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Manifestations pour le droit à l'avortement aux USA // Source : Flickr / Lorie Shaull
Société

Bienvenue au Texas : ses amies l’aident à avorter, son ex-conjoint les assigne en justice

Jeudi 9 mars 2023, un texan a déposé plainte contre les amies de son ex-femme, pour « conspiration de meurtre ». Le motif ? Il les accuse de l’avoir aidée à avorter. Une démarche aussi lunaire que politique.

Si l’indécence avait un visage, ce serait le sien. Jeudi 9 mars 2023, un texan a déposé plainte contre les amies de son ex-femme pour « conspiration et mort injustifiée ». Un mois après la finalisation du divorce, l’homme accuse les trois femmes d’avoir aidé sa conjointe à obtenir un avortement médicamenteux suite à une grossesse non désirée.

À lire aussi : Une Américaine contrainte de mener à terme sa grossesse alors que son fœtus n’est pas viable

Une législation abjecte qui lui est favorable

Pour sa plainte, déposée devant des instances civiles et non pénales, Marcus Silva s’est appuyé sur les lois texanes, en vigueur depuis juin dernier, date de l’abrogation de l’arrêt Roe v. Wade qui a permis au Texas de durcir sa politique en matière d’avortement. Comme le rappellent nos confrères du Parisien, les textes prévoient depuis l’été dernier que « toute personne aidant une femme à avorter peut être poursuivie pour meurtre, selon les lois texanes. »

Sans grande surprise, Marcus Silva est représenté par un élu local républicain, Briscoe Cain, connu pour ses positions extrêmement hostiles sur le sujet, et par l’avocat conservateur Jonathan Mitchell, qui est à l’origine de la récente loi mettant à mal ce droit fondamental au Texas.

Ces derniers ont déroulé un argumentaire lunaire : selon eux, c’est en juillet dernier que Silva a « appris l’implication des accusées dans le meurtre de son enfant ». En guise de « preuves », des captures d’écran où l’on verrait son ex-femme partager sa détresse auprès de ses amies après avoir découvert être enceinte. Elle y expliquerait par ailleurs son désarroi face aux lois texanes qui l’empêchent de recourir à l’IVG :

Après avoir cherché des solutions pour se rendre dans un État où se pratiquent encore les avortements, deux des femmes expliquent à leur amie comment obtenir les pilules abortives, la troisième propose de venir la chercher chez elle après avoir pris les pilules, un geste qui, selon les avocats de Silva, équivaut à permettre à la femme « d’utiliser sa résidence pour le meurtre ». Les avocats dénoncent aussi le message conseillant au groupe d’amies d’effacer les conversations pour éviter que Marcus Silva n’y « jette un œil » ; c’est, selon eux, la preuve que les accusées ont cherché à « détruire les preuves de leurs crimes ». Quant aux déguisements qu’elles ont choisis trois mois plus tard pour Halloween, les tenues de la « Servante écarlate » tirée du roman dystopique de Margaret Atwood, ils représentaient la « célébration » du « meurtre » qu’elles avaient commis.

Le Parisien, « États-Unis : un Texan porte plainte contre les amies de son ex-femme pour l’avoir aidée à avorter », 12 mars 2023

À lire aussi : Américaine et childfree, la loi anti-IVG au Texas m’a poussée à me faire stériliser

Une démarche purement politique ?

Comme par hasard, cette plainte intervient alors que les pilules abortives sont au cœur du débat entourant l’accès à l’IVG aux États-Unis. En effet, 54 % des avortements pratiqués dans le pays sont actuellement médicamenteux. Marcus Silva a exprimé son intention de porter plainte contre le laboratoire qui a conçu la pilule et réclame des « dommages-intérêts nominaux, compensatoires et punitifs » à hauteur de 1 million de dollars contre chacune des amies de son ex-femme.

Une manœuvre qui n’a rien d’anodin. En novembre dernier, un groupe baptisé « Alliance pour la médecine hippocratique » a déjà porté plainte contre la Food and Drug Administration, qui a approuvé, en septembre 2000, la mise sur le marché de la mifépristone, un stéroïde synthétique fréquemment utilisée comme abortif en début de grossesse. Depuis janvier 2023, ces pilules sont aussi disponibles sur ordonnance en pharmacie.

Représenté par sept avocats d’Alliance Defending Freedom (une organisation à but non lucratif de droite religieuse basé en Arizona), le groupe accuse la FDA d’avoir bâclé la procédure d’approbation. Si le juge (sympathisant de la cause conservatrice) venait à leur donner raison, la mifépristone serait interdite sur l’ensemble du territoire, le temps que l’agence américaine du médicament revoie toute la procédure. Sa décision, attendue depuis le 24 février, pourrait bien constituer un nouveau coup de massue pour le droit à l’avortement américain.


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Les Commentaires

3
Avatar de Absol-626
14 mars 2023 à 16h03
Absol-626

Bien heureuse d'habiter en France, d'avoir pu avorter, et d'avoir pu dans l'année suivante, faire faire une ligature de mes trompes!!
Parce que si c'est ça l'avenir, franchement, je n'en veut pas!
Encore une fois, Les hommes ont le putain de pouvoir sur les femmes, leur corps et leur décisions.
Et la loi leur donne raison en plus
J'hallucine.
Comment on peut parler de meurtre quand il s'agit d'un amas de cellules à l'intérieur du corps de quelqu'un d'autre?!
à ce stade là, je considère ça plus comme un parasite que comme un être à part entière! Puisque sans le corps de la mère, le foetus MEURT en fait.
à partir du moment où ça peut pas vivre de lui-même, c'est pas une personne, donc ça peut pas être un meurtre. C'est de la logique simple, non?
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