Un groupe de plus de 400 athlètes olympiques, professionnels et universitaires, actuels et anciens, plus de 300 universitaires et une centaine de groupes de soutien ont publié mardi des lettres distinctes demandant à la NCAA (National Collegiate Athletic Association, une association sportive américaine organisant les programmes sportifs de nombreuses grandes écoles et universités aux États-Unis pour les élèves-athlètes) de ne pas interdire aux femmes transgenres de participer aux compétitions sportives universitaires féminines. Celles-ci constituent un tremplin essentiel vers les carrières sportives professionnelles et les compétitions, notamment olympiques.
Parmi les signataires, de la lettre, la footballeuse Megan Rapinoe, Championne olympique et double championne du monde.
« Être du bon côté de l’histoire »
« Nous vous demandons d’être du bon côté de l’histoire et d’affirmer que le sport est vraiment pour nous toustes », peut-on lire dans la lettre signée par les athlètes. « N’interdisez pas aux femmes transgenres de participer aux sports féminins de la NCAA ».
Les lettres de mardi s’inscrivent dans le cadre d’un débat plus large, très clivant, qui fait rage aux États-Unis, sur la participation des personnes trans aux activités sportives. Selon un rapport de l’entreprise Gallup, publié en juin dernier, 69 % des personnes interrogées estiment que les athlètes transgenres ne devraient être autorisés à concourir dans des équipes sportives qui ne correspondent pas au sexe qui leur a été assigné à la naissance.
L’argument avancé pour justifier ces discriminations se base sur l’idée reçue que les femmes trans auraient un avantage par rapport aux femmes cisgenres en raison de leur taux de testostérone et réaliseraient d’office de meilleures performances ce qui serait injuste pour les participantes cis. Pourtant, en prenant un traitement hormonal dans le cadre de leur transition, les femmes trans voient de fait leur taux baisser.
Dans un communiqué séparé, relayé par l’association Athlete Ally, Megan Rapinoe a rejeté fermement cet argument transphobe : « les interdictions contre les athlètes transgenres présentées comme “protégeant le sport féminin” ne parlent pas en notre nom et ne font rien pour nous protéger ».
Le cas de Lia Thomas au cœur des débats
Comme le rappelle le média américain NBC, depuis 2010, la NCAA autorise les femmes trans à concourir dans des équipes sportives féminines sous certaines conditions. En 2022, l’association a annoncé qu’elle mettrait en œuvre une nouvelle approche « sport par sport ». Les directives actuelles, comme celles de 2010, exigent que les femmes trans subissent au moins une année de suppression de testostérone. Elles laissent en revanche la liberté à chaque instance sportive décisionnaire de définir en détail le règlement pour sa discipline.
Ces évolutions ont fait criser les réactionnaires, notamment en 2022 lorsque la nageuse Lia Thomas, est devenue la première femme trans à remporter un titre universitaire. Son exemple victorieux a été brandi pour appuyer l’idée que les femmes trans représenteraient une menace pour les femmes (cis) dans le sport, et ainsi organiser progressivement des restrictions.
Le mois dernier, plus d’une douzaine de nageuses et de volleyeuses universitaires ont justement intenté un procès à la NCAA, arguant que l’organisme sportif avait violé leurs droits prévus par le titre IX (un amendement voté en 1972, qui interdit toute discrimination sur la base du sexe dans les programmes d’éducation soutenus par l’État) en autorisant Lia Thomas à participer aux championnats nationaux de natation féminine en 2022.
Des législateurs conservateurs de tout le pays se sont aussi mêlés au débat, complète NBC. Selon le groupe de réflexion LGBTQ Movement Advancement Project, deux douzaines d’États interdisent désormais aux élèves transgenres de participer aux sports scolaires correspondant à leur identité de genre. Si l’administration Biden a publié vendredi dernier une version révisée sur du titre IX, précisant que la loi fédérale de 1972 interdit la discrimination anti-LGBTQ dans les écoles, la situation reste extrêmement fragile pour les athlètes trans. Le gouvernement avait initialement prévu d’inclure une politique interdisant aux écoles de promulguer des interdictions générales pour les athlètes transgenres, et y a renoncé face aux pressions adverses.
Hors des frontières, la question fait aussi débat. En mars 2023, la Fédération internationale d’athlétisme a par exemple annoncé exclure les athlètes transgenres des compétitions féminines.
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Les Commentaires
Ado, j’ai eu une prof de sport très chouette qui me faisait faire du sport avec les garçons (dans mon collège, en EPS, les filles et les garçons n’étaient pas mélangé.es) car pratiquant en-dehors du cadre scolaire différentes activités sportives, j’étais plus développée que la plupart des autres filles au niveau musculaire et du cardio (les autres filles n’avaient jamais fait de sport de leur vie hors exercices physiques à l’école primaire ; je n’étais pas ‘naturellement plus forte’ : je faisais du tennis, de l’équitation, du vélo… le tout au moins une fois par semaine, elles non). J’étais également plus performante que certains mecs. Je n’ai jamais pu la remercier ! Pourtant ça m’a permis de maintenir mon niveau de l’époque et d’avoir des adversaires qui me challengeaient. Des amies m’ont rejointe plus tard (elles avaient des dispositions et notre prof les avait entraînées sérieusement dans différentes disciplines au cours de l’année) et on a surkiffé.
Big Up ! à mon prof d’école primaire qui faisait jouer un camarade trans (non « outé », mais tout le monde savait ce que vivait cette jeune personne : elle répétait qu’elle n’était pas une fille et qu’il fallait arrêter de la genrer au féminin) qui excellait en football avec les garçons cisgenres (c’était une mesure exceptionnelle ; là encore, à l’époque le foot était réservé au genre masculin).