C’est une affaire qui indigne. Alors qu’elle y travaillait depuis plus de 30 ans, le 4 avril, une professeure des écoles a été suspendue par sa hiérarchie de son poste d’institutrice de CM1 dans l’école primaire française Honoré-de-Balzac de Kénitra, au nord de Rabat, au Maroc, comme l’a révélé une enquête publiée dans Libération mercredi 24 mai.
La cause de son limogeage ? Depuis fin février, la professeure fait l’objet d’une plainte pour « apologie de l’homosexualité », déposée par deux parents d’élèves. Selon l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger, l’enseignante a été sanctionnée pour « manquements graves dans sa posture professionnelle et ses pratiques pédagogiques ».
Des questions des élèves sur l’homosexualité
En novembre 2022, en pleine coupe du monde de football au Qatar, les élèves doivent étudier un numéro du journal pour enfants Mon Petit Quotidien. Celui-ci est consacré aux critiques faites à l’encontre du Mondial, notamment sur les droits humains. L’élève chargé de faire l’exposé est le fils de l’une des plaignantes. Lorsque la question des droits LGBTQI+ arrive, il refuse de prononcer le mot « homosexualité » rapporte Libération. Ce qui aurait attisé la curiosité des élèves, et aurait poussé l’institutrice à en lire la définition écrite dans le journal.
Une scène rapportée à l’administration de l’école, à laquelle elle n’a pas donné suite. Mais l’homosexualité est à nouveau brièvement évoquée en classe début janvier 2023, lorsque les enfants travaillent sur l’ouvrage Barbe Bleue. Une discussion sur les sept péchés de l’islam ayant été ouverte après la question d’un élève, la professeure fait des recherches sur Internet à ce propos. Une image de deux hommes qui s’embrassent apparaît. L’institutrice a immédiatement refermé l’image.
« L’apologie de l’homosexualité » sévèrement punie
C’est ainsi que deux parents d’élèves ont prévenu la direction, et ont porté plainte à l’encontre de l’enseignante pour « apologie de l’homosexualité ». Une accusation grave au Maroc, l’homosexualité étant criminalisée et passible de trois ans d’emprisonnement. « L’apologie de l’homosexualité », elle, considérée comme une atteinte religieuse, est encore plus sévèrement punie, avec des peines allant de trois à cinq ans de prison.
Néanmoins, la majorité des autres parents d’élèves de la classe ainsi que de nombreux anciens élèves et de parents soutiennent l’enseignante, qui est un emblème de l’école, car elle y officie depuis plusieurs décentes. Ils dénoncent l’injustice de sa suspension, et demandent sa réintégration.
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
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