Ce mardi 7 décembre, le rapport de 228 pages du Laboratoire sur les inégalités mondiales (le World Inequality Lab, fondé par l’économiste Thomas Piketty) a été publié, dévoilant son état des lieux face à la crise sanitaire.
Mené par une centaine d’économistes du monde entier, le rapport serait « l’étude la plus fouillée à ce jour dans plus de cent pays, bâtie à partir de multiples sources, dont les données issues des comptabilités nationales et les données fiscales. »
Des données qui prennent en compte tout un tas de disparités : patrimoine, revenus, genre ou encore émissions de carbone !
Focus sur deux données du rapport, à propos des personnes qui douillent le plus en terme d’inégalités salariales et celles qui portent le bonnet d’âne en matière de pollution. Les résultats vont vous surprendre… (pas du tout).
Les femmes gagnent toujours moins
C’est la première fois qu’un rapport fournit des estimations sur l’inégalité salariale mondiale par genre.
Résultats ? On est encore bien loin de la parité rêvée. Et encore plus loin de l’équilibre salarial ! En fouillant du côté des écarts de revenus, les économistes du rapport en ont déduit qu’en moyenne, sur tous les continents, les femmes ne touchent que 35% des revenus du travail mondiaux. C’est-à-dire pas bien plus qu’en 1990…
Rien n’aurait bougé depuis 30 ans, donc ? Super.
D’après Le Monde, le rapport montre tout de même qu’une progression a eu lieu du côté de l’Europe de l’Ouest, « passant de 31,4 % à 38 % ». Hourra. En Chine, en revanche, la proportion des revenus que les femmes touchent a fait une chute, « passant de 38,8 % à 33,6 % ».
Dans tous les cas, le chemin reste long… D’ailleurs, selon un article de CNN à propos du rapport, « au rythme de croissance actuel, il faudra plus d’un siècle pour que les revenus des femmes atteignent la parité avec ceux des hommes. »
Les 10 % les plus riches produisent la moitié des émissions de gaz à effet de serre
Certains ont beau pointer du doigt les pays en voie de développement vers lesquels on délocalise nos industries pour expliquer pourquoi le monde brûle, dans les faits, ce sont les plus riches les coupables.
Sans grande surprise, le rapport montre que la crise n’a pas touché les plus fortunés, au contraire : les riches se sont encore plus enrichis. 2020 a vu le plus fort pic jamais enregistré d’enrichissement des milliardaires, alors qu’en parallèle, « 100 millions de personnes ont sombré dans l’extrême pauvreté. » La crise sanitaire aurait d’ailleurs donné son petit coup de pouce selon le rapport qui indique que « cette augmentation a été exacerbée pendant la pandémie de Covid. »
Selon France 24, Lucas Chancel, co-directeur du laboratoire en charge du rapport et prof à Sciences Po, confiait à l’AFP :
« Après plus de 18 mois de Covid-19, le monde est encore plus polarisé »
Le rapport montre également que les pays qui accumulent le plus de fortunes sont responsables de la grande majorité « des émissions de dioxyde de carbone (CO2). »
Même en prenant chaque pays de manière individuelle, ce sont encore une fois les plus riches qui polluent le plus. Le Monde décrypte les chiffres de l’étude :
« Les principaux émetteurs de la planète sont ainsi les 10 % les plus riches aux Etats-Unis, avec 73 tonnes de CO2 par an, contre 9,7 tonnes par an pour les 50 % les plus pauvres. »
Lucas Chancel expliquait à The Guardian :
« 10% de la population mondiale sont responsables d’environ la moitié de toutes les émissions de gaz à effet de serre, tandis que la moitié inférieure du monde ne contribue qu’à 12% de toutes les émissions. Il ne s’agit pas simplement d’un clivage entre pays riches et pays pauvres : il y a de gros émetteurs dans les pays pauvres et de faibles émetteurs dans les pays riches.
Les riches émettent davantage de carbone par les biens et services qu’ils achètent, ainsi que par les investissements qu’ils réalisent. Les groupes à faible revenu émettent du carbone lorsqu’ils utilisent leur voiture ou chauffent leur maison, mais leurs émissions indirectes — c’est-à-dire les émissions provenant des biens qu’ils achètent et des investissements qu’ils réalisent — sont nettement inférieures à celles des riches. »
Bref, rien d’éminemment surprenant, surtout pour celles et ceux qui proposent depuis des années, en vain, des mesures d’imposition ciblées.
Déprimant, hein ? De rien. Heureusement qu’on a une présidentielle pour changer les choses ! (pleure en électorat de gauche)
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