeau, autrice de Elsa Schiaparelli, l’extravagante, Elsa Schiaparelli s’inspire alors d’une chute qu’elle a vécue enfant, où elle tombe de son landau « dans un plant de bégonias, de ce rose fuchsia ». Cette teinte intense marque d’autant plus son enfance qu’elle la retrouve dans des livres d’art de la bibliothèque que tient son père, en particulier dans l’art aztèque et inca, où le rose péruvien comporte du bleu pour encore plus de vibrance. 1937, c’est justement l’année de l’Exposition coloniale où Elsa Schiaparelli retrouve cette intensité au pavillon péruvien et qui lui donne envie d’en faire la couleur associée à son parfum, Shocking, d’où le nom de rose shocking.
Un rose intensifié de magenta pour le rendre plus bleuté et donc vibrant
Celui-ci a nécessité l’intervention Christian Bérard, peintre et illustrateur de la maison Schiaparelli et Jean Clément, parurier qui s’occupe de fabriquer les bijoux qui ornent les vêtements, poursuit la spécialiste Élisabeth de Feydeau toujours auprès de France Culture :
« Jean Clément se sert de vernis qui sont utilisés uniquement dans l’industrie automobile pour arriver à cette couleur très particulière de rose. Un rose intense, un rose dans lequel on va ajouter du magenta, donc ce côté un peu bleu, même violet. »
Alors que la Seconde Guerre mondiale secoue le milieu du siècle, l’usage de cette vibrante teinte dans les collections féminines de Schiaparelli marque les esprits rendus gris par l’horreur, et dépasse rapidement le petit cercle de la mode parisien. Même Frida Kahlo adopte le parfum Shocking et la teinte qui va avec.
Le rose Barbie, un signe de ralliement et d’affirmation féministe dans l’espace public
Certains militants et militantes en font au fil des décennies un symbole d’affirmation dans l’espace public et attirer l’attention. En particulier du côté de luttes féministes, en plus du violet, le rose sert de symbole de ralliement de la marche des femmes de Washington de 2017, au lendemain de l’inauguration du président si sexiste des États-Unis Donald Trump, ou par les militantes indiennes du Gulabi Gang, qui protestent contre les violences faites aux femmes.
Aussi superficielle qu’elle puisse paraître, la tendance mode actuelle dite du #Barbiecore contribue, elle aussi à retourner le stigmate associé à ce symbole de l’ultra féminité parfois jugé trop enfantin ou girly afin d’en faire un motif de fierté, de puissance et de sororité. Toute de rose Barbie bien shocking vêtues.
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
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