FX a diffusé les deux premiers épisodes d’Atlanta, la nouvelle série très attendue de Donald Glover (alias Childish Gambino quand il rappe, et Troy quand il joue dans Community). Quelques dizaines de minutes plus tard, me voilà conquise par cette nouveauté atypique !
https://youtu.be/MpEdJ-mmTlY
Atlanta, ça parle de quoi ?
Atlanta, c’est l’histoire de deux cousins.
Earn Marks était promis à un avenir brillant, mais quelque chose a capoté en cours de route. Il est le jeune père d’une petite fille, et séparé de sa mère avec laquelle il vit toujours néanmoins. Son job alimentaire lui permet à peine de survivre. Son quotidien, c’est galère sur galère.
Son cousin, c’est Alfred Miles, alias Paper Boi de son nom de rappeur. Et dans le rap, justement, il commence à percer. Earn lui propose donc d’être son manager, pour mettre du beurre dans les épinards.
Au milieu de tout ça, il y a Darius, le bras droit de Paper Boi, totalement perché mais loin d’être con, à sa façon.
Entre la débrouille, les flics, le racisme et l’univers parfois violent du rap, tout ce petit monde avance comme il peut. Souvent cahin-caha, rarement en solitaire.
Atlanta, l’histoire d’un échec inconnu
Les épisodes d’Atlanta durent 25 mn. Ce format se retrouve d’habitude dans des séries comiques enchaînant les répliques bien senties, au montage rythmé et au schéma assez répétitif (comme Modern Family ou You’re the Worst
, que j’aime par ailleurs beaucoup). Mais pas de ça chez Donald Glover.
Atlanta, c’est d’abord l’histoire d’une dépression, comme une chape de plomb. Earn n’est pas censé être là, ça crève les yeux. On ne sait pas ce qui l’a fait dérailler, quel évènement l’a mené à décrocher pour revenir à Atlanta, dans ces embrouilles, dans cette vie précaire qui l’englue de jour en jour.
Earn est post-échec. Ses espoirs se réduisent au court terme. Il n’en est même pas encore à remonter la pente : il tente de l’atteindre. Et j’espère qu’il y arrivera.
Atlanta et son humour inattendu
Mais pas de panique, on rit aussi dans Atlanta !
Bon là ça se voit pas trop j’avoue
Bien des éléments comiques viennent de Darius, qui plane totalement et a tendance à dire les choses les plus aléatoires aux moments les plus surprenants. Ses interactions avec l’imperturbable Paper Boi et le très blasé Earn sont savoureuses.
Mais l’humour vient aussi de situations absurdes, parfois générées par des éléments pourtant négatifs comme la précarité ou le racisme. Donald Glover maintient son Atlanta sur le fil d’un rasoir où on rit jaune, sans jamais se moquer des personnages en détresse.
Atlanta, poésie sur fond de fracture sociale
Atlanta ne donne pas envie d’aller à Atlanta. Le local de garde-à-vue y est plus peuplé que la salle d’attente d’un dentiste après Pâques. Les personnages sont tous en galère. Les longs trajets en bus, émaillés de personnages absurdes qu’on croirait sortis de Twin Peaks, respirent le danger. Les pistolets miroitent sous les lampadaires des parkings.
Donald Glover n’a pas peur d’aborder, en sous-texte, de nombreuses violences sociétales. La violence policière envers les Afro-Américaines, l’incapacité de la société à traiter les maladies mentales, l’inégalité des chances… tout cela se lit dans Atlanta.
Mais les personnages n’ont pas la solution. Ils n’ont pas d’idéal. Ils sont trop occupés à survivre. Et c’est foutrement réaliste, finalement.
Au final, ces deux épisodes d’Atlanta m’ont surtout donné envie d’en voir plus. D’en savoir plus. De comprendre ce qui a foiré dans la vie d’Earn. Et de voir s’il réussira à s’échapper d’Atlanta.
(Oh et la bande-son est totalement ouf mais c’est tellement peu étonnant que j’ai failli oublier de vous le dire.)
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires
réaliste, cynique, tragique au point que ça en devient comique...
ça fais un bien fou de voir une série de ce genre
Donald glover est vraiment talentueux