La semaine dernière, Annelise et Emilie ont assuré la littérature et j’en ai profité pour vous parler dessins animés. Pour mon grand retour, j’avais donc pensé faire une blague sur « Paul Austère » mais c’était un peu trop nul, alors je m’abstiens. Ne me remerciez pas. Du coup, qui est ce cher Paulo ? Il s’agit d’un écrivain américain de 65 ans (mais encore bien vaillant), qui réussit l’exploit d’être totalement génial alors qu’il vient du New Jersey, un État davantage réputé pour Snooki ou Jay & Bob que pour son patrimoine littéraire.
Il approche la littérature en 1965, en traduisant des poésies françaises (ce qui est déjà assez classe), mais doit attendre le début des années 1980 pour voir son premier recueil en prose, L’Art de la Faim, accepté par un éditeur. Les choses s’enchaînent et il devient (re)connu entre 1985 et 1988 en publiant La Cité de Verre, Revenants et La Chambre Dérobée, trois œuvres formant la Trilogie New-Yorkaise. Depuis, il publie un roman tous les un ou deux ans, le dernier en date étant intitulé Sunset Park
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Paul Auster est considéré comme un écrivain de la mouvance post-moderne, car ses œuvres sont en forte interaction avec la ville (le plus souvent New-York) et un des thèmes centraux de ses romans est la recherche de sens dans un monde chaotique. Comme Stephen King, il a tendance à évoquer la figure de l’auteur, à recouper certaines de ses histoires entre elles, ou à donner son nom à des personnages, mais le cœur de ses récits tourne toujours autour du hasard qui régit nos existences, des coïncidences ou des actes manqués.
Je l’ai personnellement découvert avec Le Voyage d’Anna Blume (In the Country of the Last Things – je précise le titre original parce que c’est un des plus beaux que je connaisse), et j’ai pris une claque. Il y a des bouquins comme ça qui ne sont pas juste « Un très bon livre » ou « Une super histoire vraiment bien écrite », mais qui, comment dire, laissent le lecteur sur le popotin. C’est l’histoire d’une longue lettre écrite par Anna Blume, une jeune femme bloquée par une guerre inconnue dans une ville anonyme, et qui y survit tant bien que mal. Vu comme ça, ça semble bien simple, mais ça ne l’est pas, c’est extrêmement profond, émotif, et très prenant, mais puisque ceci n’est pas « Le livre de la semaine« , je fais court.
L’œuvre de Paul Auster est d’une richesse incroyable, formée de multiples niveaux de lecture et d’histoires oniriques qui s’entrecroisent. La réalité est toujours là, à un cheveu des personnages, mais légèrement déformée, distordue, comme un rêve qui paraît extraordinairement concret au réveil. Ses héro(ïne)s, souvent perdus, errant, finissent par trouver un chemin, un repère dans le monde chaotique qui les entoure.
Dans un tout autre registre, je ne peux que vous conseiller très chaudement le recueil Je pensais que mon père était Dieu. Preuve de sa célébrité outre-Atlantique, Paul Auster avait été réquisitionné pour une émission de radio, Weekend All Things Considered, mais ne se sentait pas capable d’écrire sur commande : il fit donc appel aux auditeurs, et sélectionnait plusieurs de leurs textes pour les lire à l’antenne. Ces récits finirent par être publiés dans Je pensais que mon père était Dieu, où ils sont classés par thème, et forment un panorama éclaté de l’Amérique d’hier et d’aujourd’hui ; souvent touchants, toujours intimes, ces petites histoires d’anonymes ne laissent personne indifférent.
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
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