La littérature de nos voisins british regorge de sémillants personnages à la verve pétillante, qui plongent de situation cocasse en situation cocasse avec un flegme tout britannique. Néanmoins, certain-e-s se sont plus illustré-e-s que d’autres en la matière…
Voici sept des auteurs classiques anglais qui ont su faire preuve d’humour et ont inspiré les Douglas Adams, Terry Pratchett voire J.K. Rowling qui peuplent des milliers de bibliothèques !
Jonathan Swift (1667-1745)
Surtout connu pour Les Voyages de Gulliver, qu’on a tendance à considérer, à tort, comme une fable pour enfants alors qu’il s’agit d’une satire mordante plus proche du conte philosophique à la Voltaire que du petit chaperon rouge.
Jonathan Swift était aussi homme d’Église (doyen de la cathédrale Saint-Patrick de Dublin), pamphlétaire engagé (successivement pour les deux partis british : les Whigs et Tories), et poète.
Il utilisa de nombreux pseudonymes, et publia d’ailleurs Les Voyages de Gulliver sous le nom de Lemuel Gulliver. Malgré tout, ses ouvrages féroces et parfois franchement pessimistes sur la nature humaine n’épargnaient aucun de ses contemporains et lui attirèrent quelques ennuis.
Le Conte du Tonneau, par exemple, déplut tellement à la reine Anne qu’elle bloqua son ascension au sein de l’Église quelques années après sa publication, lui interdisant d’atteindre l’évêché !
Henry Fielding (1707-1754)
Lorsqu’il se lance dans le roman, Henry Fielding a déjà une expérience de dramaturge derrière lui, mais c’est presque par hasard qu’il tente la prose puisqu’il est inspiré par son agacement vis-à-vis du succès de Richardson avec son roman Pamela, la vertu récompensée.
De cette irritation naissent Shamela, roman parodique, puis Joseph Andrews, récit original qui imagine un frère vertueux à la sentimentale Pamela de Richardson, qui devra lui aussi résister aux avances qu’on lui fait.
Mais si les parodies de cet homme de loi (il était juge de paix) amusent, son chef-d’oeuvre est sans conteste L’histoire de Tom Jones, récit rocambolesque, riche en rebondissements, digressions et piques bien senties.
Cerise sur le gâteau, le tout n’est pas dénué de bienveillance ; c’est ce qui en rend la lecture très agréable malgré des chapitres entiers de digressions, qui peuvent ennuyer un lecteur du XXIème siècle.
Jane Austen (1755-1817)
Si j’aime Jane Austen si passionnément, ce n’est pas pour son romantisme et ses éternels triangles amoureux où l’on finit par découvrir que le troisième larron était en réalité un parfait enfoiré. Ce schéma, s’il était sans doute innovant à l’époque, fleure aujourd’hui le déjà-vu et la lassitude. Les comédies romantiques ne font que reprendre ses grandes lignes en boucle…
Non, ce que j’aime chez elle, c’est son regard incisif, ses piques, sa verve bien sentie, voire sa férocité.
Jane Austen, ce n’est pas qu’un tas d’histoires d’amour fleur bleue avec en couverture une jeune fille au regard éthéré, aux boucles soignées et à la robe vaporeuse : c’est une critique impitoyable des mœurs de la bonne société anglaise de son époque, et quand c’est fait avec autant d’humour, de gaité mais aussi de justesse et de tendresse, c’est irrésistible !
Charles Dickens (1812-1870)
Les récits les plus marquants de Dickens mettent en scène des orphelins miséreux dans des bas-fonds londoniens riches en coupe-gorges et bandits de tous poils ; pourtant, l’auteur s’est d’abord distingué avec les picaresques et légères Aventures de Monsieur Pickwick.
Ce gentleman optimiste en dépit du bon sens traverse avec de cocasses compagnons une bonne société pétrie de principes ridicules, où il vit diverses mésaventures malgré sa bonne volonté. L’univers de Pickwick est prompt à la satire et n’épargne ni l’Église, ni les représentants de la loi.
L’humour, s’il n’est pas au centre des romans les plus connus de Dickens, se retrouve néanmoins chez des personnages secondaires bien campés, comme l’emphatique Mr Micawber dans David Copperfield !
Robert Louis Stevenson (1850-1894)
De Robert Louis Stevenson, on connaît surtout Docteur Jekyll et Mr Hyde, L’île au trésor ou ses récits de voyage, mais ce que je préfère dans son oeuvre, ce sont ses Nouvelles Mille et Une Nuits, un ouvrage éclaté en plusieurs nouvelles enchâssées aux multiples personnages, qui prouve sa grande maîtrise du récit et du suspense.
En quoi Stevenson fait-il preuve d’humour ? Eh bien, dans ses textes, il est là, partout, omniprésent.
Au détour de chaque virgule, même dans ses récits les plus terribles, on sent le second degré et la bonne humeur de cet homme fin, doux mais passionné qui va souffrir toute sa vie d’une maladie contractée dès l’enfance, mais ne s’interdira pas pour autant de voyager jusqu’au lointain Pacifique !
Jerome K. Jerome (1859-1927)
Malgré sa réputation de sinistre pessimiste, Jerome K. Jerome surprend par ses textes humoristiques souvent inspirés de situations autobiographiques, comme Trois hommes sur un bateau ou Sur la scène et en coulisses. Il écrit également des récits plus sombres, mais ils ne connaissent pas le même succès.
Issu d’une famille d’abord aisée puis ruinée, Jerome K. Jerome enchaîne les petits boulots (une source inépuisable d’inspiration) et essuie de nombreux de refus pour ses textes, avant de connaître un succès qui lui survivra.
Incisif, il pointe les absurdités du quotidien avec justesse et ironie, et sait également faire preuve de beaucoup d’autodérision en se mettant lui-même en scène.
P.G. Wodehouse (1881-1975)
Auteur incroyablement prolifique, Pelham (dit Plum) Grenville Wodehouse illumine notamment la vie d’Agatha Christie (une auteure pas avare en humour anglais non plus) qui lui dédicace sa Fête du Potiron.
Il est connu pour ses nombreux personnages hauts en couleur, à la fois sympathiques et insupportables, héros de cycles de romans riches en péripéties burlesques : Jeeves, l’ingénieux valet qui sort toujours son maître Bertie Wooster du pétrin ; Lord Emsworth, noble champêtre obsédé par son cochon ou sa citrouille de concours.
Mr Mulliner, le pilier de bar à la famille si nombreuse qu’il peut déformer n’importe quelle histoire pour inclure un de ses innombrables neveux dans une aventure rocambolesque ; Anatole, le chef cuisinier français (excusez du peu) au sale caractère…
Notez qu’une série inspirée de Jeeves et Wooster fut diffusée au début des années 90, avec Hugh Laurie et Stephen Fry dans les rôles titres… et que cette adaptation est tout simplement délicieuse !
Le générique qui donne la pêche !
Et vous, quels sont vos auteurs british préférés ? L’humour anglais, ça vous parle ou ça vous laisse froid-e-s ?
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
Moi qui adore la littérature anglaise me voilà servie, il y en a 1 ou 2 que je ne connaissais pas que je vais pouvoir regarder de plus près en librairie... Merci !