Une intervention qui pose question. Selon une enquête parue dans Mediapart lundi 15 avril, la ministre chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, Aurore Bergé, aurait bloqué le recrutement d’une fonctionnaire en raison de ses opinions politiques.
Un recrutement bloqué du jour au lendemain
Warda* devait prendre ses fonctions de « directrice régionale déléguée aux droits des femmes et à l’égalité entre les femmes et les hommes » de la région Centre-Val de Loire peu de temps avant le 8 mars. Son recrutement avait été validé par toute l’administration, Warda avait retourné auprès de la préfecture une quinzaine de documents signés pour prendre ses fonctions quelques jours plus tard.
Jusqu’au blocage définitif, à partir de mi-février : « On m’a notifié que, finalement, le poste ne m’était plus destiné, se désole la jeune femme. Depuis deux mois, je demande des explications, mais personne ne veut m’en donner », rapporte la femme à nos confrères de Mediapart.
Un « strict devoir de neutralité » pour Aurore Bergé
Une annulation soudaine qui serait due à ses opinions politiques : Warda se situerait trop à gauche, selon Aurore Bergé. Et pour cause, cette fonctionnaire dont le patronyme renvoie à ses origines maghrébines (ses parents sont immigrés algériens) a milité au sein du parti de gauche Génération·s, créé par l’ancien candidat à la présidentielle socialiste Benoît Hamon.
Un engagement dont Warda ne s’est jamais cachée, assumant il y a quelques années dans la presse son opposition à la « montée des nationalismes », à « l’homophobie », à « l’islamophobie » (terme que réfute Aurore Bergé) et affichait également son soutien au mouvement des gilets jaunes.
Sollicitée par Mediapart, Aurore Bergé est restée évasive sur les raisons de ce blocage : « Comme pour toute nomination à la signature d’un ministre, il est de notre responsabilité de confirmer ou infirmer une nomination », a-t-elle déclaré, affirmant « avoir décidé de ne pas valider le mouvement en question », tout en évoquant que « les postes dans l’administration sont soumis à un strict devoir de neutralité », confirmant à demi-mot le caractère politique de sa décision. Pourtant, comme le rappelle Mediapart, le devoir de neutralité n’est pas effectif pour les opinions passées des fonctionnaires.
*le prénom a été modifié
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
Par contre, la remarque sur le devoir de réserve est une grosse accusation : la ministre sous entendrait que cette personne, dans le cadre de son travail de fonctionnaire, traite les dossiers et les usagers en fonction de ses propres convictions politiques ou religieuses et non pas en fonction des textes applicables. Si cela était vrai, alors cette personne commettrait une faute grave qui nécessiterait une sanction. Et si ce n'était pas le cas, le fait de l'accuser de commettre une faute grave sans en apporter la preuve et que cela lui porte préjudice d'un point de vue professionnel me semble être tout à fait diffamant.