Les personnes aux cheveux frisés et crépus l’ont peut-être déjà vécu : des mains intrusives, des regards désapprobateurs, voire des remarques désobligeantes concernant leur coiffure. Lâchée, cette chevelure a le don de déranger les plus conservateurs, prompts à taxer de non-professionnelle, sauvage, ou négligée. Des critiques d’autant plus véhémentes quand il s’agit de femmes racisées. C’est contre ce genre de discrimination qu’une loi baptisée CROWN Act s’étudie actuellement au Sénat des États-Unis.
Une loi afin de « créer un monde respectueux et ouvert pour les cheveux naturels »
C’est une loi déjà à l’œuvre en Californie depuis 2019, suivie depuis par 14 autres États. Elle protège les personnes qui portent leurs cheveux naturels, qu’ils soient lâchés, en tresses, locks, et autres twists. Ce, dans les lieux publics, à l’école, mais aussi en entretien d’embauche. Cette loi numérotée 2116 se baptise selon son acronyme : « Creating a Respectful and Open World for Naturel Hair ». Soit créer un monde respectueux et ouvert pour les cheveux naturels.
Déjà approuvée à deux reprises par la Chambre des représentants, cette loi doit désormais obtenir l’aval du Sénat qui rendra son verdict d’ici la fin du mois de mars 2022 afin de déboucher sur une entrée en vigueur à l’échelle fédérale.
La sénatrice Holly Mitchell, qui a rédigé le texte initial, a ainsi tweeté son enthousiasme le 19 mars 2022 :
« Il y a près de 3 ans, j’ai eu l’honneur d’être l’auteur de la loi CROWN faisant de la Californie le premier État du pays à adopter la loi anti-discrimination. Aujourd’hui, elle a été adoptée par la Chambre et se dirige vers le Sénat. Si fière de la coalition The Crown Act et des décennies de plaidoyer qui ont mené à ce moment »
Les discriminations capillaires concernent aussi la France
Beaucoup plus pernicieuse qu’il n’y paraît, la discrimination des personnes en fonction de la nature même de leurs cheveux, a fortiori pour les personnes racisées, peut les empêcher d’obtenir un logement, un travail, ou même une filière d’études. Comme si les cheveux frisés et crépus étaient jugés négligés par défaut. Une étude de la Duke University de 2020 a justement prouvé que les femmes noires qui se lissaient les cheveux avaient plus de chance de décrocher un poste que si elles gardaient leur chevelure dans leur état naturel.
Dans une récente interview pour Madmoizelle sur la tenue professionnelle, la coach de carrière Marie Dasylva expliquait justement combien le racisme pouvait être à la racine du sujet, y compris en France, puisqu’il s’agit d’un problème systémique :
« Nos corps sont perçus comme vulgaires, sauvages, donc à contrôler. Cela passe par cacher nos formes, nous défriser les cheveux, ou encore sourire constamment pour ne pas être taxé du stéréotype de l’angry black woman. »
Contre ce double-standard longtemps indicible qui exigeait notamment des personnes aux cheveux frisés ou crépus de les lisser pour avoir l’air plus conforme, domptée, contrôlée et contrôlable, le CROWN Act pourrait donc bientôt changer la donne aux États-Unis. Quant au pays des lumières qui refuse de voir les couleurs, on peut toujours se brosser.
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Crédit photo de Une : pexels-mikhail-nilov-6893832
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