« If you go to San Francisco, be sure to wear some flowers in your hair » : si tu vas à San Francisco, sois sûre d’avoir des fleurs dans tes cheveux. C’est LE conseil de voyage signé Scott McKenzie, que te chantent tous les gens un peu mélomanes avant que tu partes dans la cité aux mille collines.
Sauf que dans la vraie vie, les San Franciscains n’ont pas des tulipes qui leur poussent sur le crâne chevelu. Allez viens, je t’emmène, en balade.
Sur le pont, on y danse, on y danse
En France, on a Avignon, aux États-Unis, ils ont le Golden Gate Bridge. Le pont rouge suspendu de San Francisco est sans doute un des objets d’architecture les plus connus au monde, plus « famous » que David Guetta lui-même.
Il relie le nord de la ville à Sausalito, une petite bourgade sur l’autre rive qui est un peu le Saint Tropez du coin. Le pont a trois atouts pour lui. C’est une prouesse technique par rapports aux séismes réguliers dans la baie, un spot parfait pour regarder les couchers de soleil ET il est extrêmement photogénique.
Mais si tu penses pouvoir t’y promener les cheveux au vent et crier que tu es la reine du monde comme Leonardo DiCaprio avant sa puberté, détrompe-toi. Le Golden Gate Bridge est long, très long, et il se traverse plutôt à vélo qu’à pieds. Et surtout, il comporte six voies automobiles, ce qui signifie six fois le bruit des moteurs qui démarrent et les fumets des pots d’échappement.
La classe ultime est donc de le traverser en voiture, mais pour une raison étrange à base de gros sous, il faut payer un péage chaque fois que tu rentres dans la ville. Pour sortir, c’est gratuit. Mais qui veut sortir ?
Coquillages et crustacés à Pier 39
Première étape réservée aux touristes, le quartier de Fisherman’s Wharf, « le quai des pêcheurs », et plus précisément le quai Pier 39. À mon goût, c’est un peu au bord de mer ce que Walt Disney est aux rêves de ton enfance : un truc en carton-pâte qui clignote de tous les côtés mais fait un peu cheap.
Sur le Pier 39, il y a un aquarium, un Hard Rock Café et beaucoup de boutiques où dépenser ton argent. Tu peux manger tous les trucs gras possibles et imaginables, acheter des cartes postales à paillettes et des tas de souvenirs kitsch pour ta grand-tante qui n’a jamais quitté Sucy-en-Brie. Tu peux aussi y observer les lions de mer se coller de grandes baffes dans la gueule. D’ailleurs, on les sent souvent avant de les voir, parce que leur coin refoule terriblement de la moule.
Comme sur tout bord de mer qui se respecte, on mange à Fisherman’s Wharf des crustacés venus en direct de la mer. Les crabes bouillissent dans de grandes marmites sur le bord du trottoir.
Même si tu n’aimes pas les trucs flasques, sache que le plat typique du quartier, le clam chowder, est une tuerie pour les papilles. C’est une soupe à base de palourdes mélangée avec des patates, du lait, et de la crème, qu’on te sert dans une boule de pain. Je pleure de la salive rien qu’en y repensant.
Un tramway nommé cable car
Pour rejoindre le reste de la ville, il est possible de prendre le métro qui porte le doux nom de MUNI. Une autre option consiste à emprunter le cable car, un reste de l’ancien réseau de tramway qui ne comporte plus que trois lignes. Du coup, il fonctionne à l’ancienne. Comme son nom l’indique, il est actionné par un simple câble, qui se balade sous la route. Il descend gaiement (et lentement) les collines, et s’arrête lorsque le conducteur balance un grand coup de frein.
Pour le transport, tu as deux options : t’entasser dans le wagon avec les papis et mamies qui ont froid, ou rester debout et t’accrocher aux poteaux extérieurs pour te laisser griser par le grand air et les effluves de poissons. Ce choix est bien sûr le plus fun. Cela dit, après 3 mois, je me demande toujours comment les gens font pour ne pas tomber quand le cable car secoue son boule dans les virages.
Si tu es branchée pantoufle et charentaise, il est aussi possible de visiter le musée du cable car pour voir l’une des grosses roues originelles.
Les hippies, c’est fini
Point historique : San Francisco a été le berceau du développement de la Beat Generation, le courant littéraire et artistique de Jack Kerouac. Mais aussi du mouvement hippie, cette douce idéologie des années 1960-70 où tout n’était qu’amour, fleurs et fumettes, ou presque.
La légende veut que les derniers représentants de l’espèce résident à Sausalito, mais je ne les ai jamais trouvés. À la place, j’ai crapahuté dans Haight-Ashbury, qui est l’ancien quartier hippie de la ville.
Actuellement, Haight-Ashbury n’a plus tellement à voir avec la contre-culture mais est devenu un paradis pour hipsters. Les maisons plus flashy que la moyenne, le magazin de la Cannabis Company et des graffs de Bob Marley rappellent qu’un jour, ce quartier a été le temple du mouvement peace and love.
Même si j’ai adoré Haight-Ashbury, il faut admettre que la rue principale a tout du centre commercial en plein air pour bobos branchouilles (dans lesquels je m’inclue). Tu y trouves des magasins de musique avec tous les vinyles du monde, des boutiques de souvenirs avec des t-shirts tie and dye, des tonnes de friperies plus ou moins abordables et une échoppe de taxidermie foutrement drôle. Si tu veux voir des gens au look bien barré ou te montrer, c’est là qu’il faut aller.
« C’est une maison bleue…
Dans les années 1990, la voix de Maxime Le Forestier a peut-être bercé ton enfance. Si tu as demandé à ta mère où étaient Lisette, Luc et Silvia, sache que la maison bleue de la chanson existe vraiment.
Elle est placée dans le Castro, le quartier gay de San Francisco, et une petite plaque y est apposée au cas où tu lirais ton Routard avec les paupières collées comme 99% des touristes français.
Blague à part, même si j’ai versé ma petite larme, la maison bleue est l’une des plus belles farces de San Francisco. Le chanteur y a bien séjourné quelques temps en 1971. Mais pendant longtemps, elle a été verte. Je te laisse imaginer la défaite pour les défenseurs de la chanson française : certains sont allés jusqu’à créer un mouvement et contacter le chanteur pour que la maison soit repeinte en bleue, ce qui a été fait en 2011.
Mais surtout, la maison n’a aucun intérêt en elle-même. Il y a des millions et des millions de bâtisses victoriennes sublimes dans le quartier de Castro et dans la ville elle-même, bichonnées avec amour et fleurettes par leurs propriétaires. Seuls les frenchies, ces gens chelous, viennent en pèlerinage devant celle-là en l’honneur d’un ex-hippie à moitié chauve (ça m’empêche pas de l’adorer, Maxime).
…Accrochée à la colline »
Voilà enfin un mythe qui n’en est pas un : San Francisco n’est pas située sur une butte, mais tout plein de collines. Que tu sois en voiture ou à petons, ça monte sec, puis ça descend soudainement comme une piste de ski.
Si tu n’es pas sportive, la ville a donc ce pouvoir magique de te faire un fessier de déesse en trois mois. Si toutefois tu arrives à bannir les M&Ms au beurre de cacahuète de ton régime alimentaire, ce qui, je peux te l’assurer, est inconcevable. J’y ai également fait le deuil des talons de Richard et Rita, mes chaussures neuves achetées avant de partir.
Mais la grimpette des collines vaut vraiment le coup, parce que tu ne sais jamais ce qu’il peut y avoir derrière, même s’il vaut mieux la faire en voiture. Tu ne sais jamais non plus quand la colline va s’arrêter, mais ça a son charme.
Certains points comme Twin Peaks et la Coit Tower (non, ce nom ne semble rien signifier dans la tête des américains) t’offrent donc des points de vues qui filent le vertige. Il y a même moyen de se faire des attractions gratos : le bus 37, qui relie Castro et Haight-Ashbury, est le meilleur parcours de montagnes russes que j’ai jamais fait.
Les portes du pénitencier, je n’ai pas pu les visiter
Parmi les incontournables de San Francisco se trouve aussi la célèbre prison d’Alcatraz. Comme le but n’était pas que les mecs incarcérés aillent se balader sur le port, elle est placée sur une île. La seule façon d’y accéder est un ferry qui passe à peu près toutes les heures.
Fab y est allé, et il a pris cette photo
Celui-ci est tellement pris d’assaut par les visiteurs qu’il vaut mieux réserver ton trajet une semaine à l’avance, ce que je n’ai évidemment pas fait. Du coup, je n’ai pas grand chose de croustillant à te raconter sur Alcatraz, si ce n’est qu’on y enferme plus personne depuis longtemps à part les mouches, et que la prison a été reconvertie en musée.
Malgré tous ces clichés, je ne suis pas la touriste que vous croyez. À San Francisco, le meilleur moyen de visiter la ville est encore de se paumer et de tourner en rond, ce que j’ai fait plus ou moins contre mon plein gré. Pour me faire pardonner mes problèmes de GPS, la semaine prochaine, je vous causerai fiesta et paillettes.
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
Et j'ai les billets pour Alcatraz