À 25 ans, l’acteur Sofiane Bennacer a été mis en examen en octobre pour viols et violences sur plusieurs anciennes compagnes. Il est actuellement à l’affiche des Amandiers, un film sur le monde du théâtre réalisé par Valeria Bruni-Tedeschi, sœur de Carla Bruni.
Alors que Sofiane Bennacer clame son innocence, une enquête de Libération publiée le 24 novembre — en parallèle de celle révélant les accusations à l’encontre de l’acteur — a mis en lumière que Valeria Bruni-Tedeschi connaissait les accusations dont l’acteur faisait l’objet, et cela dès les auditions pour le film.
Les membres de l’équipe du film n’ont pas été entendus
Libération a recueilli la parole d’une trentaine de personnes dont une quinzaine de membres de l’équipe du film. Nombreux sont les témoignages soutenant que « la production et Valeria Bruni-Tedeschi » ont « « protégé » Sofiane Bennacer en connaissance de cause. »
La réalisatrice aurait ainsi maintenu l’omerta tout au long du tournage des Amandiers, évoquant la « présomption d’innocence » à chaque fois qu’il était question de ces accusations. C’était notamment le cas en juillet 2021, lorsque des militantes féministes ont collé des messages sur le théâtre où avait lieu le tournage. On pouvait y lire des messages comme « Production complice » ou encore « Sofiane Bennacer acteur-violeur. » À cette époque, l’acteur était visé par une plainte pour viol depuis six mois. « Le monde extérieur nous voyait d’un coup, alors qu’on avait l’impression d’être enfermés dans ce secret dont il ne fallait pas parler » témoignera une technicienne à Libération à propos de ces collages.
La réalisatrice a toujours défendu la « présomption d’innocence »
Le quotidien rapporte que des professionnels présents sur le plateau ont explicitement dit à Valeria Bruni-Tedeschi qu’elle validait « le fait d’engager des mecs accusés de violences sexuelles », comme l’a relaté une alternante. La réalisatrice aurait à plusieurs reprises réuni l’équipe technique en l’absence de Sofiane Bennacer.
Cette alternante a expliqué : « Valeria a été très claire : elle nous a dit qu’elle était en accord avec son choix, que, pour elle, il n’y avait aucun problème », assurant avoir une « confiance totale envers son casting ». « Elle nous a dit qu’il ne fallait pas que Sofiane sente que l’équipe était au courant ou que ça change nos comportements. » Une autre technicienne témoignera : « Valeria disait que c’était aussi le sauver lui, lui donner une chance et le propulser dans ce milieu, et qu’elle croyait en son talent. »
Libération a plusieurs fois relancé la réalisatrice pour convenir d’une rencontre. Dans un mail adressé au quotidien en mai, la réalisatrice expliquait avoir été « victime de violences dans [s]on enfance » et poursuivait :
« Je connais la souffrance de ne pas être entendue. Mais je ne crois pas que le combat pour les droits des femmes et des plus démunis doive s’accommoder de la violation de la présomption d’innocence. »
Sur le plateau, deux femmes ont démissionné. « Je préfère être au chômage que bosser pour des personnes comme ça » a expliqué l’une d’elles dans les colonnes de Libération.
Pour l’heure, Valeria Bruni-Tedeschi n’a pas donné suite aux demandes de rendez-vous formulées par le quotidien.
À lire aussi : Justice : les victimes de violences sexuelles continuent de payer le prix fort
Crédit de l’image à la Une : © Ad Vitam
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Les Commentaires
Pour le reste de la société, c'est une autre histoire, et chacun fait un peu ce qui veut, la réal comprise. (enfin attention, un média qui le présente comme coupable avant le tribunal et qu'il est finalement déclaré non coupable, pourra se voir obligé d'insérer un encadré précisant cet état de fait, et sera probablement attaqué en justice)
Ca me choque pas tant que ça qu'elle le défende pour elle même, c'est son mec, c'est son problème.
Je peux même concevoir qu'elle ait quand même eu envie de travailler avec lui, notamment si ça collait au personnage qu'elle avait imaginé, le domaine artistique fonctionne souvent sur des frontières floues en matière de moralité (je conçois mais j'approuve pas tant hein). Mais je peux seulement le comprendre si ça n'avait impacté personne d'autre.
Or, en l'occurence, elle l'impose à toute une équipe, notamment à des femmes, juste parce qu'elle avait un coup de foudre artistique (et qu'elle voulait se le faire, probablement), ça me dépasse, ça revient à leur avoir fait courir le risque de se faire agresser, c'est juste à vomir.