Voilà 4 jours que le festival Canneséries a donné son coup d’envoi, sous des applaudissements nourris et un soleil de plomb.
Un soleil qui se fait de plus en plus timide à mesure que les jours passent, tandis que dans le mythique auditorium Louis Lumière, la compétition se solidifie.
On a vu des programmes politiques puissants, des drames 80’s et des biopics contemplatifs, mais on avait pas encore vu de série profondément émouvante et drôle.
C’est désormais chose faite avec Audrey est revenue, un show canadien qui réussit la prouesse de faire rire et pleurer avec peu.
Audrey est revenue : réapprendre à vivre
Un infirmier et une infirmière se roulent d’énormes pelles, dans une chambre d’hôpital où une jeune femme est plongée dans le coma. Ils sortent de leur fureur érotique au moment où la jeune endormie se réveille. Voilà 15 ans qu’elle était en état végétatif.
Ses parents, prévenus, débarquent en trombe à l’hôpital voir leur fille enfin consciente.
Après quelques jours à la préparer, l’hôpital laisse sortir Audrey, en compagnie de ses parents : une mère très concernée par l’état de santé de sa fille et un père adorable, totalement soumis à son ex-femme.
Les deux ramènent Audrey dans la maison de la mère, où elle vit avec un son compagnon et sa fille cadette.
Une fois rentrée, Audrey doit réapprendre à parler, à marcher, à se nourrir et surtout à se souvenir. Car à part de Pompon, le chien galeux de son père, elle ne se rappelle pas grand chose, surtout pas de sa famille.
Mais petit à petit, grâce aux efforts de sa petite troupe, chez qui il règne une pagaille affective absolue mais follement attachante, Audrey va réapprendre à vivre.
Audrey est revenue, la preuve qu’on peut faire du très bon avec du très simple
Oui, nous aussi on aime Squid Game et les séries high concept en général. Mais on sait aussi être totalement séduite, envoutée même, par des histoires toutes simples, qui auraient pu avoir arriver dans notre propre foyer ou chez des voisins.
Difficile de faire plus universel que la vision de la famille véhiculée par Audrey est revenue, qui conjugue dysfonctionnalité et tendresse infinie.
La famille d’Audrey ressemble à n’importe quelle autre famille avec son lot de prises de becs et d’incompréhensions, mais c’est la situation exceptionnelle de l’héroïne, celle d’une jeune femme qui doit réapprendre à vivre après un long coma, qui est le prétexte à la fabrication d’une série-télé.
Tout est simple dans Audrey est revenue : les situations (la mort d’un chien une dispute à table, une balade), les décors et les costumes. Mais c’est dans le détail que se cache non pas le diable mais bien le génie. C’est via les dialogues, via les ruptures de rythme, le montage et la musique que se véhicule la délicatesse du très précieux programme québécois.
Les lignes de dialogues, particulièrement, vous séduiront. Surtout celles de la mère, personnage central au combien divin de la série, qui est collante, stressée, mais pleine de bonnes intentions pour sa fille et le reste de sa maisonnée.
Ses répliques sont aiguisées, drôles, un peu à côté de la plaque. La mère parle comme une mère, la petite sœur parle comme la petite sœur, et pendant ce temps là, Audrey est sur Vénus.
C’est justement parce que cette famille ressemble vraiment à une famille, sans caricature ni sur-écriture, que Audrey est revenue est si intensément juste et touchante.
Audrey est revenue, portée par la lumineuse Florence Longpré, qui a aussi co-créé le programme, avec Josee Deschenes et Denis Bouchard, n’a pas encore de date de sortie française.
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