Pour limiter les interactions en open space et ne pas choper le Covid au bureau, le télétravail s’est démocratisé, rendant les réunions Zoom et les roulements de présence IRL plus fréquents.
En France, au sommet de la vague, « le nombre de télétravailleurs a atteint 41% des salariés » pour redescendre à 31% en décembre 2020. En mars et avril 2021, cependant, « 34% des salariés disaient mal le vivre au quotidien », sans qu’on en connaisse vraiment la cause.
Si on a tendance à travailler plus et « mieux » chez soi, le droit à la déconnexion est souvent bafoué. Si certains managers prennent le pli et se rendent compte des avantages d’un tel mode de travail, d’autres confondent télétravail et flexibilité ou, flippés que leurs équipes ne se relâchent trop à la maison, ils et elles les contrôlent davantage jusqu’à l’intrusion. Ça donne des SMS pros envoyés à 22h ou des réunions calées le week-end…
Au Portugal, c’est aussi ce qu’il se passe. Mais du côté de la péninsule ibérique, le gouvernement a pris les choses en main en passant plusieurs lois pour « offrir aux travailleurs un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée » et « attirer les nomades numériques dans le pays. »
Le droit à la déconnexion des Portugais, pris au sérieux ?
En France, le droit à la déconnexion est bien inscrit dans la loi, mais les entreprises qui ne le respectent pas ne risquent pas grand-chose… Résultat, bien des télétravailleurs et télétravailleuses sont surexploités et épuisés — selon une étude menée en mars 2020 par la société de bureaux flexibles Deskeo, 32% des personnes sondées à l’époque disaient travailler davantage depuis qu’elles bossaient chez elles.
Début novembre 2021, le Parlement portugais a flairé le loup et a adopté des mesures dans le cadre d’une série de lois destinées à aider les travailleurs et travailleuses à distance. Ana Mendes Godinho, la ministre portugaise du travail et de la sécurité sociale, a déclaré lors du Web Summit qui a eu lieu à Lisbonne la semaine dernière :
« La pandémie a accéléré la nécessité de réglementer ce qui doit l’être, notamment le télétravail. [Cette loi] est une étape importante. La pandémie a montré que nous devons avoir des limites. »
Pourtant, étonnamment, la proposition qui visait à inclure le droit à la déconnexion à la loi a été rejetée…
Quelles sanctions pour les entreprises portugaises envahissantes ?
Désormais, les employeurs portugais peuvent être pénalisés et contraints de payer une amende (dont la somme semble encore inconnue) s’ils ou elles contactent leurs employés après les heures de travail.
Ils et elles seront également obligés de payer les dépenses supplémentaires liées au travail à domicile, comme les factures de gaz et d’électricité !
La loi prévoit aussi l‘interdiction pour les employeurs de surveiller leurs salariés lorsqu’ils et elles travaillent à domicile et garantie que ces derniers rencontrent leur patron ou patronne IRL au moins une fois tous les deux mois.
Bonne nouvelle pour les parents de jeunes enfants portugais : les nouvelles mesures prévoient la possibilité pour elles et eux de travailler à la maison sans « avoir à prendre des dispositions préalables avec leur employeur, jusqu’à ce que leur enfant ait huit ans. »
Finis, donc, les e-mails intrusifs envoyés par le ou la boss en plein milieu d’un apéro entre potes ? Elisabeth Borne, prend-en de la graine !
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Crédits photos : Inga Seliverstova et Miriam Alonso (Pexels)
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Les Commentaires
Mais bon dans ma boîte ils sont plutôt l'anté-exemple de la work-life-balance. Ma collègue était absente durant 5 semaines (3 malade, 2 de vacances planifiées) et mes collègues l'ont contactée presque tous les jours parce que beaucoup de sujets étaient encore ouverts et qu'elle était la personne responsable de tout ça. Mais elle m'a fait beaucoup de peine, elle pouvait même pas être malade "en paix" quoi.
Je pense que c'est extrêmement important que ce soit catégorisé comme "illégal", malheureusement de mon expérience c'est compliqué de remplir un rapport "mon chef m'a appelée lors de mon congé pour un truc urgent" parce que quelque part j'aurais l'impression de rompre un lien de confiance. Les heures supp sont également "non autorisées" dans notre contrat de travail et pourtant je ne saurais pas citer une semaine depuis le début de mon contrat où j'ai travaillé exactement 40 heures ou moins.
J'espère en tout cas que ça va se démocratiser et que ça devienne également important aux yeux des RH et de la direction. De toute façon, si les RH s'en foutent, il est peu probable que la majorité se soulève et les menace si ce n'est pas respecté...