« Le Département examine de près cette décision et évalue nos politiques pour s’assurer que nous continuons à fournir un accès continu aux soins de santé reproductive, comme le permet la loi fédérale. »
Ces mots signent la réaction du secrétaire américain à la Défense, LIoyd Austin, le 24 juin 2022. Quelques minutes auparavant, la Cour suprême des États-Unis venait d’annuler l’arrêt Roe vs Wade, qui depuis 1973, accordait aux Américaines, le droit d’avorter dans tout le pays.
Mais à aucun moment, Lloyd Austin ne s’est engagé à prendre des mesures afin de garantir l’accès à l’avortement aux 230 000 femmes qui servent dans l’armée américaine. Surtout que, d’après une loi de 1976, le système de santé militaire n’est autorisé à pratiquer des interruptions volontaires de grossesses (IVG) uniquement en cas de viol ou d’inceste avérés, ou encore si la vie de la mère est en danger.
25% de militaires américaines victimes d’agressions sexuelles
Aux États-Unis, les femmes représentent 17% des effectifs militaires, selon les chiffres officiels du ministère de la Défense. Ce n’est pas énorme, mais ce chiffre est un progrès dans un milieu si masculin. Malheureusement, jeunes et en âge de procréer (75% des nouvelles recrues ont moins de 22 ans), elles demeurent des proies idéales. D’après une enquête réalisée en 2018 par la revue Trauma, Violence and Abuse, 25% d’entre elles ont été victimes d’agressions sexuelles dans l’armée.
La majorité de ces abus sexuels a été commis par des supérieurs hiérarchiques. Peu sont donc les femmes qui osent s’adresser à un médecin militaire, même en cas de viol, pour demander de l’aide. D’autant plus que ces derniers ont l’obligation d’ordonner une enquête sur l’agression, mettant en péril les carrières… des femmes agressées !
En parlant de carrière, selon une étude publiée en 2019 par la revue Military Medicine, les militaires américaines rencontrent des obstacles à se faire prescrire des contraceptifs et cela impacterait même leurs parcours professionnels. Certaines d’entre elles déclarent aussi avoir été réprimandées pour « activité sexuelle » lors de déploiements. Des faits marqués dans leur dossier qui auraient ralenti, si ce n’est annulé, d’éventuelles promotions…
Les démocrates déjà mobilisés
« Les femmes militaires ont un taux de grossesses non désirées supérieur de 22% à celui de la population civile. »
C’est ce que soulignait déjà, Jackie Speier, élue démocrate à la Chambre des représentants, à l’origine d’un projet de loi, présenté début juin, visant à autoriser la médecine militaire à pratiquer des avortements. Parallèlement à ce texte de loi, dans une lettre parue à la mi-juin, les démocrates avait appelé le ministre de la Défense, à faciliter l’accès à l’IVG des soldates, en remboursant notamment les frais de voyage de celles qui devraient changer d’État, voire de pays, pour avorter.
Des voyages onéreux, aux frais des femmes militaires, qui risquent de se multiplier dans les prochains mois… Dès l’annonce de l’annulation de l’arrêt Roe vs. Wade, les États américains les plus conservateurs se sont empressés de déclarer l’interdiction immédiate ou prochaine de l’IVG en leur terre. Or, ces États abritent de grandes bases militaires, à l’image de celle de Fort Hood au Texas. De bien mauvais augure pour les soldates…
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Image en Une : © Hope Myers/Paraglide – Flickr
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