Rickia Young a obtenu justice. Cette jeune femme noire de 29 ans a obtenu deux millions de dollars de réparation de la part de la ville de Philadelphie.
Les faits remontent à octobre 2020. Alors que des manifestations avaient lieu dans toute la ville suite à l’assassinat de Walter Wallace Jr., un homme noir abattu par la police, cette aide-soignante a été sortie de son véhicule et battue par des policiers.
Une vidéo, devenue virale, montre des officiers se précipiter sur la voiture, briser les vitres, et l’emmener de force. Le seul tort de Rickia Young est visiblement d’avoir été au mauvais endroit au mauvais moment.
Elle a ensuite été emmenée menottée par la police et donc séparée de son fils qui était dans la voiture, ainsi que de son neveu de 16 ans lui aussi présent.
Quand la police manipule l’image
Avant que l’enfant ne soit retrouvé par sa grand-mère, une photo a été prise de lui, porté par une policière blanche. Photo qui a été postée quelques jours plus tard sur le groupe Facebook du National Fraternal Order of Police… en alléguant que l’enfant avait été sauvé par la police alors qu’il s’était perdu dans les émeutes.
« La seule chose qui comptait pour cette agente de police à ce moment là était de protéger cet enfant », pouvait-on lire dans le post.
Une photo parfaite (la policière est jeune, belle, blanche, protectrice, son regard est plein de compassion et de détermination) pour un storytelling parfait afin de redorer le blason de la police. Et qui évacue toutes les circonstances du drame et le fait que l’enfant s’est retrouvé seul à cause de l’intervention injustifiée des forces de l’ordre.
Le post a été supprimé, mais le mal était déjà fait, et la « belle histoire » du petit garçon secouru par la police s’est malgré tout répandue :
Justice pour Rickia Young
Presque un an après les faits, Rickia Young a eu gain de cause devant la justice. Deux policiers impliqués dans l’agression qu’elle a subi ont été renvoyés.
Très émue, Rickia Young s’est exprimée lors d’une conférence de presse : « Je n’oublierai jamais ce qu’ils nous ont fait cette nuit là », a-t-elle déclaré. « J’espère que les officiers responsables n’auront plus jamais l’occasion de faire ce qu’ils ont fait à quelqu’un d’autre »
Elle a aussi évoqué l’affaire de la fameuse photo et de ses lourdes conséquences. Car au traumatisme d’être molestée par la police, arrêtée sans aucune raison, s’ajoute celui d’avoir été accusée en tant que mère de négliger son enfant, une manipulation déshumanisante dans le but d’améliorer l’image de la police largement ternie par les affaires de violences et de racisme systémiques ces dernières années :
« Je veux que la NFOP soit tenue responsable pour ce qu’elle nous a fait, de m’avoir dépeinte comme ce genre de mère qui ne saurait pas ou qui se ficherait de savoir où est son enfant au milieu de ce chaos.
Nos blessures physiques vont guérir, mais la souffrance de voir les images de mon fils dans les bras d’une officière et ce commentaire horrible pour décrire cette photo, cela ne guérira jamais. Ils doivent être tenus responsables. »
Le combat de Rickia Young n’est donc pas terminé. Ses avocats ont entamé des poursuites contre l’organisation policière responsable de cette communication.
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Crédit photo : The Philadelphia Inquirer (capture)
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