Mercedes, Eleonora, Nathalie et Roselène sont sages-femmes. Elles travaillent à Bourgoin-Jallieu, dans l’Isère. Là, une vingtaine de sages-femmes réalisent dans la maternité de la ville 1400 accouchements par an, ainsi que des IVG. Audrey Gloaguen, la réalisatrice de ce documentaire a filmé le quotidien de ces femmes avec finesse.
Un étage sous le service maternité, une maison de naissance a été créée. Elle ressemble à un petit appartement tout à fait sympathique. Des accouchements personnalisés et sans péridurale sont proposés. Deux endroits très différents avec des maïeuticiennes qui ont toutes une volonté farouche d’aider les autres, de faire au mieux avec les maigres moyens dont elles disposent.
Un documentaire tout en nuances
Ce film débute fort en émotions, avec des accouchements, des cris, des soupirs. On assiste durant un peu plus d’une heure aux accouchements de plusieurs femmes ainsi qu’à leur suivi pré et post-natal.
Deux lieux sont filmés par la réalisatrice : un service maternité en milieu hospitalier et une maison de naissance, un étage plus bas. Mais Audrey Gloaguen dit ne pas avoir voulu opposer ces deux lieux, ne pas exprimer de préférence entre les deux types de suivi :
« J’ai choisi de faire les portraits de deux, trois sages-femmes en maternité, et deux sages-femmes en maison de naissance. Mais je ne voulais pas opposer un modèle à l’autre. À mon sens, le plus important, c’est de montrer que les femmes en France doivent pouvoir accoucher où elles le veulent.
Je ne voulais pas faire de la maison de naissance le « modèle rêvé » : il y a des femmes que ça n’intéresse pas, qui sont bien plus rassurées d’être dans une maternité. Laissez les femmes accoucher comme elles le veulent ! »
Les femmes devraient pouvoir avoir le choix.
Deux salles, deux ambiances
Une sage-femme le dit, en maison de naissance, c’est comme à la maison mais avec la proximité de l’hôpital. Le côté intime rassure certaines personnes. Les sages-femmes ont plus de temps pour accompagner les parturientes, elles ont la possibilité de respecter leur projet de naissance, d’être à leur écoute. Douze nouvelles maisons de naissance verront le jour en 2022 et c’est une bonne nouvelle.
Mais comme cela est dit par une sage-femme, certains accouchements ont besoin d’être médicalisés pour bien se dérouler. Elle estime, selon son expérience, que deux accouchements sur dix nécessiteraient le recours à la médecine. Cela rassure donc certaines femmes d’être en milieu hospitalier.
Et la péridurale ?
La question de la péridurale est abordée à plusieurs reprises, grâce aux parcours des femmes suivies. On voit différents cas de figure, des péridurales finalement demandées alors qu’elles n’étaient pas souhaitées au départ, après 24 heures de travail, et un épuisement physique pas tenable pour le dernier effort et pas des moindres !
D’autres femmes encore présentes dans le documentaire vivent leur accouchement sans péridurale, comme elles l’avaient souhaité et en sont très heureuses (même si bien sûr ce n’est pas qu’une partie de plaisir sur le moment).
Si on ne veut pas de péridurale, si on ne veut pas souffrir, cela se comprend tout à fait aussi. On l’oublie parfois mais en dehors du temps gagné pour les sages-femmes, c’est quand même une sacrée avancée aussi pour les femmes de pouvoir y avoir recours.
L’anesthésiste dans le documentaire qui se réjouit quand les femmes « craquent » pour la péridurale ne pense sans doute pas à mal. En effet poser des péridurales fait partie de son métier et il aime qu‘on fasse appel à lui, certes… Mais c’est tout de même révélateur de l’état d’esprit du monde hospitalier, assez réfractaire aux accouchements physiologiques.
Les sages-femmes en première ligne
Elles sont le reflet de la condition féminine et le moins que l’on puisse dire c’est qu’elles ne sont pas bien traitées en France. Elles sont en première ligne dans plein de domaines, ont d’importantes responsabilités sur les épaules mais peu de considération.
Elles font un travail énorme, dans l’ombre, trop souvent déconsidéré. Une sage-femme l’explique dans le documentaire :
« On considère que ce n’est pas aussi glorieux que ce que peuvent faire d’autres services de l’hôpital. Ben non, bon sang ! »
Elles font un travail primordial à plein de niveaux, du suivi gynécologique, des IVG, du suivi pré et post-natal, des accouchements, et tant d’autres choses, tout ça avec beaucoup de pression, peu de rémunération et de considération. Le documentaire s’achève sur cette information :
« À l’hôpital, une sage-femme gagne en moyenne 1 700 euros nets en début de carrière. »
Après les diverses grèves en fin d’année 2021, Emmanuel Macron avait annoncé une revalorisation des salaires de 500 euros pour les sages-femmes dans le milieu hospitalier mais quid des sages-femmes libérales et des conditions de travail éreintantes qui ne permettent pas d’accompagner les personnes qui mettent des enfants au monde comme il le faudrait ?
Crédit photo de Une : © Audrey Gloaguen/France 2
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