Avant de te rencontrer, je m’ennuyais.
Alors au lieu d’aller vivre les aventures qui me faisaient envie, je t’ai choisi. Ça allait être toi mon aventure. Je ne l’ai pas fait très subtilement, mais tu as trouvé ça charmant, tu as même dit que je t’avais approché avec « style et enthousiasme ».
Tu m’as suivie, tu m’as aimée et moi je n’en revenais pas de la chance que j’avais d’être aimée par toi.
Avec toi, je ne m’ennuierais jamais, c’était sûr.
Je buvais tes paroles quand tu me racontais tes voyages, et parfois je disais : « Tu m’emmèneras ? »
Tu disais : « Oui on ira mais tu n’as pas besoin de moi pour y aller. » Tu m’encourageais, mais j’avais trop peur d’y aller seule et c’est pour ça que mon aventure, c’était toi. C’était une aventure douce, safe, grisante mais confortablement installée au creux de tes bras.
Parfois, je sentais que ton cerveau buguait car j’avais fait semblant d’être libre et indépendante, et tu découvrais mes fragilités. Mais en vrai, ça t’attendrissait, ça te faisait sentir utile, protecteur, alors tu redoublais de douceur et d’attentions et je me demandais comment j’avais autant de chance. J’imaginais qu’il y avait un Dieu, parfois une Déesse, et je lui disais : « merci, merci, merci ».
Les années sont passées, on s’est posés, on a parlé bébé et on a même passé un dimanche après-midi à parler réduction d’impôts. Moi, je pensais « kill me now ». Je te regardais et je voyais bien que tu rêvais d’un après-midi avec un peu plus de bières et beaucoup plus de vagues, mais tu restais dans ton rôle, tu posais des questions, histoire de.
L’excitation du début est retombée et l’aventure n’en était plus une. Je me suis ennuyée à nouveau, et je me suis éteinte aussi. J’avais un peu moins envie de tout. Moins envie de sortir, moins envie de découvrir, moins envie de toi, moins envie de plage, moins envie de sel sur ma peau.
Sushis, Netflix et plaid. Après tout, on n’était pas bien ? N’est-ce pas ce que les couples font de toute façon ?
Tu me reprochais mon manque d’envie alors j’essayais de redevenir comme avant, celle que tu appelais « carefree », celle qui riait tout le temps, pas forcément parce que c’était drôle, mais parce qu’être avec toi était la meilleure chose au monde.
On a acheté un van pour partir à l’aventure, mais l’aventure n’est jamais revenue. J’étais frustrée et éteinte, mais je me disais que sans toi ce serait pire.
Mon identité, c’était d’être ta meuf et j’en étais fière.
Je ne pouvais pas te quitter alors c’est toi qui l’a fait. Tu n’as pas attendu avec moi dehors, tu m’as dit que ça ne servait à rien, tu nous trouvais pathétiques avec nos larmes au milieu de la rue. Alors tu m’as laissée et moi je ne me suis jamais sentie aussi seule qu’à ce moment précis, ma vie empaquetée dans 3 valises.
Depuis j’apprends la solitude et la liberté, c’est parfois fun, parfois triste, parfois vertigineux, parfois WTF et parfois quand même assez drôle. Je me suis rallumée, j’avance doucement, sans savoir très bien où je vais mais je n’ai plus de rancœur, seulement de la tendresse.
Dans Ce que j’aurais dû dire à mon ex, des auditrices expriment au micro de Madmoizelle tout ce qu’elles rêvent de dire à leur ex-moitié.
À travers chaque histoire se dessine en creux la violence du patriarcat dans l’intime et ses paradoxes. Pour participer au podcast, contactez-nous à l’adresse [email protected]
Ce que j’aurais dû dire à mon ex est un podcast de Madmoizelle écrit et présenté par Aïda Djoupa. Réalisation, générique et édition : Mathis Grosos. Visuel : Audrey Godefroy.
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Les Commentaires
Belle suite de vie à la Madz, sentir que l'on revit doucement c'est une belle sensation